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 Année A: dimanche 1ière semaine du Carême (litac01d.14)

Mt  4, 1-11- Portrait du tentateur actuel.

L'histoire du monde s'ouvre sur un récit mythique, celui qui nous présente le premier humain et le fruit défendu. Nous connaissons tous ce récit d'Adam et Ève, récit de nos origines, qui nous offre à voir que les premiers habitants de ce monde, nos premiers parents dit le texte, vivaient heureux dans une terre paradisiaque. Ils vivaient abreuvés au torrent du paradis (Ps. 35, 8).

Le récit présente aussi un autre habitant non désiré de ce monde pour citer Guillaume de saint Thierry. Un vendeur d'un autre bonheur y rodait. Avec son charme séducteur, sa voix ratoureuse, son offre alléchante, il offrit à ce premier couple mythique de devenir tout puissant en désirant toujours davantage de biens matériels, en recherchant le goût du pouvoir et en développant au maximum le culte de l'ego. Sa tentative a réussi. Hier, aujourd'hui et demain.

L'histoire du Nouveau Monde, celle non plus d'avant, mais d'après Jésus, s'ouvre, nous venons de l'entendre dans l'Évangile, sur un autre récit, non mythique celui-là, d'un homme dont les historiens confirment l'existence et qui inaugure sa vie publique en refusant l'offre, identique à celui offert à nos premiers parents, de mener une vie sur un bonheur éphémère:  la gloire, la richesse, la boursouflure du moi.

Ces deux histoires, celle mythique du début du monde, et celle bien réelle et confirmée par les historiens païens de Jésus tenté au désert, prend place en nous quand le tentateur communément appelé Satan, réussit à fixer nos regards et notre attention sur l'éphémère, toutes ces choses non essentielles ni nécessaires pour réussir sa vie. La réussite d'une vie ne sera jamais quelque chose de visible. Ce récit est indéchirable de nos vies.

 

Ce que présente Satan à Jésus autant chez Luc que chez Matthieu c'est de réussir sa vie, sa mission. Il lui présente de fausses espérances. Si tu eux être reconnu, manifeste-toi de façon spectaculaire. Si tu veux convaincre toutes les nations de la terre, présente-toi comme maître et roi. Si tu veux parler au nom de Dieu, donne-toi des pouvoirs divins. Jésus refuse ces chemins. Il refuse de tricher pour assurer la réussite de sa mission. Il ne s'intéresse pas au pouvoir. Il n'est pas prêt au compromis. Il refuse de quitter un territoire de conflit.

 Ce tentateur n'est pas une figure mythique. Il fait partie permanente de notre quotidien. Il sait nous offrir avec séduction et d'une voix chaleureuse des fruits non nécessairement défendus, mais non nécessaires ni utiles pour nous donner une vie heureuse. Notre vie dit saint Augustin qui parlait d'expérience lui qui a connu tous les plaisirs de la vie avant sa rencontre foudroyante avec Jésus, ne peut échapper à l'épreuve de la tentation. Il ajoute que tout avancement dans la vie, tout progrès se réalise dans l'épreuve.  À nous ce matin, en ouvrant ce carême d'identifier les tentateurs de nos vies. Qui sont-ils? Que nous offrent-ils pour nous séduire?

Personne ne peut vaincre quelque chose sans combat. Personne ne peut gagner - songeons aux coureurs olympiques - sans un constant combat. Personne ne peut s'affirmer chrétien sans une lutte constante avec cette recherche d'accroître son enrichissement des choses d'en bas. Regarde au fond de ton cœur nous demande le pape François, et demande-toi : as-tu un cœur qui désire quelque chose de grand ou un cœur endormi ? As-tu un coeur refermé sur ton moi ou ouvert sur autre chose que la recherche de ton petit moi ?

Pour vaincre ce tentateur, ce fin renard, cela exige une solide connaissance de soi. Une solide vie de prière. Une solide relation quotidienne avec Dieu. Désirer autre chose que l'argent, que la gloire ou un ego toujours plus «développé», sorte de maladies mentales disait récemment le pape édulcoré même par des incroyants et athées qu'est François, cela passe par la désappropriation personnalisante écrivait récemment un pasteur-évêque dans un livre posthume.

Pas évident que de mener une vie où notre langue ne dira que des choses belles sur les autres. Celui qui n’offense pas dans ses paroles est un homme parfait (Jc 3, 2). Pas évident de mener une vie sans désirer autre chose que Dieu seul. Pas évident de mener une vie en état de sainteté. c'est merveilleux de sortir de soi pour rencontrer Jésus dans la prière...de sortir de soi pour rencontres les autres et leur donner l'Évangile. Bonne marche vers Pâques. AMEN