2021-B-Jn 19, 25-27 - Notre Dame des douleurs- se tenir debout
Année B : mercredi de la 24e semaine ordinaire (Litbo24me.21)
Jn 19, 25-27 ; 1 Tm 3, 14-16 : se tenir debout.
La mère des douleurs se tenait debout. Ainsi commence cette prière du 13e siècle désignée comme le Stabat Mater. Que ce soit la prophétie du vieillard Syméon, toi-même ton cœur sera transpercé par une épée (Lc 2, 34-35), la fuite en Égypte (Mt 2, 13,21), la fugue de Jésus au Temple (Lc 2, 41-51), sa rencontre avec son fils sur le chemin du Golgotha (Lc 23, 27-31), sa présence au pied de la croix (Jn 19, 25-27), ce moment crucifiant de recevoir son fils dans ses bras, Marie se tenait debout précise saint Jean.
Debout, sans anesthésiant. Marie vit la douleur qu’aucune autre personne ne peut endurer sans médication. Debout, exprimant ainsi que rien ne peut l’abattre, qu’aucune souffrance ne réussisse à l’éloigner de la souffrance de son Fils, des souffrances de ceux qui vivent hors du système (cf. EG. No 53), aux marges de la société.
Une anecdote que le pape François rapportait dans une homélie en 2018 pour nous faire comprendre cela. Près d’un lit d’hôpital, une mère veillait sur son fils souffrant après un accident. Cette mère était toujours là, jour et nuit. Une fois, elle s’est plainte au prêtre, disant : ‘‘mais, à nous les mères, le Seigneur n’a accordé qu’une chose !’’ ‘‘Quoi ?’’ – demanda le prêtre. ‘‘Prendre sur nous la douleur de nos enfants.
Dans l’une de ses conversations mystiques avec Jésus, Sainte Battista, parlant de la 3e douleur mentale de Jésus [elle en mentionne huit], entend Jésus lui dire : Il y a surtout cette lame tranchante qui blessa et transperça mon âme, à savoir la douleur de ma mère toute pure et innocente qui devait être affligée à cause de ma passion et de ma mort, comme aucune autre personne ne le fut ni ne le sera jamais. Et il ajoute : ô, mère de Dieu, je ne veux plus t’appeler mère de Dieu, mais mère de douleur, mère de souffrance, mère de toute affliction qu’on [ne] peut imaginer.
Au pied de la Croix se réalise la prophétie de Syméon : son cœur de mère est transpercé (cf. Lc 2, 35). La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l’abîme de sa douleur qui l’a conduite à sa perfection (cf. Hb 2, 10) et qui l’a rendue capable d’accueillir sa nouvelle mission d’être notre mère que lui confia Jésus sur la croix avant de remettre l’esprit (Benoît XVI Lourdes).
Comme toute mère, Marie se tient là au pied de nos croix de nos souffrances. Elle les porte avec nous. Elle ne dit rien, elle est seulement là près de nous. Sa présence est plus précieuse qu’aucune parole souvent prononcée par « politesse ».
Demandons-nous, ce matin, comment nous comportons-nous devant la souffrance ? La nôtre, celle des autres ? Est-ce que ceux qui souffrent, ceux qui sont cloués dans leur lit, nous sentent à leurs côtés et de leur côté ? Ce qui est souvent le plus difficile est de “toucher” la souffrance des autres, de leur exprimer notre proximité. Sur ce terrain, nous vivons beaucoup de maladresse.
À votre contemplation : au pied de la croix, Marie reçut une nouvelle mission : être mère d'une manière nouvelle en laissant son cœur transpercé par nos douleurs, écrit le pape Benoît dans son encyclique sur l’espérance. Le message de cette célébration est limpide : plus nous regardons comme Marie les souffrances de son fils, moins les nôtres prennent de l’importance. AMEN.