2014-A- Lc 6 12-19- Simon et Jude, apôtres
Année A : Mardi 30e semaine ordinaire (litao30m.14)
Luc 6 12-19 : Simon et Jude, apôtres
Jésus choisit tout le monde. Le pape François ajouterait : même les pécheurs. L’amour ne regarde pas si l’autre a une bonne mine ou pas : il aime ! (François). Jésus n'a pas honte de s'approcher de nous tous, bon ou mauvais, jusqu'à désirer devenir un seul esprit avec moi (Rm 8, 16); jusqu'à faire en moi sa demeure (Jn 1, 14).
S’il existe une vaste variété d'appels, le défi est toujours le même : y répondre avec profondeur. L'appel ouvre sur une identité, pas n'importe laquelle, mais évangélique. Jésus nous veut des évangiles vivants. Des transparences de son être profond. Qu'est-ce-à-dire?
Si nous suivons le Christ, ce n'est pas pour ressusciter les morts, guérir toutes les maladies. C'est pour mieux que cela. C'est pour vivre comme lui. Pour vivre entre nous en état d'harmonie permanente. C'est le seul miracle assez puissant pour éveiller dans les cœurs une manière évangélique de vivre. Nous sommes appelés à rayonner la charité de Jésus. Cela est bien supérieur au pouvoir de faire des miracles (Saint Jean Chrysostome).
C'est beau d'apprécier nous retrouver ensemble pour prier. Les croyants de toutes les religions en font autant. Mais vivre au sortir de l'église en état d'harmonie, de justice, sans rancune, ni haine, voilà le miracle. Voilà le signe qui fait signe. Signe non sensationnel sans doute, mais qui donne un avant-goût d'une terre neuve. À quoi bon prier ensemble à l'église si au sortir nous sommes dévorés par ce désir de tout s'approprier ? Le vrai miracle repose sur une conversion constante au sacrement de l'oubli de soi qui est en filigrane de tout l'Évangile.
Nous habiller de cette identité chrétienne et de la manifester sans prosélytisme, ni gloire personnelle ne se révèle pas facile. Notre identité est d'appartenir au Christ, de nous rendre vivants avec le Christ (Ep 2, 5), d'avoir en nous la pensée du Christ (1 Co 2, 16), d'être conforme à son image (Rm 8, 29). Pas facile parce que nous sommes toujours tentés, attirés, séduits par l’esprit du monde qui se manifeste de diverses façons.
Autre chose est de suivre Jésus, autre chose est de pénétrer jusqu'à la moelle de son cœur, jusqu'à nous laisser labourer le cœur par la charrue de l'Évangile (saint Cassien). Ce fut là la manière de vivre des apôtres Simon et Jude. Ils ont non seulement côtoyé le Christ, mais l'on introduit dans leur vie quotidienne. Jésus les a habillés du vêtement de ressuscité. Ils furent tout à lui et tout aux autres. Notre identité est de passer d'un mode d'être, d'une manière de vivre toute humaine, à une manière de vivre parfaitement humaine. C'est-à-dire en ressuscité.
Pour vivre ce passage d'une vie humaine à parfaitement humaine, il faut d'abord été des «regardés» : Ce n’est pas vous qui m’avez choisis. C’est moi qui vous ai choisis. Jésus choisit tout le monde et ce sont tous des pécheurs.
S'il y a une chose qui intéresse Jésus, ce sont tous nos endroits malades, toutes choses qui nous handicapent, tout ce qui nous empêche de vivre (Denis Trinez). Jésus nous choisit pour nous enlever le poids de porter sur nos épaules tous ces endroits malades. Y-a-t-il appel à la suivre plus noble et plus beau que celui-là !
Quelle est belle cette parole de Dieu tantôt: vous n'êtes plus des étrangers, des gens de passage, vous êtes concitoyens d'un peuple saint... vous êtes la maison de Dieu. Cela signifie que nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone. Nous sommes des appelés. Laissons-nous habiller par cette identité tout en sachant que nous ne sommes pas des «saints». Mais le reconnaître est déjà quelque chose de sanctifiant.
Ce que l'appel de Jésus nous fait voir et trouver beau, c'est sa complaisance certaine, son penchant naturel pour appeler les moins beaux afin de les transformer en disciples. Disons à Dieu notre reconnaissance pour son appel. AMEN.