2020-A- Lc 24, 13-35 - mercredi octave de Pâques- Emmaüs, chemin de rencontre
Année A : mercredi dans l'Octave de Pâques (litap00me.20)
Lc 24, 13-35 ; Ac 3, 1-10 : Emmaüs, un chemin de rencontre
Ce n’est pas un récit d’apparition de Jésus. C’est un récit qui insiste sur la reconnaissance d’une présence. Seul l’évangéliste Luc présente le vivant qui passe plusieurs heures avec les disciples en partageant leur route, leur déception, discutant avec eux, marchant avec eux sur le chemin du retour à leur «ancienne» vie, prenant le temps de s’asseoir à leur table comme il l’avait fait si souvent auparavant.
Voilà deux disciples qui n’attendaient plus rien de Jésus. Malgré leur foi éteinte, ils ne cessaient de penser à Jésus. Ils se remémoraient ce qu’ils avaient vécu avec lui. Le bruit que des femmes l’auraient vu vivant ne dissipait pas leur découragement, leur doute.
Luc nous présente l’impact de leur conversation avec un inconnu qui a régénéré leur foi. Une conversation qui a attisé le feu sous la cendre. Il a fallu que cet inconnu accepte de s’asseoir à leur table au soir d’une longue journée de marche pour que leurs yeux s’ouvrent et le reconnaissent. Nos cœurs n’étaient-ils pas brûlants.
En écoutant ce récit, il est difficile de ne pas entendre l’itinéraire de nombreux croyants qui retournent dans leur Galilée, s'éloignant de ce Jésus qu'ils ont fréquenté, dont ils ont entendu parler dans des prédications, par des membres de leur famille, par les journaux. Ils sont amèrement déçus, attristés, blessés. Ils parlent de Jésus comme ils parlent de telle ou telle personne, mais sans l’avoir vraiment rencontré.
La nouvelle inouïe de ce récit et qui l'est encore aujourd’hui, c’est que nos doutes, nos déceptions, nos questionnements attirent le vivant à faire route avec nous. Quand rien ne va plus dans notre vie de foi, Jésus apparaît pour nous réchauffer le cœur. Avant comme après sa sortie du tombeau, Jésus demeure toujours près des cœurs habités par l’opacité de leur questionnement.
Jésus n’est pas une réalité à croire parce qu’il est un personnage important de l’histoire, un objet de dévotion, une sorte d’icône à vénérer. C’est quelqu’un de vivant. C’est l’expression utilisée par les premiers chrétiens pour parler de Jésus ressuscité. Pour eux, Jésus était le vivant.
La foi en Jésus ne se nourrit pas de doctrine motivée par un ensemble de vérités révélées, reçues et transmises par nos familles, par l’Église. Elle nait d’une réponse personnelle à la question : pour vous qui suis-je ? Si notre réponse est celle d’une doctrine ou celle des autres, elle ne sera que pauvre et partiale. Elle finira par s’affaiblir, puis s’évanouir. Il ne suffit pas de connaître Jésus, de parler de lui, de savoir qu’il est présent dans nos vies. C’est une rencontre vraie avec le vivant qui transfigure l’existence.
C’est sur le chemin d’éloignement de la foi, de nos déroutes de croyants, c’est là que vous le rencontrerez. Dieu ne s’intéresse pas à nos manières de pratiquer la foi. Il s’intéresse à nous jusqu'à nous nourrir de lui quand on l’invite à notre table.
C'est notre contact personnel avec ce morceau de pain comme l'ont expérimenté les disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35), c'est notre souci de toucher Jésus comme Thomas (cf. Jn 20, 19-31), c'est notre regard transfiguré par la Lumière de ce qui arrive à Jésus comme les apôtres (cf. Mt 28, 5-15), qui nous font des fils adoptifs (Ep 1,5-6) et des fils de la résurrection.
Nous ressemblons autant à ces disciples comme à cet homme assis sur le portique du temple (première lecture) en attente d’une véritable «résurrection». Nous avons besoin qu’un témoin de Jésus nous dise les mêmes paroles que Pierre prononça sur le parvis du temple : regarde-moi; ce que j’ai, je te le donne, reprends la route et marche. Ce regard et cette rencontre nous ressuscitent. Nous bondissons de joie en louant Dieu.
Nous avons ce pouvoir de remettre en marche ceux qui sont rivés à leur grabat, paralysés de découragement, de doute et de leur dire: au nom du Christ ressuscité, lève-toi.
Rendons grâce à ce Vivant qui marche avec nous. Proclamons son nom, annonçons-le à tous les peuples (psaume), redisons sans fin ses merveilles. Emmaüs, c’est aujourd’hui que ça se passe. AMEN.
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