Ajouter un commentaire

Année A : mercredi du temps de Noël (litan01me.23)  

Jn 1, 35-42 ; 1 Jn 3, 7-10 : une éternelle question.  

Jésus se retourne et pose une question. Que cherchez-vous ? C’est la première parole de Jésus dans l’Évangile de Jean. Cette parole agira comme la toile de fond de toute expérience contemplative. Pas une réponse, pas une affirmation dogmatique, pas un cours de théologie ou un article de catéchisme, ni un précepte moral. Non : une question. C’est la seule question qui vaille, la seule question essentielle que nous nous posons toutes et tous, tout au long de notre vie.

Jean-Baptiste a reconnu l’Agneau de Dieu (Jn 1, 35) qui passait. Il en informe ses propres disciples qui n’ont certainement pas compris grand-chose tant l’expression était plutôt mystérieuse. Personne, sauf Jean, engendré pour préparer le chemin de Seigneur, ne connaissait Jésus.

En posant cette question en ouverture de son Évangile et en ne mettant pas une réponse dans la bouche de Jésus, Jean donne une précieuse indication sur ce que sera la vie de tout disciple : questionnement, recherche toujours provisoire, toujours à dépasser, tâtonnement, mise en route, exode, perpétuelle sortie de certitudes, d’affirmations qui enferment Dieu jusqu’à l’étouffer, parce que Dieu nul ne l’a jamais vu.

Nada, nada, je ne sais rien, disent les plus grands mystiques, comme Jean de la Croix ou Thérèse d’Avila après une vie entière de prière et de recherche. 

Ce qui étonne aussi, c’est que les disciples ne semblent pas attendre de réponse. Ils posent à leur tour une question maître, où demeures-tu ? Jésus ne leur donne pas son adresse ni sa position GPS sur la carte. Le venez et vous verrez n’est pas une réponse. C’est un chemin qui unit la terre et le ciel, qui conduit vers un je-ne-sais-quoi qui se trouve par aventure (Jean de la Croix).  

Jésus est venu nous libérer du pouvoir des réponses. Il est venu nous libérer de nos bonnes réponses, nous libérer des murs, des frontières culturelles, religieuses, géographiques, historiques, politiques. Et le plus difficile, c'est de dépasser les frontières qui sont en nous. Venez et voyez, c’est un chemin qui nous bascule dans un monde nouveau. A vin nouveau, outres neuves.

Venez et voyez. Le chemin n’appartient pas simplement aux églises. Il appartient à l'humanité. Venez et voyez que Jésus appartient à tout le monde, au tout-venant. Venez et voyez qu’il ne s’intéresse pas à savoir si les gens sont de bons pratiquants, s’ils détiennent une position pôle dans la hiérarchie. Humain, Jésus s’adresse à des êtres humains. Il n’essaie pas de mettre la main sur les gens. De les retenir à sa suite. Ce qu’a vu André l’a tellement bouleversé qu’il l’a présenté à Simon. Nous avons trouvé le Messie.

André et par la suite les autres apôtres ont vu de leurs yeux que la priorité de Jésus est de respecter la dignité de chaque personne, de créer des liens, de faire surgir la vie des profondeurs. Ils ont vu que leur « nouveau » maître élargissait l’espace de sa tente (cf. Is 54,2) en ne s’enfermant pas dans la défense des prescriptions du sabbat, dans le on a toujours fait comme ça, si souvent mentionné par le pape François. Pour eux, jamais personne autant que lui n’a fait prédominer dans sa vie l’intérêt de l’humanité sur les siens (Ernest Renan 1823-1892). Ce que nous avons vu de nos yeux, nous vous l’annonçons.

Cette question inaugurale de Jésus chez saint Jean, que cherchez-vous, ne doit jamais s’éteindre en nous. C’est une question qui est chemin où demeurer. Il faut du temps pour comprendre, de l'intelligence pour trouver le chemin et du courage pour aller de l'avant, rester en mode recherche de Dieu. Qu’il est facile d’être des chrétiens « marche-arriériste », qui marchent en arrière, des chrétiens assis sur une rigidité qui empêche d’avancer au large. Ne taisons pas cette question que sera dans les prochaines semaines comme la toile de fond pour une Église en mode synodale. AMEN.