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 Année B : Samedi 33e semaine ordinaire (litbo33s.15)
Matthieu 12, 46-50 : nous glisser dans le cortège des mères de Dieu

On peut appliquer à Marie ces paroles du Père : Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné sa Fils (Jn 3, 16). Marie a tant aimé le monde, chacun de nous, qu’elle nous a donné son Fils.  Qui est ma mère ? Jésus est dans sa personne un consacré au Père.  Marie dans sa personne est aussi une consacrée au Père. Comme son Fils, elle n'existait que pour faire la volonté du Père sur elle qui est une dynamique de confiance entre deux personnes plutôt qu'une obéissance stérile à une série de règles. En entrant dans cette dynamique de confiance,  Jésus nous voit comme sa mère et les mères du monde.

Consacrée à Dieu dès sa naissance, Marie est immaculée, chef d’œuvre de la grâce, comblée de grâce. Toute resplendissante, sans tache ni rien de tel, mais sainte et immaculée (Ep 5, 25-27). En elle habite toute la Plénitude de Dieu (Col 1, 19). Consacrée à la douleur. Un glaive transpercera ton cœur, lui dira Syméon (Lc 2, 34-35). Jésus, écrit Péguy, a pris tous les péchés, la mère a pris toutes les douleurs. Un auteur spirituel du Moyen-âge dit sublimement la même chose : Au Calvaire, [...] celui-ci immolait sa chair, celle-là son âme. Consacrée à mener une vie de compassion, ce mot qui conduit à Marie, dit Catherine de Hueck. Consacrée à garder fidèlement les paroles de son Fils (Lc 2, 20) jusqu'à être dans sa personne, femme eucharistique  comme l’a admirablement affirmée saint Jean-Paul II. 

Par son oui à l’Annonciation, il se produit en Marie quelque chose d’entièrement nouveau : elle devient premier temple de Dieu puisque le Verbe habite en elle (Jn 1, 14).  L’Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre.

Ce qui est le plus extraordinaire de tout, le plus merveilleux, le plus exceptionnel, c’est que cette vie consacrée n’est pas l’exclusivité de Marie. Qui est ma mère, qui sont mes frères, mes sœurs ? Et Jésus répond : Tous ceux qui mettent en pratique la parole de Dieu (Lc 8, 21). Tous ceux qui ont une familiarité profonde avec la Parole de Dieu et qui, ce faisant, font naître Dieu dans les cœurs, sont les mères de Jésus. Y-a-t-il plus beau cela ?

Ce matin, nous approchant du point final de l’année de la vie consacrée, la fête de la présentation de Marie nous appelle et rappelle dans un monde où le sentiment d’être orphelin de Dieu est très fort, l'urgence de devenir  des Marie, des consacrées habitées par une Présence, des consacrées à être des «mères» capables de faire naître Jésus dans les cœurs.  De réveiller les cœurs.

À une autre époque, l’abbé Isaac disait que notre âme aussi est mère. En chacun de nous il y a un besoin qui monte de nos profondeurs et qui nous pousse à donner naissance à quelqu'un, à Dieu dans les cœurs.  Ce besoin n'est pas tuable tant il est viscéral.

En entrant dans le Temple, Marie l'a illuminé tant elle était lampe allumée. Au cœur de notre monde, les baptisés et de manière plus spéciale toutes les personnes consacrées sont des lampes allumées comme celle qui brille devant le Tabernacle. Cette lampe ne dit pas : voyez comme je brille, regardez-moi. Elle affirme une Présence.

Heureuse cette entrée au Temple de Marie ! Heureuse cette consécration de Marie à faire la volonté de Dieu sur elle ! Et le psaume que nous venons de chanter, nous associe à la vocation de Marie.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, vêtue d'étoffes d'or ; on la conduit toute parée vers le roi.  Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au parlais du roi.

Puissions-nous nous glisser dans ce cortège ! AMEN.