2021-B-Jn 15, 1-8- samedi de la 22e semaine ORDINAIRE- Dina Bélanger, une vie dans le Christ
Année B- samedi de la 22e semaine ordinaire (Litbo22s.21) 4 sept.
Jn 15, 1-8 ; Ct 8, 6-7 : Dina Bélanger : une vie dans le Christ
Nous vivons dans un univers en interaction, un univers où tout se tient. Tout est lié, écrit le pape dans Laudatio Si. Aujourd’hui nous comprenons mieux la réalité quand elle est située dans son environnement. Pour nous dire cela, l’évangile utilise un mot très fort : demeurer. Nous comprenons mieux notre identité humaine et chrétienne quand nous la regardons dans son environnement, j’ajoute le mot, divin.
Demeurer dans la Parole (Jn 8,31), dans l’amour (Jn 15, 9-10), dans la lumière (1 Jn 2, 10), en Dieu (1 Jn 4, 13-16). C’est une formule d’intimité propre à saint Jean. Il a écrit précédemment d’expérience sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5). Luc affirme qu’en Lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être (Ac 1. 28). Depuis la naissance de Jésus, cela ne fait plus sens de séparer l’humain du divin et le divin de l’humain.
Demeurer. La créature demeure dans le Créateur, l'ouvrage dans son Artisan, le racheté dans son Rédempteur, le serviteur en son Maître, le pécheur dans le Juste ! (Bienheureux cistercien Oger de Locedio). Nous ne sommes rien et combien nous sommes grands. Nous sommes le lieu où demeure Dieu et Dieu le lieu où nous demeurons. Fascinant ! Comprenez bien cette vérité, c’est important : le Seigneur est au-dedans de nous, et c’est là qu’il nous faut demeurer avec lui (T. d'Avila, chemin de perfection, chap. 46).
Demeurer. Nicolas Cabasilas, théologien laïc du X1Ve siècle, offre cette réflexion : si le Christ demeure en nous, de quoi avons-nous besoin ? Que nous manque-t-il ? Si nous demeurons en Christ, que pouvons-nous désirer de plus ? Il est notre hôte et notre demeure. Heureux sommes-nous d'être sa maison ! Quelle joie d'être nous-mêmes la demeure d'un tel habitant !
Demeurer. Pour demeurer chez quelqu’un, il faut trouver le courage de sortir de soi-même, du notre confort, de nos espaces restreints et protégés. Tel fut la vie de Dina Bélanger. Mystique, elle est sortie d’elle-même pour se cacher en Dieu, pour demeurer en sa présence et cela en menant une vie bien ordinaire. Non seulement est-elle demeurée en Dieu, mais elle fut introduite dans une autre demeure, celle d’expérimenter une union intime avec la Trinité.
Une image me vient en mémoire et qui remonte au 4e siècle et signé Cyrille d’Alexandrie, image qui décrit bien la vie de Dina Bélanger : si quelqu’un réunit les flammes de deux cierges, il verra l’une complètement passée en l’autre. Il n’y aura plus qu’une seule flamme.
Nous faisons mémoire d’une femme qui a uni sa vie à celle de Jésus et Jésus à la sienne. Elle est devenue participante de la nature divine (2 Pi 1,4). Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20). Elle a mené une vie commune avec Jésus. Elle a épousé Jésus et Jésus l’a épousé. Pour nous faire comprendre cela, Jésus ajoute je suis la vigne, vous êtes les serments.
Mystère de disproportion. Mystère de transformation. Nous sommes compatibles à recevoir la divinité en nous et la divinité est compatible à nous recevoir. Dina Bélanger, première grande mystique née chez-nous, figure aux côtés des grandes mystiques d’ici : Marie de l’Incarnation, Catherine de Saint-Augustin, Marguerite Bourgeoys.
À votre contemplation ces mots de Marie de la Trinité que Dina Bélanger aurait signé, où elle entend le Père lui dire : Tu es mon lieu et Je suis ta demeure[1]. Que de joie à penser que mon chez-moi est la demeure de Dieu. AMEN.
[1] Entre dans ma gloire, carnet 1942-46. Arfuyen, p. 119.