2022-A-Lc 1, 39-45 -mercredi de la 4e semaine de l'AVENT- bouillonnement
Année A – mercredi de la 4e semaine AVENT (Litaa04me.22)
Lc 1, 39-45 : une vie bouillonnement.
Dans la vie, tout commence par un bouillonnement intérieur. Une rencontre anodine, une participation à un groupe de prière, un sourire que m’offre un étranger, un petit détour comme Marie vers sa cousine, cela engendre souvent une grande transformation. Peut-être que le chemin le plus direct vers Dieu passe par des petits détours que nous ne comprenons pas toujours !
Bouillonnement, ce mot nous plonge au cœur de la rencontre « réussie » de Marie avec sa cousine Élisabeth. Ce qui se passe entre ses deux femmes est inouï. Deux personnes se regardent avec une immense intensité. Leur regard, véritable bouillonnement intérieur, fut pour chacune d’elles une sorte de résurrection. Il faut souvent écouter ce que nous disent les autres pour y entendre les mots d’un Autre pour nous. Cette rencontre nous fait admirer que c’est au milieu de notre quotidien que se produisent de grandes merveilles.
Dans notre vie, dans notre vie ordinaire, tout commence aussi par un bouillonnement. Il en fut ainsi pour Abraham saluant des invités et les accueillant. Pour Moïse devant le buisson ardent. Je vais faire un détour (Ex 3, 1-6). Pour Marie qui devant les réactions d’Élisabeth compris qu’elle est devenue l’arche d’alliance. François de Sales dit que Dieu nous attire par manière d’allèchement.
Le secret pour vivre ce bouillonnement est de se lever et de partir, de ne pas rester immobile en se plaignant de nos malheurs, en refusant de gaspiller sa vie à rechercher le confort ou la dernière mode, en s’évitant la tentation d’être esclave de son cellulaire. Sortir de notre petit monde pour tendre la main à ceux qui en ont besoin.
La sortie de Marie a changé Élisabeth. Élisabeth a plongé Marie sur un chemin inattendu. En sortant, Marie a compris ce que sera sa vie. Sa sortie a donné de la profondeur à l’annonce de l’Ange.
Ce bouillonnement de Marie et d’Élisabeth, nous sommes invités à le vivre pour embrasser autour de nous des cœurs blessés. Notre époque connait beaucoup de bouillonnement, souvent éphémère et vite remplacé par quelque chose d’autre. Nous manquons d’un bouillonnement durable. Nous vivons une famine planétaire de rencontres vraies. À nous, de bouillonner de joie et nous ferons Noël dans les cœurs.
Nous pourrions penser que ce bouillonnement exige de beaucoup réfléchir, beaucoup méditer. C’est nécessaire, mais ce serait faire du surplace si nous oublions deux petits verbes souvent prononcés par Jésus : se lever et partir.
Allez ! C'est un verbe décisif, disait le pape à des jeunes de l’action catholique. Il transforme Marie en missionnaire, le disciple en apôtre. Dieu n'aime pas que nous restions immobile à ne penser qu’à soi-même, à gaspiller notre vie sur le confort d’un divan. Il veut que nous soyons en mouvement, sur la route, prêts et disposés à nous mettre en jeu.
Nos yeux sont faits pour regarder ceux des autres. Ils ne sont pas faits pour regarder de haut un monde virtuel, mais pour regarder des scintillements de lumière dans les yeux de ceux qui vivent à côté de nous. Notre regard est fait pour transmettre la joie éprouvée d'avoir rencontré Jésus, cette amitié qui transforme l'existence.
À quelques heures de Noël, contemplons Marie en route, en état de marche. Observons le oui ouvert de Marie, non un oui autoréférentiel dirait le pape François, mais un oui qui va à la rencontre de l’autre, de tous les autres.
Allons ensemble, pas individuellement mais ensemble ; marchons ensemble, pas individuellement, mais ensemble. Ensemble, pas individuellement, cassons le mot Noël pour y découvrir que Jésus vient vers nous pour nous habiller de sa divinité. AMEN.