2107-A; Mt 19, 13-15 samedi 19e semaine- des mains jointes parce que vides
Année A : samedi de la 19e semaine ordinaire (litao19s.17)
Mt 19, 13-15 : des mains jointes parce que vides
Quel est le meilleur don que Dieu puisse nous faire ? Quel est le meilleur chemin que Dieu puisse nous offrir ? Et je trouve la réponse dans ce geste qui m’a beaucoup touché lors de la profession solennelle de sœur Sylvie. Le don de déposer nos mains jointes dans les siennes. Les mains que mère Abbesse lui offrait. Ce proverbe tibétain m’est revenu en mémoire: des mains jointes sont des mains vides. Voilà ce qui est grand, voilà ce que l’évangile vient de nous présenter comme quelque chose de grand. D’avoir les mains jointes parce que vides pour laisser Dieu les remplir. C’est si beau de ne rien avoir, de tout attendre du Bon Dieu ! (petite Thérèse)
Quand Jésus invite les siens à accepter ce don admirable de déposer nos mains dans les siennes, il semble à première vue, à vue très terre-à-terre, qu’il nous demande de nous dépouiller de tout. Mais un autre sens existe : celui de lui offrir nos mains jointes parce que vides, parce que nues; c’est un geste non pas de dépouillement, mais de revêtement. Nous laissons Dieu nous revêtir de lui-même; nous laissons Dieu nous revêtir de son projet de mener une vie toute simple.
Une vie toute simple… sans rancœur. Des mains vides, des mains nues dépouillées de rancœur, dépouillée de domination, capables de devenir semblables à cet enfant et non à ces enfants, dit Matthieu. Des mains jointes nous délient de nous-mêmes. Être petit n’est pas être pauvre, c’est être détaché. L’oraison hier, disait: accorde-nous, Seigneur, de pouvoir t’adorer sans partage.
Ici, dans cette maison de prière, nous cherchons non à nous remplir les mains, mais à les vider. On entre ici, on demeure ici pour rechercher ce qui n’est pas compliqué. Ce serait contre l’esprit de François. On vient ici pour goûter le rapetissement de Jésus et l’imiter. Pour goûter son humilité. Ce mot résonne de travers aujourd’hui. Il est compris comme l’écrasement de mon moi. Alors qu’il implique la reconnaissance de ce que je suis, pas plus, pas moins.
Lors d’une récente audience, le pape François disait: je voudrais vous demander – et aussi à moi-même -, mais ne répondez pas à voix haute que chacun réponde dans son cœur « Comment va mon humilité? » Comment se porte ma petitesse ?
Être petit. C’est à eux que Jésus confie son Église, son évangile. L’appel ne se base pas sur la grandeur de nos forces humaines, mais sur la disponibilité à se laisser guider par le don de l’Esprit. Rien ne prédestinait David, ce gardien de troupeau, à devenir ce roi qu’il a été. Rien ne prédestinait Moïse, Jérémie et bien d’autres. On peut bien professer avec exactitude la foi évangélique, mais cela est sans valeur si cela ne passe pas par une pratique évangélique.
Dieu est tellement tombé en amour avec ce qui est petit et il nous a choisis pour cela. Il ne propose pas d’alternative, si bien que la voie d’enfance spirituelle est la seule possible pour le chrétien. Il s’agit du retournement de la nature en grâce qui est le propre de l’Évangile.
À nous de joindre nos mains, parce que vides, recevant ainsi la grâce Dieu.