2014-A- Jn 14, 7-14 Samedi 4e semaine de Pâques - voir le Père pour nous voir
Année A: Samedi 4e semaine de Pâques (litap04s.14)
Jean 14, 7-14 : Qui m'a vu a vu le Père; qui nous voit, voit le Fils
Qui voit le Fils voit le Père. Que cela est beau à entendre. Il s'agit de l'une des plus belles révélations de l'Évangile. Jésus et le Père ne font pas un. Ils sont un. Il y a une parfaite communion entre le Père et le Fils. Jésus, précise Jean, ne dit pas ces paroles de lui-même (Jn 12, 50 ; Jn 5, 19) parce qu'affirmer cela par lui-même, c'est rechercher sa propre gloire (Jn 7, 18). Faut-il alors nous étonner de lire qu'on avait apporté des pierres pour le lapider (Jn 14, 31).
Mais ce qu'il y a de fou pour le monde mais de sage aux yeux de Dieu (1 Co, 3, 19) c'est que la logique de cette affirmation ouvre sur une autre certitude : qui nous voit, voit le Fils. Jésus et nous ne sommes pas deux. Nous sommes un. Dit autrement, cela signifie que ce qu'il y a de visible en nous, c'est le Fils. Cette mutuelle transparence entre le Père et le Fils se retrouve en nous. Devant cette œuvre plus grande encore, ce n'est plus des pierres qu'on nous lance, mais on nous couvre de ridicules.
Comment cela est-il possible ? Nous sommes la transparence du Fils parce que nous sommes oints de l'Esprit de Jésus. L'Esprit nous fait son humanité aujourd'hui. L'Esprit nous fait chrétien. À l'aube de la foi chrétienne, ce sont des païens, ceux d'Antioche, qui observant la manière de vivre de la première génération de croyants, en les voyants mettre tout en commun (cf. Aa 4, 32), leur donnèrent le nom de chrétiens. Ce qui signifie que nous sommes d'autres Christs.
Il ne s’agit pas ici d’opérer des miracles encore plus prodigieux que ceux de Jésus. Non, il s'agit de vivre comme Jésus, dévêtu de nous-mêmes. Délesté de nos «mois». Dieu n'habite que dans un cœur dépouillé de tout. Un cœur nu qui ne retient rien pour soi. Comme l'exprime un chartreux, plus il [le cœur] retient en lui des biens, moins il recevra l'œuvre divine et inversement. C'est ça opérer des miracles plus prodigieux que ceux de Jésus. Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père.
Chacune de nos actions faites sous l'emprise de l'Esprit de Dieu, est une œuvre plus grande. Plus grande parce que nous humains, pécheurs réconciliés, pécheurs regardés par le Seigneur, disait le Pape François dans son entrevue aux jésuites, poursuivons l'agir de Dieu. Plus grande parce que Jésus, par nous, fait autant de merveilles que lorsque qu'il était parmi nous.
Chaque fois que nous rassemblons les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52), chaque fois que nous triomphons du monde (Jn 16, 8-11), chaque fois que nous relevons un blessé de la route (Lc 10, 25-37), chaque fois que nous débordons de joie, d'énergie, nous faisons une œuvre plus grande encore. Nous montrons le Père.
Voilà l'inouïe de notre être chrétien. Voilà l'ineffable nouvelle. Que cette réalité-là, que ce mystère-là nous dépasse ! Comment croire que non seulement Jésus s'intéresse à nous, que non seulement il est pain de vie, mais que nous demeurons en lui et que parce que oints de son Esprit Saint, il poursuit à travers nous son œuvre de salut ? Comment croire qu'il fait de nous la lumière des nations pour que, grâce à nous, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre (Aa 13, 47) ? Un chant liturgique dit cela : Je voudrais qu'en vous voyant vivre, étonnés les gens puissent dire...
À votre contemplation: À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il nous a laissé plus que la paix, plus que la joie, plus qu'une terre sainte, il nous a laissé d'être son visage, d'être Lui agissant aujourd'hui par nous. Ne nous contentons pas d'écouter cette Parole de Dieu ce matin, laissons-là demeurer en nous, laissons-nous la permission de demeurer en elle. Alors tout ce que nous demanderons pour la vie du monde, nous l'obtiendrons. AMEN.