2020-A-Mt 11, 25-27 - mercredi 15e semaine ordinaire- Père, je te loue
Année A : mercredi de la 15e semaine ordinaire (litao15me.20) 15 juillet
Mt 11, 25-27 ; Is 10, 5-7; 13-17 : Père, je te loue.
Regardons le contexte où Matthieu invite à la louange. C’est celui où est déjà présent l’accueil de la Parole et à la fois son rejet. Les disciples reviennent vers Jésus après leur envoi sur les routes. Ils racontent comment les uns les ont accueillis et d’autres les ont rejetés comme il en fut pour les disciples de Jean le baptiste (cf. Mt 11, 16-19).
Jésus voit la réalité en face, faite d’accueil et de rejet. Il voit que certains admirent son projet de bonne nouvelle et que d’autres s’y opposent farouchement. Dès le commencement de sa vie publique, il ressent fortement qu’une catégorie de personnes plus que d’autres s’ouvre davantage à son projet. Ces gens ne détiennent pas nécessairement des postes importants dans la société. Les plus réceptifs sont des gens simples qui ont soif de changement dans la manière de vivre entre eux.
Ceux qui ont plus de notoriété, plus de responsabilités sociales ou qui détiennent des chaires importantes dans l’application de la religion, le contestent parce que Jésus n’est tout simplement pas issu de la haute classe de la société, n’a reçu aucune éducation dans des écoles prestigieuses. Qui est-il ? Pour qui se prétend-il, lui qui n’est que le fils de Joseph, un Nazaréen d’où rien de nouveau ne peut sortir (cf. Jn 1, 46)? Exception à la règle : il a bien Nicodème reconnu pour sa connaissance de la loi. Il était en recherche de quelque chose d’autre (cf. Jn 3,1-12)
Et voilà bien le sens de cette déclaration de Jésus. Tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Jésus louange les tout-petits qui sont en recherche de quelque chose d’autre qu’il décrit comme une véritable conversion des us et coutumes de l’époque.
Tout-petits non parce que Jésus aurait plus d’emprise sur eux; non parce qu’il peut plus facilement les manipuler; non parce qu’ils sont des analphabètes, plus ignorants du mystère de Dieu que les sages. Non. Aux tout-petits parce qu’ils sont en état de recherche d’un chemin qui ouvre sur ce quelque chose de plus. Parce qu’ils n’ont pas la prétention de tout connaître. Parce qu’ils ne se voient pas sur un piédestal ni recherchent des honneurs mondains.
Les tout-petits sont ceux qui ont faim d’une nourriture solide (cf. 1 Co 3, 1-2). Qui n’a pas besoin d’une nourriture solide ? Jésus offre le projet d’un vivre ensemble qui porte des fruits d’égalité, de liberté, de fraternité, trois mots fondateurs de son projet de bonne nouvelle. Jésus louange ceux qui signent leur vie d’un changement social, culturel, religieux[1].
Observons que ce sont ces tout-petits qui nous fascinent le plus par leur geste tout simple.
+ Cette femme qui apporte une quantité de desserts qu’elle a faits pour l’offrir dans une collecte de fonds.
+ Cet homme qui construit avec des briques vouées à l’enfouissement, une table pour une famille démunie.
+ Des élèves de fin de secondaire qui vont en Haïti construire des maisons pour des gens de la rue.
+ Des pauvres qui donnent avec joie le peu qu’ils ont par solidarité.
Et la liste pourrait s’allonger.
Ne laissons pas ces petits gestes nous échapper. Leur beauté rend beaux ceux qui les posent. Père, ce que tu as caché aux savants et à des sages, tu l’as révélé aux petits.
Les tout-petits, c’est chacun de nous avec nos faiblesses, nos failles qui permettent au projet de Jésus, sa bonne nouvelle, d’entrer en nous. C’est dans le creux de nos faiblesses que Dieu nous révèle le grand secret de son cœur, son mystère, son buisson ardent. Invraisemblables, nos failles sont l’occasion de la louange de Jésus à son Père. Père, ce que tu as caché aux savants et à des sages, tu l’as révélé aux petits, à chacun de nous. AMEN.
Autres réflexions sur le même passage :
[1] Pagola, Josée Antonio, Jésus approche historique, Éditions du Cerf, 2019. Ce livre, décrié par les uns, est incontournable pour tout chercheur de quelque chose, de quelqu’un qu’on nomme Dieu.