2017-A-Jn 2, 1-11 -journée des malades: Dieu a du temps pour l'insignifiant:
Année A: samedi de la 5e semaine ordinaire (litao05s.17)
Jean 2, 1-11 : Dieu a du temps pour l’insignifiant
Peut-on prendre au sérieux cet homme-là quand il dit que l’eau peut devenir du bon vin, que sa chair est une nourriture, que les aveugles voient, que les péchés sont pardonnés ? Jésus console tous ceux qui pleurent, apaise toute faim, étanche toute soif, atténue tous les obstacles à la joie. Ce que fait Jésus semble trop beau pour être croyable et, pourtant, ce qu’il est et ce qu’il fait sont incroyablement beaux et saisissants. Il vient nous accompagner dans l’acceptation de la réalité de nos limites. À Cana, Jésus propose la thérapie de la présence.
Il est incroyablement beau ce Jésus qui agit avec compassion à la demande de sa mère qui observe le manque de vin. Cette certitude de Marie, qui demande aux serviteurs: tout ce qu’il vous dira, faites-le (Jn 2, 5), pousse Jésus à la compassion pour le maître de la noce qui va manquer de vin. Elle le fait apparaître miséricordieux. Jésus n’est pas seulement venu nous montrer sa proximité, il est aussi un Dieu miséricordieux.
En écoutant les doléances de sa mère, Jésus atteste qu’il est venu pour répondre à toutes les soifs, soulager toutes les maladies et infirmités, porter tous les soucis et préoccupations des gens. À Cana se profilent les traits distinctifs de la mission de Jésus : venir en aide à quiconque se trouve en difficulté et dans le besoin. La thématique de cette journée est axée sur l’émerveillement pour tout ce que Dieu accomplit.
Il est incroyablement beau ce Jésus qui répond à toutes demandes d’aide. Songeons à ce chef de la synagogue de Zaïre qui souhaite voir Jésus venir chez lui guérir son enfant (Mc 5, 21-43). Songeons aux disciples, paniqués sur une mer déchainée (Lc 8, 24). Songeons à cette demande de guérir un muet possédé que les disciples n’ont pu chasser (Mc 9, 17-29). Cana inaugure le commencement de la présence de Jésus, là où il y a des problèmes. Là où il y a de la souffrance.
Il est incroyablement beau ce Jésus qui donne de son temps, tout son temps, à ceux auxquels le monde refuse de donner du temps. Dans les mots du théologien méthodiste américain Stanley Hauerwas, Dieu a du temps pour l’insignifiant. Jésus favorise la logique de l’inclusion, pour parler le langage du pape François. C’est la logique de l’amour qui exclut d’exclure. Il manifeste une attention particulière à tous les gens oubliés, rejetés, pour leur redonner dignité et confiance en eux-mêmes. Jésus est disponible à tous les chercheurs de sens
Aujourd'hui, cette journée, consacrée aux malades, éveille, réveille à l’urgence de prendre son temps, de s’arrêter, de se faire tendresse de Dieu auprès des insignifiants. Auprès des impotents. Chaque malade, si handicapé soit-il, a un don à partager avec chacun de nous. Chaque malade est et reste toujours un être humain, et doit être traité comme tel (message du 11 février 2016). Auprès d’eux, il y a plus beau que de rêver d’une santé meilleure, c’est de les accompagner, par notre présence et écoute, à vivre en harmonie avec leur situation ; à vivre avec sérénité et grande paix intérieure ce qui leur arrive. Leur souffrance.
Il est incroyablement beau ce geste de Jésus de ne pas agir seul. Jésus pouvait agir seul. Il veut des coopérateurs (1 Cor 3, 9). Il compte sur nous pour bien infuser dans les cœurs un moment de sérénité au milieu de la souffrance. À Cana, il s’est servi des serviteurs pour remplir les cruches d’eau. Sur la montagne, il a demandé à ses disciples d’offrir eux-mêmes le peu de pain qu’ils avaient. Sous ce souci de Jésus de se faire aider se cache son appel : je vous ai choisi. Quelle dignité que ce choix ! Quelle redoutable responsabilité aussi ! Cela rend semblable à Jésus qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir (Mc 10, 45).
Cette visite à Cana ouvre sur un grand renversement. Ce sont les faibles, les brisés, les petits, les insignifiants, pour citer le théologien méthodiste, qui sont la pierre angulaire de l’évangile. Le centre de l’évangile. Cette visite ouvre aussi sur la plus grande des révélations de l’histoire : l’affamé, l’assoiffé, le prisonnier, le sans-logis, l’opprimé, le malade d'être aimé, c’est Jésus.
Faisons nôtre l’attitude de Marie et présentons avec confiance à Jésus tous ces impotents qui longent nos routes. AMEN.