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Année A : mardi de la 6e semaine de Pâques (litap05m.17)

Jn 16, 5-11: le chrétien ne parle pas de l'Esprit, mais dans l'Esprit

Nous approchons lentement du sommet de notre foi. Il y a eu le temps de l'avent, de Noël, du carême, du temps pascal. Nous entrons dans ce temps qui condense toute notre foi, celui de l'Ascension, présage de la Pentecôte. C'est un temps de recentrage de nos vies désormais cachées avec le Christ en Dieu (Col 3, 3), selon la très riche et belle expression de Saint Paul.

Nous avons eu cinquante jours pour apprendre à vivre en ressuscités. Maintenant, nous avons le reste de notre vie pour intérioriser la résurrection en nous. Comment cela va-t-il se faire ? En se hâtant de communier à l'Esprit saint, dit Guillaume de Saint-Thierry. 

Ce n'est pas en citant à tout bout de champ son nom, sa présence, que nous y arriverons. Ce n'est pas en parlant de l'Esprit, mais dans l'Esprit que nous manifesterons que nous sommes ressuscités avec le Christ (Col 3, 1). L'Esprit saint agit dans l'ombre. En coulisse. Il ne travaille jamais pour son compte. Il ne recherche pas sa propre gloire.  Nous devons respecter son effacement-présence dans le mystère de Dieu.

Il vous est bon que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; si je pars au contraire, je vous l’enverrai (Jn 16,7). Il semble bien que la mission de Jésus ait été de préparer la mission de l'Esprit saint qui parachève son plan divin pour nous. Sa mission est de parachever en nous notre rencontre quotidienne avec Jésus et son Père.

Jésus s'est fait chair, nous a fait don de sa vie, de sa mort, don aussi de son pain. Comme si ce n'était pas assez, il nous offre un don étonnamment plus précieux encore, son Esprit qui nous fait parents de Dieu (saint Silouane).  La naissance de Jésus serait incomplète sans le don de l'Esprit saint. Il ne suffit pas qu'un enfant nous soit donné, qu'un fils nous soit donné comme le chante la liturgie de Noël, il faut encore que l'Esprit nous soit donné pour que nous puissions entrer dans le secret de la vie intime de Dieu. L'Esprit nous fait des passionnés du Père et des passionnés des humains. 

Sur le plan humain, c'est la mésentente, l'incapacité d'entrer dans une relation vraie, ou de rétablir une relation authentique avec nos semblables, nos proches parfois, qui nous fait le plus souffrir. Nous sommes des êtres de relation. Pour sortir de nos tombeaux, de nos isolements, il faut une prise de conscience de nos brisures, de nos blessures. Il faut se parler, dit-on.

Dans la vie spirituelle, l'Esprit joue ce rôle de nous sortir d'une foi mercenaire qui ne travaille que pour son propre bénéfice et qui bloque toute relation vraie avec Dieu. L'Esprit nous sort d'une relation décevante avec Dieu. Il nous fait des êtres qui vivent de la «respiration» même de Dieu.  C'est le cadeau par excellence qui nous ouvre les portes d'un autre monde et sur une autre manière de vivre. Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu (Rm 8, 14). Vivre ainsi, c'est avoir une personnalité chrétienne.

Cette personnalité, la première lecture des Actes nous en a présenté le visage en la personne de l'apôtre Paul. Rien, pas même après avoir été roué de coups, jeté en prison avec les pieds coincés dans des blocs de bois (Ac 16, 23),  rien ne l'a dissuadé d'annoncer Jésus et de le faire connaître.

Quand ce même apôtre écrit à Timothée  je sais en qui j'ai mis ma foi (2 Tm 1, 12), il faut entendre qu'il parle de l'Esprit que rien n'arrête, même les obstacles et dérapages de chrétiens notoires, voire de ministres hauts gradés de l'Église. Mettons notre foi en lui et redisons-lui notre reconnaissance pour sa présence discrète en nous. AMEN.