2017-A- Lc 12, 8-12 - samedi 28e semaine ordinaire- se déclarer pour Jésus
Année A : samedi de la 28e semaine ordinaire (litao28s.17)
Lc 12, 8-12 : se déclarer pour Jésus
La bible est une histoire de persécutions de ceux qui ont parlé au nom de Dieu. Jésus a subi le même sort. Aujourd’hui, annoncer, comme les prophètes, le nom de Dieu, porter le nom de chrétien, c’est risquer d’être mis hors d’état de nuire. De tout temps, avant comme après Jésus, ceux qui se déclarent pour lui, qui prennent position pour lui, pour une société plus humaine, expérimentent le même chemin. Humainement comme spirituellement, toute prise de position suscite toujours de vive et percutante répliques.
Jésus pressentait cela quand il invite à ne pas avoir peur de se déclarer pour lui. Il sait que cela exige beaucoup de conviction qui nécessite une descente dans nos profondeurs, là où il demeure. Se prononcer pour lui requiert au préalable un oubli de soi.
Le péril le plus grand ne viendra jamais de l’extérieur, mais de l’intérieur de nous-mêmes. Nous aurons toujours à affronter des accusateurs, des gens qui se moquent de notre foi, qui plaident pour que nous abdiquions nos croyances. Ceux-là ne peuvent que tuer le corps. Mais il y a un autre tribunal plus sévère, plus perturbant, celui de notre cœur qui remet tout en question, nous fait douter de tout. Nous hésitons à nous oublier pour un autre. À mourir pour un autre.
C’est notre cœur qui a le pouvoir de nous tuer. Il faut avoir peur davantage de nous-mêmes que des autres quand il s’agit de prendre position pour ou contre Jésus. On argue souvent qu’il vaut mieux se taire plutôt que d’offrir une parole incomplète sur Jésus. C’est oublier que la foi s’annonce par nos vies autant sinon plus que par nos paroles.
De tout temps, la promotion de l’évangile repose sur des épaules fragiles. Les prophètes Jérémie, Osée et tant d’autres en ont fait l’expérience. C’est dans le silence de la prière, en écoutant le maître intérieur, qu’ils ont appris à dire Jésus, à devenir une voix frêle et fragile de Dieu. Il n’y a pas d’autres chemins que celui-là.
Pour dire Jésus, nous avons besoin de lui. Sans lui, nous ne saurons jamais comment parler de Lui. Sans cette grâce, nous ne deviendrons pas de bons météorologues de ce que l’on peut entrevoir […], nous serons incapables d’évaluer le temps de Dieu (cf. Lc 12,54-56) (pape François aux nouveaux évêques, le 14/9/17). Quand nous parlons de Jésus, quand nous prononçons son nom, ce sont des moments de grande grâce. Un beau cadeau que Jésus nous fait.
Il est bien difficile de se faire la voix des sans-voix, de ces enfants morts avant d’être nés, de ces pauvres qui dérangent, qui sentent mauvais, qui nous font peur parfois. Porter une parole prophétique, voir venir un avenir nouveau, des cieux nouveaux, une terre neuve, ouvre un chemin de rejet. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! (1 Co9, 16).
N’ayons pas peur d’être fragiles. C’est une force. Regardez les traces de l’ouragan Irma. Les arbres gros et forts sont tombés. Les petits et faibles ont plié, ils sont demeurés debout. La tempête ne les a pas déracinés. Lors d’un colloque, intitulé fragilités interdites, en 2009, une conférencière affirmait que c’est la fragilité qui sauve l’évangile. Elle est la condition de l’engendrement, de l’émergence du radicalement nouveau. Dans la Joie de l’amour # 135, le pape François écrit : ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communion qui nous a été promise.
Retenons ce conseil de Paul à Timothée : je te le rappelle, […] ce n’est pas un esprit de peur…mais de force. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur Jésus Christ […], prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile (2 Tm 1, 8). Aux Romains, il proclamait: oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté dans le Christ (Rm 8, 38). AMEN.