2020-A-Jn 20, 1,11-18- Marie-Madeleine
Année A : mercredi de la 16e semaine ordinaire (litao16me.20)
Jn 20, 1,11-18 ; Ct 3, 1-4a : Marie Madeleine.
Il est difficile d’avoir une vie plus misérable et si peu recommandable que celle que Jésus a choisie pour l’annoncer au matin de Pâques. Difficile d’avoir une réputation peu enviée et peu enviable que celle d’être une femme livrée à tous les hommes. Difficile d’être plus détestée et rejetée que Marie-Madeleine, femme aux sept maris, celle qui selon des Pères de l’Église (mais cela est contesté aujourd’hui) a versé sur les pieds de Jésus un parfum tellement convoité que Judas en fut scandalisé.
Et le clic de Jésus pour cette femme l’a transformée et ressuscitée. Elle qui ne vivait que des revenus du sexe est devenue celle qui n’avait d’amour que pour Jésus ; l’une des plus grandes mystiques de l’histoire. Elle fut vivement en première place dans le cœur de Jésus et c’est ainsi qu’elle fut chargée de la plus grande responsabilité qui soit : va dire à mes frères que je suis ressuscité (cf. Jn 20,17).
Traduit dans des mots d’aujourd’hui, Jésus lui dirait : va, pars et dis à mes frères qu’ils ne me cherchent pas dans la tombe, qu’ils ne m’enferment pas dans leurs croyances, leurs églises, leurs dogmes, car je vis parmi les vivants, au cœur de leur vie, dans leurs larmes et dans leurs joies.
Marie-Madeleine fut la première à découvrir que Jésus fut vainqueur de la mort ;
la première «apôtre», comme l’exprime l’apôtre des apôtres ;
la première témoin de la miséricorde de Jésus ;
la première disciple à ouvrir complètement les yeux ;
la première femme à découvrir une présence au milieu de l’absence ;
la première à percevoir dans la défaite la flamme de la victoire ;
la première, après Marie, mère de Jésus, à souffrir autant, écrit sainte Camilla da Varano[1] dans sa 4e douleur mentale, la passion et la mort de Jésus et fait dire à Jésus que s’il y avait eu quelqu’un d’autre, c’est à lui que je serais apparu en premier, après ma résurrection [...] la douleur de cette bien-aimée disciple fut telle qu’elle serait tombée morte plusieurs fois si je ne l’avais soutenue, moi qui suis la puissance souveraine ;
la première, écrit Milan Machovec, un penseur athée, qui a contesté avec l’approbation non dite de Jésus, le pouvoir machiste[2].
Faut-il le reconnaître, très vite, dit le théologien progressif espagnol José Arrigi[3], les clefs de Pierre et la théologie de Paul s’emparèrent de sa place.
Cette fête qui, depuis juillet 2016, n’est plus une simple mémoire, dit avec une clarté aveuglante que nos pires comportements, que nos relations brisées psychologiquement, socialement, maritalement, spirituellement, ne repoussent pas Dieu de nous choisir pour le faire connaître.
La première leçon à tirer est limpide et tout un défi aussi : ce que Jésus recherche en premier, c’est d’être aimé pour lui-même. Marie Madeleine a tellement aimé Jésus qu’elle a consacré toute sa vie à le suivre sur les routes de la Galilée, jusque dans sa passion, jusqu’à la croix, jusqu’à sa mise au tombeau. Elle s’est vidée d’elle-même. Et à la levée du jour, Jésus la nomme par son nom Marie. Ce jour fut le plus foudroyant de sa vie parce qu'il a fait en elle toute chose nouvelle (cf. Ap 21,15).
La seconde leçon est une mission : rencontrer le ressuscité nous pousse à le dire sur nos routes. La vie chrétienne ne consiste pas à chercher quelque chose, elle est rayonnement de notre rencontre avec une personne toujours vivante, le ressuscité Jésus.
Comme Marie-Madeleine, il faut nous retourner pour reconnaître Jésus puis courir non pour prononcer un beau discours sur le ressuscité, mais pour être son visage rayonnant de vie. Que notre cœur soit semblable au sien. AMEN.
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