2017-A-Mc 2, 13-17- samedi 1er semaine ordinaire -Lévi ou réformer ce qui est déformé
Année A : samedi de la 1re semaine ordinaire (litao01s.17)
Marc 2, 13-17 : Lévi où l’histoire de réformer ce qui est déformé
Nous aimons tous des histoires qui finissent bien. Cette page nous en offre une très belle, presque inimaginable. Jésus ne rend pas beau ce qui est laid en Lévi. Il ne rend pas bon ce qui est mauvais. C’est une belle histoire de transformation comme celle d’un Saül, tombé de son cheval. Histoire qu’on retrouve au cœur de tous les témoi-gnages d’hommes et de femmes qui ont vraiment rencontré Jésus. Jésus nous parle de transformation. De ren-versement à 180 degrés.
Lévi est un protégé de Jésus qui, après l’éblouissement d’une première rencontre, n’a pas reculé, n’a pas fait marche arrière. Il a compris, lui le «protégé», le «regardé» comme tant d’autres, que sa plus grande faiblesse, l’amour de l’argent, devenait le lieu où Jésus est venu le rencontrer.
Mon étonnement. Cette rencontre n’a pas été une simple illumination, exaltation d’un instant, une folie de jeu-nesse qui a basculé à l’entrée des quarante ans, appelé les démons du midi, dans une complète remise en question de son choix. Cette rencontre a tellement changé tout l’intérieur de Lévi, qu’elle a duré toute sa vie. Cette rencontre a recréé Lévi. Elle l’a fait nouveau, totalement nouveau. Cette bonté de Jésus à son endroit a choqué. Plus encore, elle a scandalisé les intellectuels de la religion, pour citer le pape François.
Ici, nous sommes tous passés par cette exaltation d’être des «regardés». Est-ce que cela dure encore ? Est-ce que nous saisissons que notre souffrance de ne plus vivre cette exaltation peut devenir un moment favorable qui attire le regard de Jésus et qui nous fait passer à nouveau de moi à lui ?
Être transformé, c’est plus que de ne pas tuer, plus que d’assister religieusement aux offices de vos journées, plus que d’être moins méchants que les autres, plus qu’une simple chirurgie pour éliminer les rides, plus qu’un souci esthétique de redonner un air de jeunesse. Être transformé, c’est laisser Jésus nous rénover de l’intérieur. Cela engendre un renversement en profondeur. Un changement de culture, de mentalité.
Lévi est le signe de ce renversement, de cette transformation; tout recroquevillé sur ses avoirs, il se tourne vers les autres. Il devient vivant pour les autres, ce «lieu» qui atteste de la proximité de Dieu en moi. Sauvé par cette rencontre, il devient «sauveur» à son tour. Jésus n’a pas fait œuvre de maquillage. Il a recréé Lévi. Il l’a fait tel-lement nouveau, homme nouveau, que cela a scandalisé les experts en religion.
Lévi, c’est l’histoire de la rencontre du Ciel et de la terre qui sera toujours une initiative de Dieu, une initiative descendante de Dieu pour donner à l’homme de monter vers lui. Le Ciel rend sacré la terre qu’il rencontre. Mieux encore, le Ciel révèle que la terre est sacrée, que ma vie est sacrée, que mon quotidien est la porte qui permet à Dieu de faire en nous sa demeure. Sa maison. Quel beau retournement. Quelle belle transformation !
Ce qui pèse, ce qui est laid, ce qui est lourd, ce qui est sans vie, ce qui nous fait tomber sur le chemin, ce qui nous écrase, voilà la porte d’entrée que Dieu utilise pour s’inviter à bâtir en nous sa résidence principale. Il suffit d’entendre un appel: suis-moi, et d’accepter que sa puissance se déploie dans ma faiblesse (2 Cor,12). D’accepter que nos failles soient la faiblesse de Dieu.
Ici, savons-nous quand cette histoire est devenue la nôtre ? Quand a-t-elle commencé en nous ? Comment se continue-t-elle en nous ? Dans notre Église. Dans notre monde déchiré. Notre quotidien avec ses malheurs, le poids de la routine, nos endormissements, nos éloignements, nos soucis, nos murs entre nous sont les portes d’entrée de Dieu pour transformer en bonheur tout ce qui nous arrive.
Demandons, en ouverture de ce temps ordinaire, la grâce de vivre et de maintenir bien vivant en nous ce renversement qu’apporte Jésus. Avançons avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours (He 4, 16). AMEN.