2016-C-Mtt 25, 31-40- Bienheureuse Mère Émilie Gamelin
Année C : samedi de la 25e semaine ordinaire (litco25s.16)
Matthieu 25, 31-40 ; 1 Co 12,31-13.13 : Mère Gamelin, femme, providence de Dieu
Tout humain, croyant ou pas, soupçonne qu'il a un grand besoin d'aimer, une grande soif d'aimer. Cela s'exprime par différents chemins. Mère Gamelin trouva ce chemin dans sa proximité avec les maganés, les sourds-muets, les vieillards, les malades mentaux. C'est près d'eux qu'elle a planté sa tente (Ap 21, 3). La terre sacrée de l'autre (EG # 32) était sa résidence principale. Auprès d'eux, elle a contemplé le Dieu de sa foi. Son regard n'était pas un regard élevé vers les hauteurs célestes, mais incliné vers la terre (lettre Contempler, # 37).
Pour elle, son amour pour les petites gens était un acte de contemplation (Cf. EG # 199). Son empathie envers eux était son chemin pour entrer dans l'intimité de Dieu. Elle regardait, contemplait la présence de Dieu dans ces personnes qu'elle traitait comme des rois, pour citer Jean-Paul II. Sa foi était incarnée et non une foi laboratoire (Contempler, #7). Ses yeux comme une flamme ardente (Ap 19, 12) réchauffaient les coeurs.
Arrêtons notre regard sur la beauté de cette vie qui provient de l'oubli d'elle-même, de la confiance en la Providence et de sa joie de croire. Autant d'avenues qui ont fait reculer la misère. Autant d'avenues démontrant sa compassion sans limites.
Cette vie dont Paul trace la beauté dans la première lecture, touche et élève nos voix à rendre grâce à Dieu. Rendre grâce parce qu'elle s'est laissé toucher par la Parole et elle l'a fait advenir dans son existence concrète (EG # 149). Rendre grâce parce qu'elle s'est tenue loin de la mondanité spirituelle qui consiste à rechercher ses propres intérêts sous le couvert d'une démarche religieuse (EG, # 93). Rendre grâce pour sa vocation à la charité (homélie, pape François, 4/9/16)
Robert Lebel décrit bien la vie de Mère Gamelin. Comme lui, savoir dresser la table, comme lui, nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour, comme lui. Comme lui, elle s'est refusé de passer outre sans s'arrêter. Comme lui, elle s'est refusé de dire que cela ne me regarde pas, que cela ne m’importe pas. Comme lui, elle a aimé en acte et en vérité (cf. 1 Jn 3, 18). Elle a choisi d'être providence de Dieu plutôt que de tout centrer sur elle-même. Dans la joie de l'évangile, le pape dit cela autrement : elle est sortie pour offrir à tous la vie de Jésus (EG, # 49).
Sa vie fut une suite de petits miracles. Avec le peu qu'elle avait, elle a multiplié de petits gestes anodins, des gestes d'attention, pleins de miséricorde, de compassion. Au lieu de faire de beau discours sur les détresses de son temps, elle a ouvert des maisons d'hébergement.
Avec ses mains, sa proximité, ses caresses, son écoute, elle a rendu visible la loi du Christ, celle de porter les fardeaux les uns des autres (cf. Ga 6, 2 ; Jn 13, 34). Pour utiliser une expression favorite du pape François, elle a touché de ses mains la chair du Christ.
Sa vie fut un miracle de la foi, de la compassion et de l'amour. Ce qui est très beau, c'est que ce miracle de la multiplication de petits gestes se poursuit par d'autres compagnes qui font tant de bien aux malades mentaux au risque d'y laisser leur vie, aux vieillards, aux sourds et muets, aux migrants et clochards; elles les hébergent à coût modique, voire nul.
À votre contemplation: nous laisser étonner par ce Jésus qui invite des personnes simples, comme Mère Gamelin à la suivre. En répondait à son appel, Jésus met ces personnes en communion avec ses préférés. Il les mandate d'être en son nom des instruments concrets de sa miséricorde auprès d'eux. Puisse Mère Gamelin nous indiquer le bon chemin pour ne pas laisser notre monde nous enlever la joie d'être des disciples de Jésus. Amen.