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2022-C-Mc 2, 13-17 - samedi de la première semaine ORDINAIRE- Jésus choisit des engolfés

Année C : samedi de la 1er semaine ordinaire (litco01s.22) 15 janv.    

Mc 2, 13-17 ; 1 S 9, 1-4.10c.17-19 ; 10, 1 : Jésus choisit des engolfés.   

Jésus pris un repas dans la maison de Lévi. Je traduis : Jésus a fréquenté les engolfés de son temps. L’expression est utilisée par Jean de la Croix quand il parle de ceux qui sont attachés à leurs richesses devenues leur dieu (Montée du Carmel, livre 3, chapitre 19). Ce sont, pour utiliser des mots d’aujourd’hui, des magouilleurs pour qui l’appétit de pouvoir et de l’avoir ne connait pas de limites (Cf. EG no 56). Ils sont à la recherche de tous les plaisirs du monde. Les paradis fiscaux les protègent de s’appauvrir et de contribuer au bien commun. 

Pour citer Jésus, les engolfés sont les enfants du siècle plus habiles pour les choses de ce monde que les enfants de lumière (Cf. Lc 16, 8). Ils ont pris de l’embonpoint jusqu’à devenir gros et gras, insatiable des choses temporelles, avare de puissance, de gloire. Ils absolutisent les richesses et ont quitté Dieu leur créateur (Cf. Dt 32, 15). Ils sont épris de pouvoir, de puissance jusqu’à mépriser, pressuriser les gens ordinaires. Bref, les engolfés sont les Lévi d’aujourd’hui. Jésus ne dit-il pas qu’il est venu pour les pécheurs et non pour les bien-portants (Cf. Mc 2, 17) ?  

Posons-nous la question : avec qui, avec quel engolfé Jésus prendrait-il aujourd’hui ses repas, lui que l’on traite de glouton et d’ivrogne (Cf. Mt. 11, 19) ? L’évangile entendu tantôt est loin d’être anodin. Il donne à ceux qui se disent chrétiens une sacrée gifle. Il les sort de leur endormissement en les incitant à se tenir dehors pour regarder dans les yeux, écouter […] accompagner ceux qui sont restés sur le bord de la route (Cf. EG no 46).

Cet arrêt de Jésus à la table de Lévi corrige nos regards sur ces engolfés, sur toutes ces personnes dont la vie est moins qu’humaine, repliée et fermée aux autres. La présence de Jésus à leur côté contribue à soulever en eux la question de leur inhumanité. Agissons-nous comme Jésus en regardant yeux les yeux ceux que nous regardons habituellement avec méfiance ? Les invitons-nous ou nous invitons-nous à leur table pour engager avec eux une bonne conversation non moralisante et qui ouvre un chemin vers leur profondeur ?

C’est rassurant de savoir que Dieu, dit Paul, n’a pas choisi des parfaits pour les invités à sa table. Ces gens n’existent pas. Personne ne peut nier qu’il y a dans l’Église des choses honteuses, blâmables. L’ivraie semé par l’ennemi tombe aussi en terrain ecclésial. Il en sera toujours ainsi. Pour utiliser le langage biblique, il y a et aura toujours des poissons de toutes sortes qui seront triés au soir du monde (Cf. Mt 13,47s). Allons plus loin encore, il est écrit noir sur blanc que les mauvais et les imparfaits l’emporteront de beaucoup sur les bons (Cf. Mt 13, 24-30). Laissons croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson (Cf. Mt 13, 30). John Newman écrit que l’Église se méritera toujours le reproche d’être la mère de fils indignes. Il y en a qui sont bons, d’autres moins bons, voire mauvais.

Pourtant, nous exigeons des autres qu’ils soient en règle avec les lois de l’Église pour qu’ils puissent s’asseoir à la table de nos eucharisties. Cette table est pourtant ouverte aux imparfaits, aux engolfés de toutes catégories. L'Eucharistie n'est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles (Cf. EG no 47). Elle est guérison, réconciliation et de paix. Cette table a le visage d’un hôpital de campagne dont la mission est de guérir, soulager les blessures des cœurs.

À une autre époque, Ambroise de Milan pouvait écrire : remarque en même temps le plan céleste : ce ne sont pas des sages, ni des riches, ni des nobles, mais des pécheurs et des publicains qu’il a choisis pour les envoyer, de crainte qu’ils n’apparussent avoir été entraînés par l’habileté, rachetés par les richesses, attirés à sa grâce par le prestige du pouvoir et de la notoriété, et pour que la victoire demeurât à la raison de la vérité, non pas au charme du discours.

À votre contemplation : réjouissons-nous, rendons grâce à Dieu qui a choisi des engolfés comme nous pour promouvoir son Évangile. AMEN.

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Mercredi, 5 janvier, 2022

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