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Année A: Mardi 7e semaine de Pâques (litap07m.14)

Jean 17, 1-11 : Jésus, ma gloire !

Il est beaucoup question de gloire dans cette prière, dite sacerdotale, prononcée par Jésus au Cénacle, peu avant sa mort. Mais la gloire dont parle Jésus n'est pas à trouver dans le regard des autres sur nous. Elle ne se nourrit pas de l'ostentation et du mépris. La gloire que Jésus nous invite à poursuivre suppose un véritable renversement des valeurs de ce monde.

Reconnaissons-le, grande est parfois notre tentation de confondre la gloire de ce monde avec la gloire de Dieu. Nous aussi sommes sensibles, parfois trop sensibles, à l'approbation du monde ou à ses critiques.  Nous aussi sommes saisis par les vertiges du nombre, de la puissance, de l'influence, au détriment de la justice et de la vérité.  L'apôtre Pierre (1 P 4, 13-16) nous rappelle que la fidélité à l'Evangile, parfois même au péril de notre vie, vaut mieux que tous les honneurs. Car c'est elle, et elle seule, qui rend véritablement gloire à Dieu.

Avant de quitter ce monde pour aller au Père, Jésus embrasse du regard toute sa vie, et la résume en quatre phrases : Père, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire, j’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés, je leur ai donné les paroles que tu m’as données.

Que ce soit les trente ans de Nazareth ou les quelques années intenses de son ministère, tout dans la vie de Jésus  a glorifié le Père. Un seul projet l’habitait : manifester son nom, c’est-à-dire dévoiler l’être de Dieu à partir de son existence.  Le travail premier de Jésus, sa priorité des priorités, fut de glorifier son Père en nous faisant connaître son projet de nous voir mener une vie pleinement humaine. Une vie qui nous ennoblit. C'est cette priorité qui lui valut d'être mal aimé par ses contemporains et qui l'a amené jusqu'à subir un procès tout pipé d'avance.

Notre priorité à nous aussi : glorifier le Père en portant du fruit, celui du silence caché dans nos Nazareth, celui plus tangible d'affirmer avec force notre foi en lui, celui aussi, plus douloureux, de vivre ce rapetissement de notre Église dans la prière et la confiance de savoir qu'un peu de sel donne beaucoup de saveur.

Deux visées sont inséparables, dans notre vie comme dans le projet de Jésus : la gloire du Père et le salut du monde. Pour glorifier le Père, pour promouvoir son salut, il nous faut habiter le silence, revêtir sa parole et nous laisser guider par son Esprit. Tout un programme !

En relisant ce passage de Jean comment ne pas dire Jésus, ma gloire !  Ce n'est pas une tendance spontanée en nous que d'appeler Jésus, ma gloire. Pourtant il faudrait que ça devienne une bonne habitude à prendre. Cela confirmerait que nous n'avons pas seulement écouté cette page, mais que nous avons un peu compris que nous sommes en Lui et qu'il est en nous. 

Jésus, ma gloire ! Mot commencement sans commencement de la prière de Jésus. Mot inaugural de toute prière chrétienne. C'est un mot d’une telle plénitude, d'une telle densité qu'on peut affirmer qu'à chaque fois qu'il est utilisé, il peut se remplacer par celui de Joie, de Paix, de Vie. Ce mot ouvre sur une lumière radieuse qu'il ne faut jamais quitter des yeux.  Qu'il ne faut jamais cesser de contempler. Nous sommes la gloire de Dieu.

Jésus, ma gloire ! Donne-moi l'amour qui existe entre toi et ton Père. Donne-moi la Joie, la Paix qui nourrit ta relation avec ton Père. Nous avons comme finalité la gloire. Cette beauté-là, cette gloire là, dont Paul parle comme sa seule glorification (Gal 6, 14) doit rayonner sur nos visages. Un visage rayonnant de gloire, c’est un visage qui évangélise, dit François dans La joie de l'Évangile. Ce visage-là est thérapeutique.

À nous d'entendre Jésus nous redire: J'ai trouvé ma gloire en eux  je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée. AMEN.