2017-A-Mc 7, 1-13 -mardi 5e semaine ordinaire- interdit d'interdire
Année A- mardi de la 5e semaine ordinaire (litao05m.17)
Marc 7, 1-13 : il est interdit d’interdire
Le discernement est l’un des piliers de l’attitude de Jésus devant ses détracteurs. Aujourd’hui, dans ses réactions face à ses disciples qui ne se lavent pas les mains, Jésus nous éclaire sur une manière de se comporter. Jésus ne cesse de revendiquer le droit de ne pas condamner les autres. En filigrane de tous les comportements de Jésus, il apparait qu’il est interdit d’interdire. On le constate aujourd’hui, les sanctions ne règlent pas le problème d’un comportement inadéquat. Observer matériellement ce qui est prescrit sans y mettre tout son cœur ne règle pas le problème.
Jésus ne veut pas qu’on impose un carcan, qu’on multiplie les détails de prescriptions et d’interdictions parce que cela maintient le peuple dans une attitude de soumission puérile. Jésus ne conteste pas que se laver les mains avant de manger est une question hygiénique; il ne favorise pas la pratique minimale de la loi, uniquement pour s’éviter une punition ou pour obtenir des avantages. Jésus vise plus haut que cela.
Il opte pour une maison à ère ouverte plutôt que d’ériger des murs inutiles. Il aime les vastes horizons. Son attitude infiltre du sang neuf dans les veines, du sang qui donne de la dignité aux personnes.
Le sang neuf: Jésus vise à ramener à l’essentiel, s’ouvrir aux autres qui, pour utiliser une expression favorite du page François, est la carte de l’identité chrétienne. En s’occupant d’observer jusque dans les détails de pres-criptions et interdictions, on ne pense qu’à soi. L’essentiel est de vivre transfigurés au plus profond de nous-mêmes et de mettre en pratique ce conseil de saint Jacques: venir en aide aux orphelins et aux veuves.
Cet essentiel s'est retrouvé récemment quand une jeune universitaire, à l’entrée d’un Dunkin' Donuts, a vu sur le trottoir un sans-abri qui ramassait des sous pour s’acheter un café. Elle s’est approchée, s’est assise près de lui et lui a offert un café et un beignet. Il lui a raconté sa souffrance de voir les gens qui ne le voyaient pas. Il supportait mal la personne qu’il était. Avant de se quitter, cet homme, Chris, lui a remis un chiffon sur lequel il a écrit: je voulais me suicider aujourd’hui. Mais grâce à toi, merveilleuse jeune fille, ce n’est plus le cas. Merci (Aleteia.org, 2017/01/15).
On ne réalise pas comment un simple café peut sauver une vie. Comment il est important de faire attention aux autres et de se rappeler que nous sommes tous des êtres humains. Nous avons tous besoin d’attention, peu importe notre situation matérielle. Notre bonté les uns envers les autres peut faire la différence, elle peut tout changer. Et c’est cette bonté qui se dégage de la réaction de Jésus face au lavage de mains.
Voilà une invitation, ce matin, à faire nôtre la logique de Dieu qui est de nous mettre en chemin vers les autres. À toutes les pages de l’évangile, la bonté est sa priorité. Il ne passe pas son temps, il ne perd pas son temps à tout centrer sur une pratique sans cœur. Il favorise la logique de la rencontre, de la proximité, la logique de l’inclusion et non de l’exclusion des « pas corrects».
Dans notre cœur, il n’y a pas que des points d’ombre, il y a ce que saint Jacques décrit dans son épitre les dons les meilleurs, les présents merveilleux. Ces dons les meilleurs, ces présents merveilleux, ce sont les dons du Saint-Esprit : amour, joie, paix, patience, serviabilité, bonté, douceur, maîtrise de soi (Gal 5). Il faut parfois combattre vigoureusement en nous la tendance à ne voir que soi, pour les mettre en pratique.
Formalisme, légalisme, ritualisme, ce sont là autant de fausses perfections, autant de fausses religions que Jésus démasque par son refus de condamner l’oubli de se laver les mains pour privilégier la rencontre des autres non en théorie, mais en pratique. AMEN.