2017-A-Lc 6, 1-5 - samedi 22e semaine ordinaire - Jésus souffre d'allergie
Année A : samedi 22e semaine ordinaire (litao22s.17)
Lc 6, 1-5 : être une Église de droit enrichi d’un regard de compassion
Jésus souffre d’une allergie chronique, une allergie qui trouble tout Jérusalem (Mt 2, 3), une allergie qui le rend vulnérable face aux parfaits gardiens de la loi : celle d’être attentif aux personnes, à leurs besoins. Jésus éternue chaque fois qu’il se trouve devant une loi sans âme, devant un chrétien «protectionniste» de la loi et de l’ordre.
Jésus se présente comme un modèle et non comme un législateur. Il ne transmet pas une loi, mais une manière de vie qui était et demeure toujours nouvelle. Quand nous oublions de pratiquer une loi, il suffit que quelqu’un nous le rappelle. Quand nous perdons la transmission de la vie, nous devons la retrouver là où elle se trouve, en celui qui se présente avec une audace courageuse comme le chemin et la vie (cf. Jn 14,6). Jésus défend une autre vérité que celle de la loi qui trouve habituellement sa porte de sortie que dans une vie mensongère.
Si l’évangéliste a retenu ce passage de Jésus ne reprochant pas à ses disciples d’arracher des épis et de les manger un jour de sabbat, ce n’est pas pour en comprendre le sens, mais pour contempler la beauté de la primauté des besoins et de leur faim. Jésus pose un geste qui clarifie notre regard (cf. Ps 19, 9) et qui permet de voir, de comprendre que nous réagissons trop rapidement, comme pour nous protéger en clamant une Église de droit, à partir d’une loi, ignorant une autre «loi», celle d’un regard miséricordieux.
Nous n’avons aucun problème à regarder ce que nous dicte la loi. Nous devons plutôt contempler longuement l’attitude de celui qui s’est rendu visible à nos yeux (cf. Jn 1, 18). Chaque épisode de l’évangile se présente à nous comme la transmission d’une image à regarder, à contempler. Voyez les oiseaux du ciel [...]. Regardez les lys des champs (Mt 6, 26.28). À partir de ce qu’on voit de la façon d’agir et d’être de Jésus, nous apprenons comment nous devons vivre pour devenir, à notre tour, image en acte du comportement de Dieu.
Cette scène anodine, que seuls de parfaits exécutants de la loi ont pu observer, redit que pour faire comprendre son projet d’une terre nouvelle, son Royaume, Jésus s’exprime en image. Pour faire comprendre qu’il est miséricorde, il accomplit un geste tout simple, mais d'une grande valeur, que nous pouvons contempler pour en faire un modèle de vie.
Les évangélistes ne nous rapportent que rarement le discours de Jésus. Ils en retiennent l’image qui parle mieux qu’un discours. Et c’est cette image que les parfaits exécutants de la loi du temps de Jésus et de toutes les époques contestent, et trouvent indécente, laide, voire scandaleuse. Ils font tout pour en éviter la transmission.
Ne mettons pas dans nos archives cette belle image de ce jour de sabbat, cette image d’un Jésus très humain, soucieux de nourrir la faim de ses disciples; il démontre que ce qui est premier est son regard de miséricorde sur les misérables insignifiants de notre monde comme les Matthieu, Pierre, Paul.
Que privilégions-nous au milieu de nos tâches quotidiennes ? Donnons-nous des ordres, prescrivons-nous des devoirs, une manière de faire son devoir ou optons-nous pour le respect de chacune d’entre nous ? À l’opposé des maîtres de la loi qui donnent aux autres des ordres, prescrivent des manières précises d’accomplir ses devoirs, Jésus, maître du sabbat, pasteur du sabbat, préfère offrir un modèle, un chemin.
Ne nous détournons pas de cette espérance d’une vie à la ressemblance de Jésus que nous avons reçu en écoutant l’évangile proclamé à toute créature (Col 1, 23). Et Paul ajoute, et cela s’adresse à tous les chrétiens, de cet évangile, moi, je suis devenu ministre.
À votre contemplation: fais grandir en nous ton regard, toi qui t’es rendu visible à nos yeux. AMEN.