2017-A-Mc 12, 13-17 mardi 9e semaine ordinaire- fuir le monde, tentation bien actuelle
Année A: mardi de la 9e semaine ordinaire (litao09m.17)
Marc 12, 13-17 : la fuite hors du monde, une tentation très actuelle
Nous sommes tous des menacés. Nous sommes tous à des niveaux différents des «accros» aux idoles du moment. Aux César du moment. Aujourd'hui, les César ont les noms jeux de hasard ou numériques, spéculations, culte de l'image, etc. Jésus, en refusant de répondre de qui est cette effigie, ouvre plutôt un chemin de dialogue. Au lieu de mettre de l'huile sur le feu, Jésus préfère atténuer le risque d'incendie sans pour autant taire la question soulevée.
Tout au long de sa courte vie publique, Jésus n'évite pas les questions. Elles sont parties intégrales de tout cheminement. Devant des questions qui, de toute évidence, sont des pièges, Jésus atteste qu'il n'est pas en compétition avec personne, fut-il César. Jésus n'est pas un déraciné du monde réel. Il n'a jamais eu envie de fausser compagnie à la société. Dans l'esprit de Jésus, le spirituel couche dans le lit du temporel (Charles Péguy).
Son projet de vie n'est pas de nous enfermer dans une bulle protectrice. C'est plutôt le contraire. Jésus invite à s'engager dans la société. Jésus reconnaît l'importance d'une saine gouvernance. Il s'oppose à des leaders autocratiques qui font des lois pour les autres. Jésus encourage une éthique de la discussion qui était et demeure une attitude révolutionnaire...de paix. Jésus souhaite une gouvernance ensemencée d'une dose de mystique. D'une dose d'élévation, sans désirer une gouvernance théocratique.
Son projet de vie n'est pas une fuite hors du monde. Comment pouvons-nous même un seul instant concevoir qu'il faut fuir le monde pour se réaliser ? Jésus refuse l'aveuglement par la fuite en se réfugiant dans un monde inexistant. Jésus n'est pas déconnecté du réel. Présentement, aux États-Unis, un mouvement qui prend de l'ampleur veut «protéger» les chrétiens en les invitant à se retrouver entre eux dans des communautés hors d'atteinte des tendances actuelles. On appelle ce mouvement les «communautarismes» ou les fondamentalistes.
Par sa réponse à rendre à César et à Dieu ce qui leur appartient, Jésus ouvre une logique de communion plutôt que celle de construire des murs. Il évite la tentation d'une vie spirituelle désincarnée ou d'un matérialisme sans âme. Il vit que cela était bon. Ce fut le premier regard de Dieu et ce regard Jésus le maintien.
Il donne indirectement une définition de l'humain. En nous, humains, se vit deux réalités incontournables : nous appartenons à Dieu et à ce monde. Nous sommes des fils de Dieu et des fils de ce monde. Nous sommes à la fois d'en haut, et d'en bas. L'option Jésus n'est pas de fuir le monde pour se réaliser, mais de le transformer en vivant autrement. Ce n'est pas parce que tout le monde le fait qu'il faut le faire. Son appel à vivre hors du monde, vous n'êtes pas du monde (Jn 17, 14-18), n'aimez pas le monde (1 Jn 2, 15), loin de nous exclure du monde, nous en rapproche, sans pour autant nous faire esclaves des choses d'en bas.
Dans l'esprit de Jésus, nous n'avons pas à changer le monde afin qu'il soit comme nous le souhaiterions. Fort heureusement, le chrétien n'a pas à gérer le monde. Il ne doit pas non plus le fuir. Il est de notoriété publique que c'est la force d'un Jean-Paul II qui a contribué au démantèlement du rideau de fer. Jésus nous dit: rendez Dieu attrayant. Ce mot contient tout le projet Jésus. Un projet attirant de joie, comme l'exprime le psaume entendu, une joie tout empreinte de crainte, c'est-à-dire de respect, de proximité, d'amour.
Devant ses détracteurs, Jésus opte pour le principe de la loi de l'attraction. La loi de la contagion, celle de la joie de donner à pleines mains, à maintenir sa justice; [ainsi] grandiront sa puissance et sa gloire (Ps 111). Recevant en mai dernier les nouveaux ambassadeurs auprès du Vatican, le pape leur mentionnait le danger d'utiliser abusivement de la religion pour justifier la soif de pouvoir, l’instrumentalisation du saint nom de Dieu pour faire avancer par n’importe quel moyen son propre désir d’hégémonie. Soyons des chrétiens bâtisseurs de chemins de paix. AMEN.