2016-A-Luc 10, 21-24- mardi 1er semaine avent- un grand déménagement s'impose
Année A : mardi de la 1ère semaine avent (litaa01m.16)
Luc 10, 21-24 : un grand déménagement s’impose
Père du ciel et de la terre, je te rends grâce. Ces mots font partie de la grammaire de la foi. Ils sont l’abécédaire pour mettre Dieu au jour dans les cœurs des autres (Sullivan) et dans le nôtre. Ces mots sont une voix puissante pour reconnaître que Dieu existe, que Jésus est descendu vers nous, qu’il a mené une vie humaine exemplaire, sans erreur de parcours, mais nous peinons à entrer dans son propre mystère d’envoyé du Père. Cette page de Luc nous en indique le chemin : contempler le Père. Louer le Père. Il s’agit de l’attitude première de ceux qui veulent que Noël soit une naissance en Dieu et une naissance de Dieu en eux.
Pour réaliser ce désir de voir Dieu naître en nous, il faut nous donner une manière écologique de vivre. Celle de déménager d’une vie où l'opium de la surabondance nous encombre, ou tout au moins de désirer d’en posséder davantage, à celle de la simplicité de vivre non seulement désirable mais possible parce que qu'elle est autre chose que la misère ou la pauvreté et qu'elle ouvre sur un appel à l’appréciation.
L’avent nous propose d’entrer dans un grand déménagement : de passer de l’inhabitable où l’encombrement étouffe, il n’y avait pas de place dans l’hôtellerie, à ce lieu habitable, accessible qui est de vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre (Gandhi). La question à nous poser en ouvrant ce temps préparatoire à Noël: quel genre d’humain voulons-nous devenir ?
En nous, il y a deux mondes tout à fait différents, deux modes d’existence, celui de vivre avec du surplus en abondance et celui de vivre avec le nécessaire et l’utile; celui axé sur les choses d’en bas, l’éphémère, et celui axé sur l’intérieur, que les mites ne peuvent ronger (cf. Mt. 6, 19-20). Pour vivre Noël en chrétiens, sommes-nous prêts à payer le prix d’une vie simple où Jésus trouvera place ? Sommes-nous prêts à payer le prix pour voir Dieu demeurer en nous ?
Pour discerner dans lequel des deux mondes, de ces deux noëls, je vis, celui issu de la consommation, ou celui de la simplicité de l’évangile, demandons-nous si nous sommes le changement que nous voulons voir dans le monde ou si nous souhaitons seulement ce changement pour les autres.
Le chemin pour passer d’une économie de consommation à celui d’une économie de partage est celui de la louange. La louange fait-elle partie de nos conversations quotidiennes ? L’attitude de Jésus proclamant sa louange au Père dépasse-t-elle nos capacités humaines ? Le psaume nous demande-t-il l’impossible quand il affirme que toujours sa louange est dans ma bouche (Ps 34, 1) ?
Pour savoir comment il est possible de mener une vie de louange, regardons Jésus. Contemplons Jésus. Même aux heures de grande souffrance, aux heures de rejet par son peuple, il s’élevait jusqu’à louer le Père pour le calice qu’il lui offrait à boire. La louange est le sommet de la vie chrétienne. De notre avent.
Jésus exaltant son Père indique que notre exercice ici bas doit être la louange de Dieu. Augustin précise que nous devons être ce que nous serons dans l’éternité. Une vie de louange nous fait créature nouvelle, nous fait chanter un cantique nouveau.
Quelle belle manière de vivre que déjà chanter ce qui sera notre chant près du Trône de l’Agneau : amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen (Ap 7, 12) ! Beaucoup demandent à Dieu avec instance ce qui leur manque, mais on n’en voit qu’un petit nombre qui semble reconnaissant des bienfaits reçus.
Heureux, les yeux qui voient ce que vous voyez venir... des jours ou le loup habitera avec l’agneau. Devenons louange pour ce jour qui vient et nous mettrons Dieu au cœur des autres (Sullivan). AMEN.