2017-A-Mt 5, 33-37- samedi 10e semaine ordinaire- reflet de la vie divine
Année A : samedi de la 10e semaine ordinaire (litao10s.17)
Mt 5, 33-37 : moi, je vous dis, un reflet mystique de la vie divine
En ouvrant sa deuxième Lettre aux Corinthiens, Saint Paul leur écrit que Jésus n'est que «oui» et qu'en ce «oui», cet amen, se réalisent toutes les promesses de Dieu (2 Co 1, 20). Il ajoute que Timothée et lui ne sont pas allés chez eux, à la fois «oui» et «non». Ils ont toujours parlé, ils ont pensé avec les paroles de Jésus et ils vivent imprégnés des paroles de Dieu. Leur seule consolation repose, écrit-il, sur leur «oui» intégral au «oui» de Jésus. Il n’y a en eux, fait-il savoir aux Corinthiens, aucune contradiction entre leur manière de vivre et leur annonce de Jésus. Que c'est beau !
Matthieu prévient les auditeurs de la montagne, fatigués de ce qui se vit dans la vallée et qui écoutent avec ravissement Jésus, du danger de mener une double vie, une fois redescendu en bas dans la vallée. Cette portion du sermon est une mise en garde du risque de parler de Jésus, mais sans vivre Jésus. D'être croyants et pharisiens. D'honorer Dieu des lèvres sans l'insérer dans son cœur. En redescendant de la montagne, tout au bas dans la vallée, que d'occasions avons-nous d'opter pour le «oui à moitié», le «oui, mais», le «oui, mais demain».
Une vie scandaleuse, c'est dire une chose et faire l'autre. On peut diplomatiquement dire «oui», mais dans les faits, dans notre for intérieur, c'est «non». Il y a des «oui» diplomatiques qui sont des «non». Un psaume chante cela: Que non seulement ta voix chante les louanges de Dieu, mais que tes œuvres s'accordent avec ta voix (Ps 146, 2). Quand tu auras chanté avec ta voix, tu te tairas ; chante avec ta vie de manière à n'être jamais silencieux (Ps. 146, 1). Malheur à celui qui a le cœur double, dit l’Ecclésiastique (2, 14, Vulg.).
Il y a une tendance toujours présente de vouloir les deux mondes : celle de l'option Jésus sans rejeter l'option monde. Foi et mondanité spirituelle ne font pas bon ménage. Ce sont là des signes d'un manque de convictions intérieures et [d]'une obsession trop grande de nous-mêmes, exprimait le pape lors d'une rencontre récente avec la Conférence des évêques d'Italie[1] .
En bas dans la vallée existe cette fâcheuse tendance à oublier la seconde partie de ce que Matthieu exprime plus loin : soyez rusés comme des serpents, soyez doux comme des colombes (Mt 10, 16). Le parcours des béatitudes se réalise si nous passons aux actes. À quoi peuvent servir de beaux principes privés de concret ! Cela se nomme une spiritualité désincarnée qui nous fait perdre l'incontournable proximité avec nos proches.
Ce sont nos infidélités à passer aux actes, nos compromissions, nos tiédeurs, nos ambiguïtés qui sont les plus lourdes hypothèques à l'évangélisation. Nous préférons accuser le peu de foi de nos opposants plutôt que de vérifier la profondeur de notre authenticité. Nous sommes souvent les responsables de la condamnation qui s'abat sur notre Église, sur nos communautés. La grâce du «oui» ne sera jamais une grâce à bon marché.
Ce matin, signons nos vies avec la réponse de Marie : qu'il me soit fait selon ta parole. Toute sa vie, Marie a conservé dans son cœur sa réponse. Ce ne fut pas un «oui à moitié». Elle a vécu sa réponse avec une telle profondeur qu'on a peine à faire de même.
Je conclus par ces mots d'une homélie grecque du IVe siècle: ce moi, je vous dis, est un reflet mystique des coutumes de la vie de Dieu. AMEN.