2014-A-Jn 14, 6-14 - Apôtres Philippe et Jacques
Année A: Samedi 2e semaine de Pâques (Litap02s.14)
Jean 14, 6-14 : Apôtres Philippe et Jacques ;je suis le chemin
La résurrection, qu’est-ce que c’est ? Comment entrer dans ce mystère ? Comment percevoir en nous, comme l'exprime saint Ignace, les saints effets de la Résurrection ? La réponse n’est pas évidente parce que la résurrection n’entre pas dans le cadre de nos expériences, précisait dans une homélie pascale le pape Benoît. Pour plusieurs, cette fête résonne comme une simple mémoire d'un lointain passé. Une culture vintage, ai-je dit samedi dernier.
Pour dire Pâques, les récits évangéliques offrent plusieurs chemins. La liturgie préfère le langage des symboles, celui de la lumière, de l'eau, du chant de l'Alléluia. Jésus, bien avant Pâques, anticipe et nous annonce que la résurrection est un CHEMIN. Un chemin qui est une Pâques. C'est une image très forte. Très belle. Un grand mot aussi.
Ce Dieu avec nous du début du monde devient, sur nos chemins, un compagnon de route qui réchauffe les cœurs. Quelqu'un qui n'a pas peur de sortir de son chemin, de son lieu de résidence permanente auprès du Père pour montrer, sans l'imposer, à chacun son chemin. Pour nous conduire discrètement à la découverte de son CHEMIN. La Vie marche avec nous. La grâce des grâces, c’est de le reconnaître comme un ami capable de changer notre existence, notre route.
Quelque soit la profondeur de nos doutes, de nos déceptions, de notre athéisme, cet inconnu pressenti plutôt que vu, provoque un choc. Une ouverture. Une excitation intérieure. C'est cela Pâques. Songeons à ce qui est arrivé à Paul sur le chemin de Damas.
Se produit alors une rencontre de deux chemins. Celui qui vient vers nous, qui nous terrasse de nos montures et le nôtre qui cherche une direction. Si tu cherches par où passer, dit saint Augustin, prend le Christ puisque lui-même est le chemin. Marche vers le pays que je te donnerai (Gn 12, 1). C'est le chemin, suivez-le (Is 30,21).
Philippe et Jacques ont expérimenté cela, eux que Jésus a rejoints sur leur chemin. C'est alors qu'ils étaient en chemin, en cheminement, que Philippe et Jacques furent tellement saisis par ce qui leur arrivait que l'un d'eux, Philippe, a simplement invité Nathanaël à venir et voir.
Inviter à venir et à voir. Préparer des yeux à voir. C'est cela évangéliser. Travail de toute une vie. Les premiers chrétiens nous ont laissé dans les Actes des écrits pour nous dire ce qu'ils ont vu et comment ces rencontres les ont métamorphosés jusqu'à clamer la beauté de ce qui leur arrivait.
Ce matin, nous entendons la même invitation: celle de venir et voir, comme chemin, pour faire connaissance avec un Vivant. Nous avons besoin de cette proximité, comme l'exprime souvent le pape François, pour apprendre le Christ (Ep 4, 20), pour connaître sa personne, son humanité, sa divinité, sa beauté. L'intimité, la familiarité, l'habitude nous font découvrir la véritable identité de Jésus Christ. Comment pourrions-nous le connaître à fond en restant éloignés ?
Et, sublime certitude, ce chemin d'intimité avec Jésus nous fait entrer et partager cette relation qui existe dès avant la création du monde (Ep 1, 3) entre le Fils et le Père. Question: N'est-ce pas là faire des œuvres plus grandes que celles faites par le Christ ? La réponse est oui, parce que nous sommes oints de l'Esprit du Christ. Oui, parce que Jésus continue de faire cette belle œuvre en nous. Chrétiens, nous sommes une belle œuvre de Jésus. D'autres Christs, des oints de l'Esprit de Jésus.
À votre contemplation, cette question posée par le pape Benoît dans son livre Jésus de Nazareth: que nous a apporté Jésus? D'être une belle œuvre de Jésus aujourd'hui. AMEN.