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Année C : mercredi 2e semaine AVENT   

Lc 1, 26, 38 : Marie, unique oasis tout vert de l’humanité.

Que comprendre de cette fête sinon que Marie est pleine de la présence de Dieu. Si nous lisons bien ce passage, pleine de grâce signifie pleine de la présence de Dieu. C’est le plus beau nom de Marie, c’est le nom donné par l’Ange. Le nom que Dieu lui donne. Ses parents n’auraient jamais osé l’appeler ainsi. 

Pleine de la présence de Dieu laisse entendre que Marie ne vit pas en état d’extase, en état de ravissement qui sont généralement de brefs instants dans une vie, comme le souligne Thérèse d’Avila arrivée aux septièmes demeures. Marie vit en permanence en présence de Dieu. Elle est tellement comme l’exprimait le pape Benoît XV1, dans la parole de Dieu que la Parole est sa distraction première. Elle n’est distraite que par Dieu tant les failles humaines ne l’atteignent pas. Elle est tellement une parfaite humaine qu’elle mène une vie divine. Le mal-être n’a pas d’emprise sur elle.

Pleine de la présence de Dieu ouvre sur une vie entièrement pacifiée qui n’est pas synonyme d’une vie aisée. Loin des idées parfois reçues, le « fiat » de Marie fut réfléchi, progressif. Elle a cherché à savoir, à comprendre. C’est à bout d’arguments, qu’elle s’abandonne à la Parole qui la dépasse. Marie fut toute bouleversée (v.29), dit l’Évangile et à bien lire son itinéraire, cela dura toute sa vie. Être avec Dieu ne résout pas les problèmes comme par magie.

Quand l’ange la quitta (v.38), les problèmes ont commencé à augmenter. Pensons à sa situation irrégulière selon la loi, au supplice de Joseph, à ses projets de vie manqués, à ce que les gens vont dire. Il est facile de soupçonner le tumulte des pensées se déchaînant dans le cœur de cette jeune fille en entendant se dire que l’Esprit saint viendra sur toi, et [que] la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. 

Pleine de la présence de Dieu. C’est une belle manière de vivre. C’est mener une belle vie sans la moindre ombre d’autosatisfaction. C’est une manière de vivre totalement nouvelle. Marie ne dit-elle pas : il s'est penché sur son humble servante (Lc 1, 46). Nous chantons que tu es toute belle, O Marie . Dire à une femme qu’elle est belle, toute belle, ç’est sans aucun doute le plus beau compliment à lui offrir. C’est lui dire qu’elle est encore toute jeune. Georges Bernanos écrit dans son Journal d’un curé de campagne qu’elle est plus jeune que le péché, la plus jeune du genre humain.

Pleine de la présence de Dieu. Cette manière de vivre s’adresse à chacun et chacune d’entre nous. À toute l’humanité. Demandons-nous ce que nous aurions dit si cela nous était arrivé ? Comment aurions-nous réagi ? Quel « oui » aurions-nous prononcé ? La recette, le secret de Marie pour vivre de la présence de Dieu, pour demeurer dans l’unique oasis tout vert (Pape François) de l’humanité, se trouve dans sa réponse spontanée : qu’il me soit fait selon ta parole. Marie n’a pas dit oui, elle a dit littéralement qu’il me soit fait, qu’il m’advienne. Traduisons : me voici, je suis partante. Si je peux faire quelque chose, si je peux être utile, me voici. Réponse antidote (remède) d’une vie à laquelle il manque toujours quelque chose. Me voici, c’est la meilleure façon de commencer une journée.

C’est cela la bonne nouvelle de cette fête : Dieu nous offre d’être « plein de la présence de Dieu », de vivre en sa présence, de naître, renaître, de ressusciter chaque jour en sa présence. Il s’engage à vivre avec nous une union mystique, un mariage mystique qui s’exprime par un mariage apostolique, pour citer Thérèse d’Avila. Mais cela exige temps et anéantissement pour que mon moi devienne le sien et le sien le mien.

À votre contemplation : cette fête fait retentir un autre mot : vocation. Elle nous convoque à risquer notre qu’il me soit fait aux imprévus de Dieu, aux intempéries de la vie. La seule chose à faire pour conserver sérénité et paix, c’est de vivre  plein de la présence de Dieu. Et précise Thérèse d’Avila, le diable n’a aucune emprise sur cette présence. AMEN.