2016-A-Mtt 9, 35-10, 6-8 - samedi 1er semaine avent- l'égaré, si c'était Jésus
Année A: samedi de la 1ère semaine AVENT (litaa01s.16)
Matthieu 9, 35-10, 6-8 : et l'égaré, si c'était Jésus
Être présent, être là, être avec, il n’y a aucun autre chemin pour annoncer Jésus. C’est aussi le secret pour dire Noël. Parler, vivre, cheminer avec les gens, souffrir avec eux, favoriser la rencontre par tous les moyens avec ceux qui vivaient près de lui, croyants ou non-croyants, distants ou agnostiques, voilà ce que fut la vie de Jésus. Voilà comment faire Noël.
Au lieu de se lamenter de voir des foules désemparées et abattues, de déplorer le manque de ressource, de multiplier des rencontres pour discuter de la relève, Jésus fut pris de compassion. Jésus est descendu pour établir sa demeure dans les bas-fonds de l’humanité, pour aller à la rencontre de toutes les pauvretés de l’humanité, pauvreté de la richesse matérielle, pauvreté de la santé, pauvreté de pays. Jésus s’est contaminé par tout ce qui bafoue la dignité humaine.
Il ne s’est pas contenté de s’émouvoir ou d’éprouver de la tristesse. Il rejoint les désemparés dans leur situation. Il s’est revêtu de faiblesse (He 5, 2) pour inaugurer une alliance nouvelle qui n’exclut personne, peu importe s’ils sont en odeur de sainteté ou pas. Jésus ne s’arrête pas à l’apparence (cf. 1 Sam 16, 7). Il dirige son regard vers le pauvre, celui qui a l’esprit abattu (Is 66, 2), vers tous les Lazare d’aujourd’hui dont nous sommes partie prenante. Ne pas reconnaître cela, c’est tourner le dos à Dieu. C’est tourner le dos à notre Dieu.
Dieu, dans son dessein d’amour, ne veut exclure personne, mais veut inclure tout le monde (Pape François, jubilé des exclus). Jésus est descendu donner la main à chaque humain qu’il a placé au sommet de la création, mais souvent rejeté, car on aime mieux, c'est un paradoxe, le moins beau que l’humain.
Quand Jésus entre dans la synagogue, à Nazareth, pour la première fois, et qu’on lui donne à lire le prophète Isaïe, il se présente comme l’envoyé pour libérer les opprimés (cf. Lc 4, 18). Comme l’envoyé pour entrer dans nos détresses et les vivre avec nous. Il a refusé de vivre renfermé sur son bonheur de fils de Dieu.
Jésus ajoute à ses disciples, et c’est une déclaration étonnante, qu’ils seront des bonnes nouvelles s’ils regardent, avec considération, les rejetés, les marginalisés en leur montrant de la proximité ; s’ils reconnaissent Dieu dans chaque personne et luttent pour que d’autres le découvrent aussi (cf. Pape François).
Ce qui intéresse Jésus ce n’est pas le succès, les gestes d’éclats, c’est d’être avec les désemparés. C’est d’être authentiquement humain. Pour nous dire cela, il ne fait aucun discours, il nous offre une image à regarder. Allez vers les brebis égarées. Cette demande de Jésus nous décentre de nous-mêmes, de nos sécurités égoïstes. Cette image est un modèle de vie et non une législation de plus à observer.
Isaïe, tantôt, percevait bien dans cette image ce modèle de vie de Dieu. Le Seigneur te fera grâce..., te donnera du pain dans la détresse..., de l’eau dans l’épreuve...; il ne se dérobera plus et tes yeux verront..., tes oreilles entendront une parole : voici le chemin, prends-le.
Le beau cadeau de Noël à offrir à nos proches, c’est de nous arrêter, nous asseoir, toucher, sourire à ceux dont nous sommes moins proches. Une œuvre d’art quand elle n’est pas transmise ne vit pas. Transmise, elle guérit des cœurs, ressuscite des vies, expulse toutes les tentations d’en finir avec la vie. Il n’y a pas d’autres chemins pour dire Noël, pas d’autres moyens que de longuement contempler la brebis égarée de son Royaume qu’est Jésus.
À votre contemplation: réveillons-nous autant que nous pourrons... une fois secoué le sommeil de notre vieille paresse, soyons attentifs à observer et à mettre en pratique les préceptes du Seigneur (Saint Cyprien vers 258). AMEN.