VIVRE COMME DES PAROLES DE DIEU ((1 Pi 4,11)
CAUSERIE # 2
VIVRE « COMME DES PAROLES DE DIEU (1 P 4, 11).
INTRODUCTION :
La Parole de Dieu est plus vaste que la Bible : « on ne doit pas l’identifier avec la Bible », écrit le document de travail sur le Synode (no 9). La parole de Dieu, « celle qui est toujours vivante parce que proclamée » (instrument de travail no 9), est ce qui nous fait chrétien. Elle est notre raison d’être. Elle est vie quand nous la vivons sinon elle devient une « lettre qui tue ». Elle est nourriture si nous en goûtons sa douceur. « Nous devrions souvent , dit saint Albert le Grand, être nourris par sa douceur ». Elle appelle à être mise en pratique.
Nous existons pour vivre «comme des paroles de Dieu » (1 P 4, 11). Nous avons mission de vivre « comme des paroles de Dieu ». La nouvelle évangélisation repose entièrement sur notre vouloir vivre « comme des paroles de Dieu ». Elle repose sur des évangélisateurs, des catéchètes évangélisés. Seul des «évangélisés» sont en mesure d’évangéliser. « Seule une Église évangélisée est en mesure d’évangéliser » (IV CELAM, Nouvelle évangélisation, promotion humaine, culture chrétienne, 23.)
Pour être d’authentique « évangéliste », catéchète, il faut d’abord être un bon croyant. Pour devenir bon croyant, il faut laisser la Parole nous « travailler ». Il faut montrer que la parole de Dieu n’est pas en nous une « lettre morte », qu’elle nous habite, nous transforme. Nous sommes « habités » par quelqu’un et non pas « vides », disait Thérèse d’Avila (Chemin de perfection, #48, 2). La « nouveauté » apportée par Jésus se fonde sur un style de vie. Si la « parole de Dieu » est vraiment à la base de nos vies, notre style de vie fera « autorité ». Nous parlerons, agirons avec « autorité ».
Seul ceux et celles qui portent l’Évangile dans leur cœur, qui vivent « comme des paroles de Dieu », qui la contemplent, qui la susurrent, la marmonnent, peuvent en parler comme un « trésor », en vivre comme une « semence » qui porte fruit. Cette tâche-là, nous ne pouvons pas la déléguer aux autres. Sans cette nourriture, nous ne résisterions pas aux tensions et oppositions actuelles. « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu » (Ac 6, 2). Ce passage des Actes fait allusion au fait que les apôtres étaient débordés par l’ampleur de la tâche d’évangélisation. La nouvelle évangélisation a besoin de croyants passionnés de Dieu, de son règne, de croyants « convertis » à la parole de Dieu. De croyants qui ne se contentent pas de fréquenter les Écritures, mais qui vivent « comme des paroles de Dieu ».
Attention ! Il ne suffit pas de se réclamer de la parole de Dieu. Il y a des façons de se réclamer de la parole et de s’en approcher qui sont très éloignées de l’expérience du ressuscité et de ses disciples. Par exemple, refuser le « déraisonnable », ce qui est « fou » aux yeux du monde, - la mesure de l’amour est d’aimer sans mesure - c’est de ne pas en vivre. Il faut être radicalement transformé en lui pour vivre « comme des paroles de Dieu », sinon nous devenons des contrefaçons de Dieu, des fac-similés qui attaquent gravement l’image que nous donnons de Dieu. Jésus s’est dit Dieu et il l’a prouvé. C’est aussi notre responsabilité.
La lecture de l’Écriture, son écoute, ne fait pas de nous des chrétiens. L’habit ne fait pas le moine comme le turban, le foulard ou le couteau porté en bandoulière ne font pas de vrais « pratiquants ». Ce qui identifie le chrétien, le musulman, le cheik, c’est la manière d’intérioriser (#43, document de travail) la parole de Dieu, le Coran, etc. C’est la manière d’en vivre. « Vivez-en, vivez-en, qu’on le sente », répétait Zundel. Pour François d’Assise, « vivez-en » signifie concevoir et enfanter le Verbe en nous.
Déjà à la fin du deuxième siècle, l’auteur de la Lettre à Diognète affirmait que « les chrétiens ne se distinguent pas des autres par leur pays, leur langue, l’habillement. Ils n’habitent pas des villes qui leur soient propres, n'emploient pas un dialecte spécial […] Ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire » (C’est moi qui souligne). Nous connaissons ce qu’Ignace d’Antioche écrivait sur la route de son martyr : « Maintenant je commence à être un disciple ».
En ouvrant le Synode, Benoît XVI offrait, durant la liturgie des vêpres, cette belle réflexion : « Si nous nous arrêtons à la lettre, nous n’avons pas nécessairement compris réellement la Parole de Dieu. Nous risquons de ne voir que des paroles humaines […]. Nous ne trouvons pas dans les paroles la Parole. Nous n’entrons pas ainsi dans le mouvement intérieur de la Parole, qui en mots humains, nous cache et nous ouvre les paroles divines » (Benoît XVI, le 6 octobre 2008).
Questions : Sommes-nous « honorés » présentement de porter le nom de chrétien ? De vivre « comme des paroles de Dieu ? » Le temps des chrétiens sociologiques est révolu. Les tièdes, je les « vomirai de ma bouche » (Ap 3, 16), dit le Christ. Nous reconnaissons les chrétiens, les « saints », dit Paul, en ce qu’ils vivent, parlent et agissent « comme des paroles de Dieu ». Qu’est ce à dire ?
CONDITIONS POUR VIVRE COMME DES PAROLES DE DIEU
1) en étant conscients de nos vases d’argile :
Pour Paul, vivre « comme des paroles de Dieu » passait par la fragilité de sa personne. Devant Paul, nous sommes en présence d’un géant de la pensée, d’un héraut de la foi ou encore d’une force d’action incroyable. Paul, c’est le surhomme, le tourbillon de Dieu, l’athlète du Christ, le coureur de la course.
Cette image d’un Paul fort, que rien n’arrête, fougueux et d’un « zèle » antichrétien qui « surpassait bien des compatriotes de son âge » (Gal 1, 13-14), d’un « homme irréprochable » (Ph 3,5-6), selon la loi, bardé d’un curriculum vitae exceptionnel, impressionnant – circoncis dès le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, pharisien formé à la meilleure école de la loi, celle Gamaliel, rigoureux pratiquant de la loi, « tous ses avantages dont j’étais pourvu » (Ph 3, 7s) – ne doit pas nous faire oublier qu’ il ne s’est jamais présenté comme un surhomme, mais plutôt comme quelqu’un qui a consenti à sa faiblesse parce qu’en elle, se déploie la puissance de Dieu (2 Co, 12, 9). Il se voit comme « un instrument de choix », « vase d’élection pour porter mon nom devant les nations païennes » (Ac 9, 15).
Toute la vie de Paul, son audace, sa spiritualité, est motivée par le fait qu’il se savait « vase d’argile » en qui Dieu a déposé, le « trésor » de « la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ » (2 Co 4, 6-7). « Je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, les détresses, les persécutions, les angoisses […]. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12, 10). Ce texte est le fondement de la vie et de la spiritualité de l’apôtre. Il ne montre pas un surhomme, mais un homme « tombé à terre » (Ac 9, 4). Sur la route de Damas, ce grand héraut, persécuteur de l’Église, est anéanti, pour ensuite se « relever, conduit pas un autre » (Ac 9, 8). Et c’est ainsi que, durant toute sa vie, il se met à vivre, « conduit par un autre », « comme parole de Dieu ».
Un mot résume la vie de Paul « comme parole de Dieu » : « vase ». Vase d’élection, vase d’argile, vase fragile, non pas « vase d’or ou d’argent » (2 Tm 2, 20). Un vase qui ne vaut que par son contenu. Ce n’est pas le vase qui est important, mais ce qu’il contient. « Ce n’est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous ; non, notre capacité vient de Dieu » (2 Co 3, 5). « Ce n’est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus » (2 Co 4, 5). Paul a conscience que sa vie « comme parole de Dieu », que ce « trésor » qu’il est, vient de Dieu. « Ce trésor, nous le portons en des vases d’argile, pour que cet excès de puissance soit de Dieu et ne vienne pas de nous » (2 Co 4, 7). « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4, 13).
Notons que cette « fragilité » qui se retrouve dans toutes les lettres de l’apôtre, celle aux Thessaloniciens : « nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous » (1 Th 2, 7), celle aux Corinthiens : « faible avec les faibles afin de gagner les faibles» (1 Co 9, 2), aux Romains (15,1) n’est pas un cri d’apitoiement. Paul nous apprend que tout ministère de vivre « comme des paroles de Dieu », repose sur notre capacité à nous laisser transformer comme l’argile dans la main du potier. Vit « comme une parole Dieu », celui qui a éprouvé comme une « écharde » que « notre capacité vient de Dieu ». Pour cela, il faut, dirait Térèse de Calcutta, avoir moins de « révérence » pour son « moi ». Il ne s’agit pas d’écraser le moi, encore moins de l’idolâtrer, mais de l’empêcher d’exister sans l’autre. Anthony De Mello parle d’un « moi sans l’autre », refermé narcissiquement sur lui-même. Il s’agit d’un « moi » libéré de lui-même. « Il n’y a de moi que là où le moi est libéré de lui-même » (Zundel).
Une chose devrait nous rassurer : cette dimension de « vase », de « fragilité », n’impose pas d’être des surhommes, d’être bardés de diplômes, mais simplement de consentir, d’accepter notre indignité, notre « poids d’être », dirait Lytta Basset, pour que se déploie la puissance de Dieu (2 Co 12, 9). Pour vivre « comme des paroles de Dieu », il faut éprouver jusque dans nos tripes nos infidélités, nos trahisons parce que c’est en même temps le chemin de toute expérience pascale. Il faut apprendre à ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes mais en Dieu qui ressuscite les morts, (ce qui est mort en nous) (2 Co 1, 9).
2) en menant une vie mystique
Quand nous parlons de Paul, c’est habituellement sa rencontre de Jésus sur le chemin de Damas qui nous revient en mémoire; cette rencontre que nous appelons la conversion de Paul. Mais Paul n’a jamais parlé de sa « conversion ». Il préférait parler de sa vocation. Le « merveilleux », l’expérience inouïe du chemin de Damas a fait de Paul le plus grand des mystiques. Sur ce chemin, comme il l’écrit aux Colossiens, il a fait l’expérience du « mystère inépuisable» (Col 1, 15-20) de Dieu qu’il décrit comme : « image du Dieu invisible » (15a), « premier-né de toute créature » (15b), « en qui ont été créées toutes choses » (16), « la tête de l’Église » (18a), «en qui Dieu s’est plu à faire habiter toute la plénitude» (19).
Dans cette lettre aux Colossiens, ajoutée à celle aux Éphésiens (3, 14-21) sur la connaissance de l’amour de Dieu, Paul affirme que « Dieu a révélé en lui son Fils (Ga 1, 16). La formulation est sobre. Une toute petite affirmation qui l’a fait « nouvelle création ». Et c’est ça, la mystique : un appel, une vocation, une grâce que Dieu nous fait d’être « créature nouvelle », de renaître en lui, d’être des « incarnations » de son Fils. La route de Damas s’est transformée en route mystique.
Paul a aussi bénéficié à plusieurs reprises d’apparitions de Jésus. « Il m’est arrivé, un jour que je priais dans le Temple, de tomber en extase. Je vis le Seigneur qui me dit : Hâte-toi, sors vite de Jérusalem car ils n’accueilleront pas ton témoignage » (Ac 22, 17-18).
À Corinthe, de nuit, dans une vision, Paul entendit le Christ lui dire : « sois sans crainte, continue de parler, ne te taie pas. Je suis avec toi » (Ac 18, 9). À Jérusalem, les Actes mentionnent que de nuit « le Seigneur vient le trouver » pour lui dire d’aller avec « courage » porter son témoignage à Rome.
Paul raconte lui-même son expérience mystique quand il écrit : « Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans, était-ce avec son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait, c et homme-là fut ravi jusqu’au troisième ciel. Et cet homme-là, était-ce en son corps, je ne sais, Dieu le sait, je sais qu’il fut ravi jusqu’au paradis et qu’il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme de redire. Pour cet homme-là, je me vanterai, mais pour moi, je ne me vanterai que de ma faiblesse » (2 Co 12, 1-9).
Tellement transformé en Jésus, qu’il a pu dire que sa « parole et son message n’ont rien des discours persuasifs de la sagesse », mais qu’ils sont une démonstration de l’Esprit et de la puissance de Dieu (1 Co 2, 4). Paul n’a pas voulu convertir personne. Il montrait tout ce que Jésus a été pour nous. C’était tellement beau que cela invitait à changer ses manières de vivre. Tellement mystique, qu’il pouvait dire «chaque jour je meurs » (1 Co 15, 31). Tellement mystique, qu’il nous exhorte à « vivre cachés avec le Christ en Dieu » (Col 3, 2-3). Tellement mystique et maître spirituel, qu’il nous apprend par sa vie, à « nous offrir à Dieu comme des vivants revenus de la mort » (Rm 6, 13). Tellement mystique, qu’il a payé de sa vie son union à Jésus. Paul vivait les deux pieds sur terre, mais son cœur était dans le ciel.
Transformés en mystique, vivre « comme des Paroles de Dieu », c’est montrer, laisser transparaître une présence, la laisser voir sans rien dire. Il ne s’agit pas de faire de la propagande, d’encombrer les autres de nos convictions. Il s’agit de laisser rayonner une présence, celle de l’Esprit de Dieu. « Comment la Parole de Dieu, comment Jésus, arrive-t-il dans ma vie », demandait Benoît XVI, lors de l’audience du 10 décembre dernier? La réponse fondamentale de Paul : il arrive au moyen de l’Esprit Saint. Et cet Esprit, comment peut-il devenir mon esprit, poursuit le Pape? En accueillant la Parole qui frappe à notre porte.
C’est ça, l’évangile. C’est ça, une vie mystique. Ce n’est pas quand nous parlons de Dieu en « moralisateur », en « légaliste », en s’époumonant ou encore comme quelqu’un d’extérieur à nous que nous rendons sensible sa présence. C’est quand nous vivons comme des « présences » de Dieu, c’est quand l’Esprit de Dieu devient notre esprit, alors nous devenons cadeau, don, lumière. C’est quand nous le « respirons » - le mot est de Maurice Zundel- que nous vivons « comme des paroles de Dieu ».
Qui peut refuser cette « présence », se demande Maurice Zundel ? Qui peut refuser d’être cadeau divin pour les autres ? Dieu nous fait cadeau d’être sa présence. Nous sommes chrétiens, nous vivons « comme des paroles de Dieu » quand nous sommes « présence ». Nous devenons chrétiens quand cette présence de Dieu prend toute sa stature en nous, quand cette présence nous fait mordre à la Vie. Il s’agit d’être une présence qui donne aux autres de découvrir qu’au centre d’eux-mêmes, se trouve quelqu’un qu’ils cherchent « dehors », alors qu’il est plus intime à eux-mêmes qu’eux-mêmes (Saint Augustin).
Le Père Buttet, au Congrès eucharistique de Québec (2008) donnait un bel exemple de cette force évangélisatrice que d’éprouver la présence de Dieu en nous nous transforme en présence de Dieu. Une petite fille de quatre ans à qui l’on demandait avec qui elle voulait aller à la messe, avec ses parents qui fréquentaient régulièrement l’eucharistie ou avec sa tante « Toto », répondit sans hésiter : « avec Toto ». Mais pourquoi, demande la mère ? Avec toute la spontanéité d’un enfant, elle répondit : « parce qu’elle, elle croît ». (ZENIT.org, mardi, 17 juin 2008). Nous sommes responsables de rendre présent Dieu. Le mystique Silésius disait que « Dieu sans moi ne pourrait vivre ». C’est l’ultime message de l’Incarnation.
Il n’est pas nécessaire de posséder un tissu de notions sur Dieu, d’avoir lu les derniers livres, de connaître par cœur des « paroles du Dieu ». Nous pouvons connaître par cœur le catéchisme, avoir reçu le premier prix en catéchèse et demeurer « incroyants ». Nous pouvons très bien parler des « paroles de Dieu », écouter des « paroles de Dieu » et les nier par nos manières de vivre et d’en vivre. Nous pouvons très facilement – et je cite saint Jérôme – « être emprisonnés et cacher Jésus sous la lettre ». (Lebel Robert, Saint Jérôme, la parole écrite, la parole Incarnée, Pro manuscriptio, Beauharnois, mars 2008). Nous manquons terriblement de cette dimension mystique qui donne du « merveilleux », de la grandeur, de la profondeur, de l’authenticité à nos vies.
3) en mettant la Parole en pratique par des « œuvres »
Nous ne vivons pas « décollés » de nous-mêmes ni « transformés » en forme de Dieu pour nous faire des provisions de grâce. Toute vie chrétienne authentique, du fait qu’elle nous transforme en Dieu, est évangélisatrice. Tout baptisé est « endieusé » pour citer le poète, de l’Être divin. N’avons-nous pas reçu ce vêtement blanc qui nous revêt de la beauté de Dieu ? En vivant « comme des paroles de Dieu », nous annonçons Jésus. Il faut aussi « parler » Dieu. « Malheur à moi, si je n’évangélise pas » (1 Co 9, 16). Il faut des «œuvres ». Il faut s’impliquer. Il faut agir. Il faut « être parfait » (Ruysbroeck) autant en vivant qu’en parlant « comme des paroles de Dieu ».
Paul, instruit comme il l’était, profondément versé dans la connaissance des Écritures, aurait pu, après sa rencontre de Damas, se consacrer à l’enseignement dans les chaires et synagogues, être un brillant théoricien du christianisme naissant. Il est allé porter l’Évangile aux humains. Il fut un homme d’action. Une force dans l’action. Passionné de Dieu, il fut passionné de le faire connaître.
Chez Paul, l’action jaillit de sa rencontre personnelle avec Jésus. Parce qu’il a connu la miséricorde, la douceur, la générosité de Dieu, il est devenu apôtre. Il dégageait « la bonne odeur » (2 Co 2, 15) du Christ. Saisi par le Christ qui s’est livré pour lui, Paul n’a eu qu’un seul désir : vivre comme Jésus, vivre sur le route (Ga 2, 20). « Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait ; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir ayant été saisi moi-même par le Christ » (Ph 3, 12).
Qui est à la hauteur d’une telle mission de parler « comme des paroles de Dieu? » Qui est capable d’un tel ministère? Paul, qui s’en savait indigne, en donne une réponse très claire quand il écrit : « notre capacité vient de Dieu qui nous a rendus capables d’être ministre d’une alliance nouvelle » (2 Co 3, 6). Il ne faut pas être parfait avant d’agir. C’est avec nos imperfections que nous parlons et agissons « comme des paroles de Dieu ». Les vrais évangélisateurs, fondateurs (Térèse de Calcutta) se reconnaissent « impuissants », « indignes » d’agir. « C’est de grand cœur que je me vanterai de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ » (2 Co 12, 9). Une « puissance incomparable » est déposée en nous. Cette puissance s’appelle l’ « Esprit de Dieu ».
CONCLUSION
Qu’est-ce que ça veut dire vivre « comme des Paroles de Dieu ? » Paul vient de nous en indiquer quelques pistes. En terminant j’ajoute la réponse qu’en donnait Marie de la Trinité : « tiens-toi par l’adoration à l’abri de toi-même ». Mère Térésa (Kolodiechuk Brian, Mère Térésa, viens, sois ma lumière éd. Lethielleux, 2008, 450pp.) répond : « J’ai fait le vœu à Dieu sous peine de péché mortel de donner à Dieu tout ce qu’Il pourrait demander, de ne rien lui refuser » (p. 50). Le mystique Maurice Zundel suggère, dans Un autre regard sur l’homme, (Éd. Sarment, 2006, 378pp.), de nous voir comme des « sacrements dépouillés de nous-mêmes » (p.118).
Et pour vous, qu’est-ce que cela veut dire de vivre « comme des paroles de Dieu »?