2018-B-Lc 10, 38-42 - mardi 26e semaine ordinaire -Marthe et Marie
Année B : mardi de la 26e semaine ordinaire (litbo26m.18)
Lc 10, 38-42 : Marthe et Marie; service et écoute
Deux femmes ordinaires que tout le monde peut imiter. L’une s’agite, tourne sur elle-même, agit comme la cigale; l’autre est calme, généreuse de son temps, toute intérieure; elle agit comme la fourmi. Les deux étaient des amoureuses de Jésus, désireuses de bien le recevoir à leur table. Les deux consacraient tout leur temps à Jésus qui appréciait autant le travail de l’une à lui préparer une bonne table que l’émerveillement de l’autre à l’écouter. Aucunement question d’y voir de l’agacement ou de l’impatience de la part de Jésus. Aucune préférence, non plus, en faveur de Marie.
Ne moralisons pas cette page. N’élevons pas l’une au-dessus de l’autre. Autant l’ingénieuse Marthe que la pensive Marie s’activent au service de Jésus qui aime bien se faire gâter. Une fois n’est pas coutume, dit-on. L’une et l’autre sont des femmes «normales» que tout le monde peut prétendre imiter. Les deux ont été bien éduquées. Bien élevées. L’une ne mésestimait pas son travail, l’autre ne se sentait pas supérieure à sa sœur. Aucune des deux ne s’efforçait de paraître la meilleure aux yeux de Jésus. Aucune rivalité, non plus, pour savoir qui accueillerait le mieux Jésus. Elles ne pensaient qu’à bien recevoir Jésus. Elles étaient de la même famille. Deux sœurs, dit le texte.
L’une préfère travailler debout. L’autre est à son meilleur, plus productive et efficace, assise. L’une ne dépendait pas de l’autre et vice versa. Elles ne souffraient pas de handicap, ne se faisaient pas ombrage, ni se marchaient sur les pieds. Elles étaient à leur place et ne comptaient pas leur temps. Elles font corps ensemble comme la main fait corps avec l’oreille, comme le pied fait corps avec le bras. Si les deux étaient pareilles, elles ne feraient pas corps ensemble pour bien accueillir et bien gâter Jésus.
Notre regard sur ce texte de Luc soulève souvent de la bisbille à savoir qu’elle est la meilleure position pour mieux se faire voir de Jésus. C’est un mauvais regard. Jésus était autant présent à Marie qu’à Marthe.
Et Jésus était là au milieu d’elles, devinant les usages de la maison, les laissant faire, les regardant, l’une autant que l’autre, jasant autant avec l’une qu’avec l’autre. Il ne leur manifestait aucune préférence. À ses yeux, les deux méritent l'attention. Les deux sont importantes. Jésus ne s’arrête pas aux visibles. Il regarde la source qui jaillit autant en Marthe qu’en Marie. Il regarde leur joie de bien le recevoir. En proie à la faim, il avait besoin des mains de Marthe. En besoin d’être écouté, il aimait que Marie lui donne ses oreilles.
Parce que nous sommes des humains, nous avons besoin de quelqu’un pour nous nourrir. C’est la part de Marthe. Parce que nous sommes aussi des humains, nous avons besoin de temps forts pour intérioriser, intégrer, donner un sens à ce que nous faisons. C’est ce qu’éprouve Marie.
Dans notre société actuelle, on parle de la nécessité de faire le bilan de sa vie, de se reposer, de lâcher prise, de s’asseoir, de s’arrêter. Demandez aux parents de jeunes enfants, quel est leur plus grand défi ? Ils vous diront unanimement : se reposer. Leurs week-ends sont des courses contre la montre. Ils ne savent plus comment prendre du temps pour se regarder, s’apprécier. Saint Paul dans la première lecture (Ga 1, 6-12) indique que le meilleur est de demeurer dans tout des amoureux du Seigneur.
Ne négligeons pas Marthe. Ne privilégions pas Marie. Ce sont les deux chemins qui façonnent toute vie. Sans Marthe, qui nous offrira un bon plat revigorant ? Sans ses mains, qui servira Jésus dans le migrant, lui quémandant un peu de nourriture ? Sans Marie, qui donnera de la profondeur au banal quotidien ? Sans son écoute, en quoi la visite de Jésus nous profitera-t-elle ? Sans écoute, pourrions-nous aider les jeunes à bien vivre, les accompagner et donner un sens à leur jeunesse ?
Pour avoir la belle part, soyons, comme Marthe, toutes entières consacrées à nos tâches quotidiennes et demeurons en permanence dans un état de cœur à cœur avec Jésus. Pour avoir cette autre belle part, soyons des Marie, toutes entières en état de prière, en état de porter attention à Jésus quand nous écoutons sa parole. Ne séparons pas ce que Dieu a uni, le service et l’écoute. AMEN.