2017-A- Mc 16, 9 -15- samedi octave de Pâques-va annoncer une autre chose
Année A: samedi de l'octave de Pâques (litap00s.17)
Marc 16, 9 -15 : va annoncer une autre chose
Nous passons durant cette octave de Pâques, d'un jardin d'Éden à un sol maudit (Gn 3, 17), à celui d'un jardin sublime, pascal, cette «autre chose», que nous offre Jésus ressuscité. Nous passons de la mort spirituelle du vieil homme à la naissance d’un homme nouveau dont il faut se revêtir (Ep 4, 22-24). Chacune des apparitions de Jésus parle de nouveauté à faire connaître. Allez proclamer à toute la création (Mc 16,15).
Devant cette lumière pascale à annoncer, l'intelligence humaine est impuissante à en saisir tout l'éclat. Cette lumière est trop éclatante pour pouvoir s'en emparer dans toute sa totalité. Nos yeux humains ne supportent pas de regarder cette lumière pascale très longtemps sans en être affectés, en être éblouis par son éclat, vaincus par son abondance, débordés par son immensité, confondus par sa profondeur (Saint Anselme).
Cette lumière pascale a ressuscité Paul qui affirmait que désormais ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20). Ces mots-expériences authentiques ouvrent sur une aventure, sur une route qui nous élève à une vie «autre chose» que celle d'un terre-à-terre, une vie à rechercher les choses d'en haut (Col 3,1). Pâques nous propose une autre vision du plan de Dieu sur le monde. Ne renonçons pas à avancer vers cette «autre chose» qui est éblouissement pour les yeux.
Ce que nous célébrons, en ces jours, était déjà anticipé dans la poésie des psaumes avec des images, des métaphores qui sont plus qu'une mélodie à chanter. C'est une mélodie mystère de vie. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce (Ps 19,1). Louez Yahvé depuis la terre, monstres marins et tous les abîmes (Ps 148,7). Voici, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Co 5,17; Ac 21,5).
Une série de déclarations de Jésus dans l’évangile de Jean, je suis le pain de vie (6,35), je suis la lumière du monde (8,12), je suis la résurrection (11,25), montre que cette autre chose émane de lui, que tout ce que nous contemplons mène à lui, vers lui, la voie, la vérité et la vie (14, 6 ).
Contemplons cette «autre chose» qui nous fait envisager le monde autrement et qui nous invite à vivre autrement. Cette «autre chose» n'est pas une simple croyance, mais une alternative radicale à tout ce qui détruit l'humain. Pour plusieurs, cette «autre chose» demeure une énigme (1 Co 13, 12). Cette «autre chose» n'est pas une page publicitaire, une simple nouvelle qui disparaîtra demain. Elle nous dissout dans l'esprit, écrit le théologien PAUL, André. (cf. Croire aujourd’hui dans la résurrection, Paris, Salvator, 2016). Elle engendre un état merveilleusement et mystérieusement conçu pour nous par l'Esprit de Dieu.
Laissons-nous dissoudre dans l'esprit de Jésus. Nous fondre dans cette vie «autre chose». Dieu ne fait pas les choses à moitié. Il dissout notre esprit d'en bas pour nous revêtir de son Esprit. Son incarnation, son abaissement, son dépouillement, son côté ouvert nous apprennent que c'est pour «cette autre chose» qu'il a souffert (cf. 1 Pi 2, 21).
Disons-lui notre «me voici». Nous sommes des envoyés, des témoins de cette autre chose auprès des hommes et des femmes de notre temps. Nous sommes des envoyés, non pour former un groupe exclusif, un groupe d'élite renfermé sur lui-même parce qu'il n'y a plus ni juif ni grec (Gal 3, 38), mais pour dire, dans des mots, des gestes et avec beaucoup de respect et d'amour, que tous, même ceux qui pensent être loin de Dieu, sont appelés à être ce peuple de Dieu. Entrez tous, dit Jean Chrysostome, dans la joie de votre Maître ; les premiers et les derniers, acceptez le salaire ; riches et pauvres, réjouissez-vous ensemble ; les sobres et les nonchalants honorez ce Jour. Ceux qui ont jeûné et ceux qui n’ont pas jeûné, réjouissez-vous de même aujourd’hui !
À votre contemplation : disons l’Alléluia ! C’est bon, c’est une joie, c’est plein de charme et de douceur ! Disons-le sans jamais nous en fatiguer. Seigneur, éveille en moi ta résurrection (Tolstoï). Amen.