2014-A-Lc 1, 57-66 -Saint Jean-Baptiste- la voix de la Parole
Année A: Mardi 12e semaine ordinaire (litao12m.14)
Luc 1, 57-66 : Jean baptiste, la voix de la Parole
Y-a-t-il plus grande joie que d'être loué par Jésus ? Et c'est bien ce qui est arrivé à Jean-Baptiste dont Jésus déclara que parmi les enfants des femmes, Il n'y avait de plus grand (Mt 11,11). Jésus est incapable de flatterie. Il ne loue pas quelqu'un pour en recevoir des avantages. Le bienheureux Guerric écrivait au XIIe siècle que Jean-Baptiste fut lueur matinale, astre de l’aurore, précurseur du Soleil, qui annonce aux mortels l’imminence du jour.
Le plus grand a fini sa vie comme un misérable. Tellement grand ce Jean-Baptiste qu'on le prenait pour le Messie. Je ne suis pas le Christ (Jn 1, 20). Tellement grand que le jour de son anniversaire l'emporte sur le dimanche, jour mémorial de la résurrection. Tellement grand que sa fête est soulignée au terme où le jour le plus long de l'année commence son déclin alors que la naissance de Jésus arrive au terme où le jour le plus court commence à croître.
Une lecture méditée de l'Évangile nous fait voir que Jean-Baptiste a existé pour être la voix d'une Parole (pape François). Pour que cette Parole vive, retentisse, toute sa vie, il s'est fait effacement. Jean s’avance si loin dans le désert de l’effacement, dit un Chartreux, qu’il fut jugé digne de verser l’EAU purificatrice sur la tête de Jésus. Jean savait qu'il n'était pas le plus important du monde.
Paradoxe, celui qui semble n'être rien tant son effacement est total, il faut qu'il grandisse et que je diminue (Jn 3, 30), était quelqu'un de puissant. De grand. Sa parole dérangeait tellement que sa tête fut mis à prix par une femme, Hérodiade, blessée par son opposition à sa relation avec Hérode. Tu n’as pas le droit de prendre cette femme pour épouse (Mc 6, 18). Quelle extraordinaire vocation que d'être celui qui diminue, disparaît, s'efface devant l'agneau de Dieu ! Pour que grandisse la Parole, Jean a perdu...la voix. La tête.
Jean-Baptiste ne s'efface pas devant Jésus, comme un subalterne cèderait le terrain à un collègue plus performant. Sa vie se fond dans celle du Christ. Sa personne est cachée avec le Christ en Dieu (Col 3, 3). Jean annonce un Autre qui n'est pas extérieur à lui mais qui se cache en lui. Un Autre qui demeurait en lui, se manifestait à lui. Jean et Jésus se ressemblaient à ce point qu'ils n'étaient qu'un, ne faisaient qu'une seule chair. Jean ne montrait que Jésus. Jésus ne montrait que le Père. Jésus reconnaissait la grandeur de Jean et le Père glorifiait le Fils.
Et la manière de vivre de Jean est la nôtre. Elle est celle de notre Église. Être comme Jean une Église, des croyants qui écoutent religieusement la parole de Jésus, qui la proclament à temps et à contretemps. Être une Église, des croyants sans vie propre mais qui adoptent pour modèle la manière de vivre de Jean. Jean, disait le pape François, est notre modèle, celui d'une Église toujours au service de la Parole, d'une Église qui ne prend jamais rien pour elle-même... d'une Église qui est mystère de lumière [mais] qui doit abaisser sa propre lumière pour que ce soit la lumière du Christ qui resplendisse. Pour exprimer cela en image, Jean fut la lune avant l'arrivée du Soleil levant. Il fut comme la lampe qu'on allume en attendant le lever du soleil (Jn 5, 35).
À votre contemplation. Cette vie d'effacement, d'extrême effacement, est le seul chemin d'évangélisation. Facile ? Cette fête est un appel: toi, devient Moi et Moi je serai toi (Marie de la Trinité). C'est un chemin douloureux que celui-là. C'est une divine blessure, pour citer Jacqueline Kelen.
Une eucharistie pour avancer un peu plus sur ce chemin d'effacement. Que la manière de vivre du plus grand des enfants des hommes devienne la nôtre. AMEN.