Vous êtes ici

Ajouter un commentaire

2020-A- Lc 8, 4-15- samedi 24e semaine ordinaire- savoir considérer

Année A : samedi de la 24e semaine ordinaire (litao24s.20)  

2020 ; 1 Co 15, 35-37, 42-49 : savoir considérer   

Une forte impression monte en moi à la lecture de cette parabole : Jésus a de la considération pour les différentes qualités de sol. Des cœurs. Considérer signifie regarder attentivement. C’est tenir en considération, tenir compte des différents sols. Jésus porte un regard paisible sur ce  qu’il voit au-delà leur degré de pollution.

La considération n’est pas du déni de la réalité ni une manifestation d’insensibilité non plus. C’est offrir un regard qui ravive l’étincelle sans se laisser consumer par la tristesse ou le découragement. Jésus ne s’est jamais laissé décourager par la pauvreté des sols. Il en connaît leur vulnérabilité aux intempéries. Il les voit tels qu’ils sont et refuse d’ensemencer seulement les bonnes terres. Le geste de Jésus est dépouillé de tout appétit de conquête, d’annexion. Il a quelque chose de libre et d’éminemment printanier. C’est un geste déconfiné. Jésus sème sur des chemins à première vue étrangers à l’Évangile.

Dans la beauté de ce geste, Jésus ne sacrifie pas l’humain au profit de l’économie. Semer est sa réponse à ce qu’il entend : Seigneur, celui que tu aimes est malade (Jn 11, 3). La détérioration des sols ne mène pas à la mort (Jn 11, 16). Son geste contredit ceux qui voyaient dans la dernière pandémie un châtiment de Dieu, vision intenable, monstrueuse. Jésus sème sans maîtriser tous les sols. La récolte sera toujours une «résurrection». 

Cette parabole est une véritable chartre du comportement chrétien et de tout humain. Elle exprime l’esprit du christianisme dont Joseph Moingt à 103 ans en décrit le visage. Aucune terre n’est définitivement condamnée, irrémédiablement polluée. L’ivraie peut devenir du bon grain (Augustin). Le semeur Jésus dit à toutes les terres : que votre cœur ne se trouble pas… ayez confiance en moi (Jn J4, 1).

Cette parabole décrit la fragilité et la multitude de différenciations des cœurs sans porter un jugement. Jésus analyse ce qu’il voit indépendamment de son propre regard. Jésus sème, c’est croyable. Ce qui est incroyable, c’est qu’il sème là où nous n’aurions pas semé. Jésus ne fait pas de clivage entre les sols, entre les croyants «cathos» ou autres. Jésus ne sème pas dans une institution. Il sème dans les cœurs. 

Cette parabole est une véritable épreuve de foi. Le croyant «croyable» sème là où tout semble perdu. Il sème à l’encontre du gros bon sens. La vie de Charles de Foucault et de tant d’autres  confirme cela.

Selon Bernard de Clairvaux, celui qui est capable de ne pas tout considérer en fonction de son regard est digne du nom de savant; il peut ainsi voir plus que ce qu’il voit.  Jésus, un semeur «savant». Un vrai sage. 

Pour nous qui entendons cette parabole, ce matin, le défi est de taille : ne nous laissons pas voler l’échec. Ne l’évitons pas non plus. Dans son exhortation sur la joie de l’évangile, le pape écrit que le triomphe chrétien est toujours une croix, mais une croix qui en même temps est un étendard de victoire (Evangelii gaudium, no85). Il ajoute : ne nous laissons pas voler l’espérance (Evangelii gaudium, no 86).

La tentation de choisir les bonnes terres, de choisir les meilleurs candidats, la meilleure des semences, nait d’un manque de considération des sols. Nous peinons à sortir des modèles de réussite de notre mentalité mondaine. Jésus recherche avec le défi d’en trouver des semeurs d’argile dans la main du Potier (cf. Jr 18,10), capables de s’appuyer sur la puissance extraordinaire de Dieu (2 Co 4, 7); ces semeurs  acceptent  aussi d’aller là où ils ne veulent pas aller (cf. Jn 21, 18).

La semence jetée en terre, c’est nous. Elle n’est pas toujours de bonne qualité, pas toujours parfaitement bio, mais elle n’est jamais stérile. Quand on perd cela de vue on perd la joie et le cœur finit par se dessécher (Evangelii gaudium, no 2).

Si la définition du chrétien est d’être « témoin de la résurrection », alors notre tâche première est de semer sans crainte une parole pour que se lèvent des femmes et des hommes qui n’ont pas peur à leur tour de sortir hors de leur sécurité pour rejoindre des terres minées par la recherche exagérée de soi. AMEN.

 

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2108-b-lc-8-4-15-samedi-24e-semaine-ordinaire-semeur-dune-parole

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2017-lc-8-4-15-samedi-24e-semaine-ordinaire-pas-curieux-le-semeur

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-lc-8-4-15-samedi-24e-semaine-ordinaire-chercheur-de-sol

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2015-b-lc-8-4-14-samedi-24e-semaine-ordinaire-prendre-soin-de-la-terre

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2006-b-lc-8-4-15-samedi-24e-semaine-ordinaire-seduit-par-les-semaines-et-non-par

Évangile: 
Année: 
Épitres: 
Pérode: 
Date: 
Dimanche, 13 septembre, 2020

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.