2014-A-Mt 11, 25-30 14e dimanche ordinaire-proclamer ta louange
Année A : 14e dimanche ordinaire (litao14d.14)
Matthieu 11, 25-30 : proclamer la louange.
Je voudrais vous dire une seule chose durant les prochaines semaines : la joie nous habite. Le Pape François ne manque pas une occasion de rappeler qu'un chrétien sans joie est soit malade, soit qu'il n'est pas chrétien. Pour lui, le chrétien ne doit pas avoir une face de carême mais une face de Pâques. Pour lui, nous ne pouvons pas marcher comme chrétien sans joie. Un cri revient dans presque toutes ses prises de parole : n'ayez pas peur de la joie. Pour lui, le style du chrétien, c'est la joie.
Et l'évangile vient de nous faire entendre le Magnificat de Jésus. Jésus est dans un état de joie. Pour ouvrir nos rendez-vous estivaux, devant nos yeux un Jésus exultant de joie, de louange. Un Jésus en état d'extase devant son Père. En état de beauté dans sa prière pour chacun d'entre nous. Pour saisir cette beauté, il nous faut entrer dans les mots et non seulement les entendre. Venez à moi vous tous qui peinez... Éprouvons-nous cette joie d'entendre cela ? Éprouvons-nous de la joie de nous retrouver ici, autour de Jésus ?
Cette joie, l'exultation intérieure qu'éprouve Jésus, est de savoir que son Père, le Père du ciel et de la terre, fait connaître non pas aux puissants, aux désireux de pouvoirs, mais aux petits, aux malaimés, son secret. Question : Quel est ce secret que le Père cache à ceux qui sont trop pleins d'eux-mêmes et qui prétendent tout savoir sur tout ? Quel est ce secret que le Père cache à ceux qui sont aveuglés par l'argent qui semble être le seul but qui motive toute leur vie, déclarait récemment un Prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus ? La corruption des puissants, la magouille que nous révèle la Commission Charbonneau, font finalement [que] les petits en paient les frais, disait le pape François.
Ce secret, c'est que notre Dieu a beaucoup de souci pour nous. Il se soucie tellement de nous voir, nous aussi, dans la joie, qu'il s'offre à porter sur ses épaules nos fardeaux. Dieu s'intéresse à nous passionnément et continuellement, écrit le Frère Luc, médecin à Tibhirine. Venez à moi.
Nous ouvrir, ce matin, à ce mystère, à ce secret, qu'un Dieu, Père du ciel et de la Terre, se soucie de nous. Un Dieu, malgré nos sottises, nous regarde avec tant de prévenances (Julienne de Norwich). C'est la source d'une grande joie pour Jésus. Source de son Magnificat. Père, je proclame ta louange. Notre foi n'est pas un joug. Elle allège notre quotidien en nous rassurant que Quelqu'un marche avec nous. Est en sortie vers nous.
Notre joie, ce matin, elle est double. D'abord reconnaître qu'un Dieu est en état de sortie vers nous. Qu'il porte avec nous le poids de notre quotidien. Il faut accepter de mener une vie où tout ne repose pas sur nos épaules. La prière de Saint Ignace ramasse bien notre évangile ce matin. Apprends-moi à travailler comme si tout dépendait de moi; apprends-moi à tout attendre de toi comme si tout dépendait de ta grâce.
Seconde source de joie : Nous ne possédons pas tout ce que nous désirons. Nous n'y arriverons jamais dans nos désirs sont insatiables. Notre joie nait de nous savoir gâtés par la vie. Ne perdons pas cela de vue. Nous vivons dans une terre de paix ou abonde nourriture et bienfaits de toutes sortes. Ne perdons pas de vue que nous ne sommes pas dans la misère. Et cela devrait être source de notre Magnificat.
Un grand mystique (Aelred de Rievlaux 1110-1167) disait : Ceux qui se plaignent de la rudesse du joug du Seigneur n'ont peut-être pas rejeté complètement le joug pesant de la convoitise du monde. Il ajoute : quoi de plus reposant que de n'être pas agités par les mouvements déréglés de la possession. Paul parle de l'emprise de la chair, des choses d'en bas.
Je termine cette méditation par les premiers mots de l'exhortation apostolique (# 1) sur La joie de l'Évangile que nous adresse le Pape François : La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. AMEN.