2020-A- Lc 2, 41-51- samedi de la 11e semaine ordinaire- la passion de Marie
Année A : samedi de la 11e semaine ordinaire (litao11s.20) 20 juin-
Lc 2, 41-51 ; 2 Ch 24, 17-25 : la passion de Marie.
En écoutant ce récit de l’aventure de Marie et Joseph (le texte est aussi utilisé pour la fête de saint Joseph) au retour de Jérusalem pour la fête de Pâques, il est facile de comprendre que le couple n’a pas eu une vie facile. Elle fut plutôt une traversée sur une tempête presque permanente. Leur barque nuptiale connut de longs moments de perturbation. On dirait même que le couple n’est jamais arrivé sur une rive pacifique; leur cœur de parents a connu un intense désarroi.
Ce matin, Luc nous présente le troisième acte de l’itinéraire pascal de Marie et aussi de Joseph; le premier acte étant l’annonce de l’ange et le second, sa rencontre avec le vieillard Syméon qui lui prophétisait qu’un glaive transpercerait ton cœur (cf. Lc 2, 35). Le troisième est ce retour à la maison où l’ado vécut une fugue bien de son âge. Pour utiliser une ancienne terminologie d’avant le concile, ce fut un privilège plutôt douloureux que d’être mère de Jésus et père adoptif aussi.
À lire ce récit, Jésus ne fut pas un fils aussi obéissant qu’on le dit. Il fut un ado comme tous les autres, un peu rébarbatif, comme l’atteste la réponse qu’il donne à ses parents : pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez- vous pas qu’il me faut être chez mon Père? Dans ce pourquoi me cherchiez-vous, il y a une divergence d’opinions entre l’ado et ses parents, presque un affrontement frontal.
De retour à Nazareth, le couple a dû longtemps conserver dans leur cœur cet épisode de la découverte de leur fils enseignant aux docteurs de la loi et la réaction spontanée de leur fils. Les parents ont dû soupçonner que cet événement ne serait pas le dernier. Même si les évangélistes ne mentionnent pas la réaction des parents, autant Mathieu, Marc, Jean que Luc rapportent d’autres incidents du même genre.
Songeons ce matin à cet épisode où Jésus ne peut même pas manger à cause de la foule (cf. Mc 3, 20). Par personne interposée, Marie a presque mendié son droit d’accès à son fils. À ceux qui informent Jésus: ta mère est là dehors qui veut te parler (cf. Mc 3, 33), il réagit par une autre vive rebuffade, publique, celle-là: qui est ma mère (cf. Mc 3, 34). Réponse plutôt étrange et aussi blessante pour les tenants d’un fils obéissant. Et, si nous comprenons par cette réponse que Jésus considère sa mère comme une femme parmi d’autres dans la foule, cela ajoute la souffrance à la rebuffade.
Chaque fois, Marie garde le silence et n’exprime pas sa désapprobation. Même si Jésus n’a pas rendu la vie facile à sa mère, les évangélistes ne rapportent aucune réplique pour lui faire changer d'idée. Marie préfère intérioriser et garder dans son cœur de mère les paroles de son fils.
Lentement, les réactions de Jésus, nombreuses, mais souvent adoucies par une lecture superficielle des textes, enfoncent plus profondément un glaive dans son cœur. Devant cette lente montée pascale de Marie, Augustin observe qu’il est préférable pour Marie d’avoir été plus disciple que mère du Christ. Le renoncement à sa volonté de mère est sous-entendu quand les évangélistes parlent de Marie. Pierre, lui, n’a pas hésité à s’opposer à Jésus quand il annonça sa passion. Cela ne t’arrivera pas (cf. Mt 13, 22). Marie avait une autre réponse : que ta volonté soit faite.
Pour l’exprimer avec des mots théologiques, la kénose de Marie débuta dès l’annonce par l’envoyé de Dieu qu’elle sera mère d’un fils qu’elle nommera Jésus (cf. Lc 1, 31). Luc rapporte qu’elle fut bouleversée. Cette annonce brise le confort d’une vie ordinaire. Le fait d'avoir un enfant hors mariage à cette époque a dû faire jaser beaucoup de monde. Comment vais-je supporter tout ça, demande-t-elle ? Et la réponse vaut pour sa traversée sur une mer agitée qui jalonnera sa vie et dont le point d’orgue sera sa présence au pied de la croix : courage, n’aie pas peur (cf. Mt 14, 27), l’Esprit du Seigneur est sur toi (cf. Lc 2, 35).
À votre contemplation : l’attitude de Marie nous montre tout ce qu’il faut souffrir pour mon nom (Ac 9, 16), pour bien porter le nom de chrétiens, de moniales. AMEN.
Autres réflexions sur le même passage :
https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-lc-2-41-51-coeur-immaculee-de-marie