2022-A-Mt 9, 35 – 10, 1.5a.6--samedi de la 1ière semaine AVENT- inauguration d'un nouveau ministère
Année A – samedi 1e semaine AVENT (Litaa01s.22)
Mt 9, 35 – 10, 1.5a.6-8 : inauguration d’un nouveau ministère.
Jésus envoie ses disciples vivre de sa manière. Il inaugure une forme de vie, pour citer François d’Assise, qui fait Église. C’est la communion qui vient (Seuil, 2022) qui évangélise. Qui fait Avent. Je vous appelle mes amis (cf. Jn 15,15). Jésus n’a pas envoyé annoncer une doctrine, seulement une forme de vie. Les Actes des apôtres présentent les premiers chrétiens comme vivant une aventure de communion. Ils mettaient tout en commun (cf. Ac 4,32). Par sa forme de vie, Jésus a radicalisé les chefs religieux de l’époque.
L’enjeu de la mission de Jésus ne fut pas la sauvegarde de l’organisation religieuse de son temps. L’évangile rappelait récemment que de tout cela, il ne restera pas pierre sur pierre (cf. Lc 21,6). Jésus n’a pas rougi de nous appeler frères, dit l’épître aux Hébreux. Il n’a pas eu honte de s’inviter chez Zachée qui vivait de malversations, de fraudes ; d’accueillir chaudement Marie-Madeleine et sa situation dépravée ; de s’arrêter pour jaser avec Simon devenu Pierre dont la culture du temps le classifiait de basses classes ; de faire chuter Paul qui se voyait le plus parfait des parfaits pharisiens. Il a tellement fréquenté les non fréquentables que tous murmuraient contre lui (cf. Lc 19,7).
Cette forme de vie de Jésus, cette règle de vie, bouleverse les chrétiens. Deux mille ans plus tard, ce style de vie définit la posture du disciple. Il contribue à renverser les puissants de leurs trônes. Le pape ne cesse de dénoncer un cléricalisme tout-puissant. Jésus envoie des gens exprimer sa bonté, sa compassion, accompagner les gens que la société rejetait.
Jésus envoie des gens se convertir au quotidien à l’évangile de l’accueil. À une autre époque, saint Jean Chrysostome affirmait que si nous nous comportions en vrais chrétiens, il n'y aurait plus de païens. Tous doivent trouver dans l’envoyé un prochain, converti à la débauche de la générosité de l’étranger samaritain dont la compassion est infinie. Sois malin, débrouille-toi à ce que tous trouvent en toi un prochain. Ce n’est pas à toi de choisir ton prochain, parce que tu éliminerais ton lointain… qui est tout autant prochain[1]. L’accueil ne peut être qu’en mode excessif, débauche comme l’étranger samaritain.
Aujourd’hui, nous parlons beaucoup d’envoyés au comportement non samaritain qui blessent la foi des chrétiens. Le style de vie de Jésus est de pratiquer des petits gestes de solidarité en refusant de se dire à quoi bon tout cela. Dans son exhortation sur la sainteté (# 104), le pape écrit que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. Il ajoute que si nous nous occupons plus de nous-mêmes, nous n’aurons plus de temps pour les autres (# 107).
Aujourd’hui, prenons-nous ce chemin ? Savons-nous conserver ce trésor qu’est cette forme de vie, cette manière de Jésus de marcher ensemble avec nous et qui cache l’essence même de la mission ? Depuis Vatican 11, la mission n’est plus polarisée par la conversion à tout prix. Cela s’appelle du prosélytisme. Sa finalité est de vivre la forme de vie de Jésus.
Notre mission est de veiller à être attentifs à la présence de Dieu dans les autres. L’envoyé qui n’oublie pas cela donne envie de croire. Malheur à moi si je ne vis pas cela (1 Cor 9,16-17). Jésus vécut en état permanent de charité. L’envoyé qui prend ce chemin ne se trompe pas.
Une espérance monte du plus profond de moi. L’effondrement qu’observe le récent livre pas pratiquants, les Québécois, est salutaire. Il ouvre sur une manière de vivre qui nous fait pratiquants altruistes (Richard Chartier, ofm. sec.). Ce chemin fut celui de Jésus. À nous de le prendre et nous vivrons comme des paroles de Dieu (1 Pi 4, 11). Amen.