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Année A: Samedi 12e semaine ordinaire (litao12s.14)

Luc 2, 41-51 : Cœur immaculée de Marie; «Protéger» son cœur par la Parole de Dieu. 

La plus grande des merveilles, c'est  de réaliser qu'un Dieu s'est abaissé jusqu'à la Croix pour qu'au terminus (frère Luc) de notre vie brille la lumière de Pâques. La plus inédite des merveilles, c'est de réaliser que Marie a vécu comme un trésor  (Mt 6, 21) le chemin pascal de son Fils et qu'elle y a mis tout son cœur.

Chemin pascal. L'évangile relate ce matin l'épisode douloureux - trois jours - de la fugue de Jésus. Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! (Lc 2, 48). Aucune inquiétude là-dedans, même si Marie ne comprenait pas la manière d'agir de son Fils. Aucune animosité extérieure et intérieure devant la réponse de Jésus qu'il fallait qu'il s'occupe des affaires de son Père.

Ce qu'elle a retenu, conservé dans son cœur  de l'épisode du Temple qui ne fut pas le seul événement douloureux de sa vie,  ce n'est pas la fugue de son Fils, mais la joie de le retrouver au milieu des docteurs de la loi, stupéfaits et émerveillés à la fois, de son intelligence des Écritures. Cette joie est-elle la nôtre quand nous perdons Jésus de vue, se demandait le pape François ?

À chaque événement douloureux, Marie ne se laissait pas abattre. Elle se faisait accueillante à ce qui lui arrivait. Elle a opté pour une proximité indélogeable avec le chemin de son Fils. Elle dépassait l'épreuve pour conserver dans son cœur les réponses et comportements de son Fils qu'elle méditait. Contemplait.  Elle protégeait, selon la belle expression du pape François, dans son cœur, les paroles de son Fils. Elle gardait le cap de l'émerveillement en se laissant habiter par ses Paroles. 

Même au pied de la Croix, étouffée par une douleur imprenable, Marie savait s'émerveiller de la beauté du geste de son Fils. Elle a protégé dans son cœur les paroles de son Fils qui donnait à Jean sa mère.  Et cela l'impressionnait beaucoup, plus que sa souffrance. Son cœur de mère était fier de son Fils.

En cette fête du cœur de Marie, de ce cœur souffrant de Marie, émerveillons-nous qu'une femme ait vécu dans une telle proximité, un tel cœur à cœur que rien ne pouvait déraciner en elle le projet de Dieu, celui  de nous réhabiliter dans nos origines d'image et de ressemblance à notre créateur. Émerveillons-nous de son regard de foi en sa foi qui jaillissait de son cœur. Marie n'a pas laissé l'opacité de ces événements envahir son cœur. Je le redis, elle protégeait la parole de Dieu.

Une question surgit : et nous, comment protégeons-nous la parole de Dieu dans nos vies quand nous vivons des moments douloureux inhérents à toute vie ? Et le pape François s'interrogeait à savoir si nos vies s'ouvrent à cette parole comme la terre s'ouvre aux semences.

Je termine cette réflexion en nous adressant ces mots de Marie aux serviteurs lors de la fête à Cana. Faites-tout ce qu'il vous dira. C'est tout un programme de vie que de faire tout ce que nous dit Jésus dans son Évangile.   Protéger, méditer, contempler la Parole de Dieu pour qu'elle ne tombe pas dans des cœurs stériles, des terres rongées par des préoccupations toutes humaines, des terres asséchées par une vie dont l'activisme nous éloigne de la quiétude indispensable pour qu'elles portent fruits.  Tout un programme que de garder comme Marie, nos cellules intérieures dénudées plutôt qu'engorger de préoccupations, de fugues. Programme qui exige du délestage constant mais qui nous fait disciples bien-aimés de Jésus.  

Que notre cœur devienne comme celui de Marie, rempli des merveilles de Dieu. Rempli du souvenir de dépassement de nos épreuves pour contempler le projet de Dieu en nous. AMEN.