2023-A-Mc 2, 13-17- samedi de la première semaine du temps ORDINAIRE- le jour au fond du jour
Année A : samedi de la 1ersemaine du temps ORDINAIRE (litao01s.23).
Mc 2, 13-17 ; He 4, 12-16 : Le jour au fond du jour.
J’ouvre ce temps ordinaire par ces mots d’une poétesse qui orienteront nos regards durant les prochaines semaines. La lueur cachée au cœur du plus profond désespoir est encore Lumière. Il s’agit dans le noir de distinguer l’Étoile. Sœur Emmanuelle aimait dire que Jésus a entrepris cette tâche colossale de fendre le cœur de l’homme pour y trouver le Soleil.
Ces mots révolutionnaires indiquent ce que sera l’axe pivot de tout l’agir de Jésus. L’activité première de Jésus que confirme l’appel de Lévi, est de fendre le cœur de l’homme pour y trouver le Soleil, pour susciter des germes d’une humanité nouvelle en se souciant des pauvres et des laissés pour compte. Tout homme, même celui qui est tombé si bas qu'il ne voit plus le ciel, peut trouver la main de Dieu à laquelle s'accrocher et sortir des ténèbres pour voir la lumière pour laquelle il a été créé (Benoit XV1, homélie, Épiphanie- 2008).
L’appel crée un mouvement qui met en marche Lévi qui voit une lueur cachée au profond de son désespoir, se transformer en lumière. Ce mouvement, Jésus le fait retentir tout au long de ses rencontres en dialoguant avec toute sorte de monde. On recherche Jésus pour sa capacité, et je cite la poétesse, de voir le jour au fond du jour qui sauvera le jour.
Jésus passe sa vie parmi les rejetés. Ce fut son premier ministère. Il prend plaisir à reconnaître les besoins profonds de ceux qu’il rencontre. Il s’est donné comme vocation le métier des liens au sein duquel la voix de Dieu résonne et se fait entendre[1]. Sans aucune pression de sa part, sans aucune forme de manipulation pour susciter leur réponse, Jésus invite les gens à changer leur comportement auto centrique, leur regard auto centrique, pour le métier des liens qui sera toujours perçu comme un signe de contradiction (cf. Lc 2, 34).
En appelant Lévi, Jésus ne piétine pas l’homme qu’il est. Il n’agit pas à sa place. Il le rend capable d’agir de manière nouvelle. Dieu nous a créés sans, dit Saint-Augustin, mais ne veut pas nous sauver sans nous.
Jésus s’est fait chair non pour nous dire de belles paroles sur la souffrance visible ou invisible qu’il rencontre. Il voit la lueur cachée pour la transformer en lumière. Avec lui, nous ne sommes plus solitaires, mais solidaires (Leonardo Boff). Cela change tout.
Peu importe ce que nous sommes et d’où nous venons, peu importe qui nous aimons et comment nous gagnons notre vie, l’appel sera toujours une renaissance vécue comme une sortie de soi, un enthousiasme étonnant pour vivre le métier des liens.
Ce message de Marc relevant Lévi, ouvrant son évangile, est à réentendre souvent. Les pierres rejetées, considérées comme impropres à faire partie de l'architecture, sont appelées à être les pierres les plus importantes dans son projet toujours révolutionnaire. Les pierres rejetées font d’excellentes pierres angulaires. Jésus n'a jamais eu peur de toucher le lépreux, de s’asseoir aux tables des exclus, d’écouter l'étranger. Il n'a jamais ignoré les personnes irrégulières d'aucune sorte. Il a vite compris que le premier besoin qu’il y a en l’homme (cf. Jn 2, 25), c’est d’être respecté.
Laissons-nous interpeller par ce Jésus qui exerce à notre endroit le métier des liens pour ensuite en vivre comme notre contribution à la promotion du rêve-royaume de Jésus. Près de lui, il y a une place pour tous, pour chacun de nous. Non pas parce que nous sommes à la hauteur de son appel, mais parce qu’il voit la lumière cachée dans nos regards. Le Seigneur, dit un psaume, est proche de ceux qui ont le cœur brisé. AMEN.