2018-B-Mt 1,1-16, 18-23 - Nativité de Marie
Année-B- Nativité de Marie (litbo22s.18)
Mt 1,1-16, 18-23 : de toi est né le soleil de justice
La vie, la naissance d’un être humain est le miracle des miracles. À chaque naissance, nous pouvons admirer un être humain qui ressemble à son père, qui a les yeux de sa mère, les cheveux de son petit frère. Toute naissance porte les gènes d’une famille, d’une culture, d’un environnement qui le marquera toute sa vie.
Dans chaque naissance, nous pouvons aussi voir une autre hérédité, spirituelle, sur laquelle nous portons moins attention. Le grand mystique Alexandre Schmemann (1921-1983) pose, en cette fête de la naissance de Marie, cette question : combien de générations de foi immense a-t-il fallu pour que sur l’arbre de l’humanité pousse cette fleur merveilleuse qu’est Marie ? Hélas, ajoute-t-il, nous sommes plus sensibles à l’hérédité du mal, qu’à l’hérédité de la beauté que cache toute naissance.
Il y a tant de noirceur autour de nous que nous ne percevons pas ou nous percevons peu que chaque naissance porte les gènes de Dieu. Cette naissance de Marie porte les gènes de la perfection de Dieu. Cela devrait nous maintenir en extase, nourrir d’allégresse notre foi. Les églises orientales et occidentales célèbrent cette naissance comme celle d’une mère nouvelle qui apporte une jeunesse à des enfants vieillis (Guerric).
Nouvelle, cette naissance, parce qu’elle anéantit la malédiction d’Ève et qu’elle assure à l’humanité la bénédiction de Dieu. Nouvelle parce qu’elle permet de retrouver un climat chaleureux, puissant antidote contre nos tendances individualistes et nos fermetures aux autres. Nouvelle, cette naissance, parce qu’elle anticipe une autre naissance plus merveilleuse dont Matthieu nous en présente la longue généalogie qui n’est pas une simple liste de noms, mais une histoire vivante qui nous rejoint aujourd’hui[1]. Cette naissance est nouvelle et merveilleuse parce que, jamais avant elle ni après elle, aucune créature ne sera aussi proche de Dieu. Aucune autre créature ne sera comme elle une terre sacrée, cette chambre haute où Jésus célébra la Pâque avant de monter à Jérusalem (cf. Mc 14, 14).
Cette naissance ouvre à la joie chaque humain parce que de toi est né le soleil de justice (antienne du benedictus). Elle atteste l’arrivée d’une humanité nouvelle dont nous sommes les héritiers et mieux encore, elle nous réconcilie avec notre histoire, prédestinée à être une histoire sainte. Le peuple chrétien a compris, depuis les débuts, que dans les difficultés et dans les épreuves, il faut recourir à la mère, comme l’indique l’antienne mariale la plus ancienne : Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu : ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais délivre-nous de tous les dangers, ô Vierge glorieuse et bénie. Ce ne sont pas les technologies actuelles qui nous apportent du réconfort, mais le visage de Marie. N’est-elle pas notre Dame du refuge ? Nous éloigner de Marie, c’est perdre notre identité de fils de Dieu.
Toutes les nations, toutes les races, toutes les langues, jeunes et vieux de toute dignité ou indignité, tous sont appelés et prédestinés à partager la même nouveauté : reproduire en nous l’image de son Fils (Rm 8, 29). Comment ? En accueillant chez nous Marie comme Jean l’accueillit chez lui (cf. Jn 19, 27). La maternité de Marie […] est un don que le Christ lui-même fait personnellement à chaque humain, écrivait Jean-Paul II dans son encyclique sur la mère du rédempteur[2]. En Marie, poursuit-il, nous avons déjà la perfection qui nous fait sans tache ni ride[3].
À votre contemplation : quel hommage pouvons-nous rendre à Marie aujourd’hui? C'est celui de faire nôtres ces paroles de Jean Damascène : que Salomon le sage se taise et qu’il ne dise plus [qu’il n’y a plus] rien de nouveau sous le soleil. Marie est cette femme nouvelle, première créature nouvelle, première terre nouvelle. Offrons-lui comme cadeau d’anniversaire ces paroles de Zacharie : réjouis-toi, fille de Sion, car voici que je viens pour demeurer au milieu de toi. Que chante la cithare de l’Esprit : allégresse dans les cieux, et qu’exulte la terre. Confions-lui cette journée. Et notre Église aussi. AMEN.
[2] http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25031987_redemptoris-mater.html
no 45
[3] Ibid, no 47