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Année A : Vendredi de la 7e semaine de Pâques (litap07v.99)

Jean 21 : 15-19 Pierre m ' aimes-tu. Jésus lui confie son Eglise

fête de Eugène Mazenod

M 'aimes-tu ? Cette question soulève toute sorte de réaction. Posée par un conjoint, elle fait mal, fait naître étonnement et doute. Pour d ' autres, elle éveille des soupçons et vient comme confirmer que l ' amour n ' est plus au rendez-vous. Répétée, elle entraîne, non sans dégager colère et perplexité, la même réponse : tu sais bien que je t 'aime . Pourquoi me poses-tu toujours cette question-là ? Je suis toujours avec toi, je ne sors pas sans toi, je couraille pas. Pierre aurait pu dire : cela fait trois ans que j ' ai quitté famille, travail pour toi. Trop, c ' est trop.

Nous savons d ' expérience que l ' amour naît du regard posé sur un autre. Quand je l 'ai vu pour la première fois, je l 'ai trouvé beau me dit-on souvent. Pierre avait trouvé beau Jésus. Mais ce n ' est pas suffisant à long terme trouver l ' autre beau. Dans le couple, comme chez Pierre, cette beauté là ne dure qu ' un temps. Elle s ' adresse à la dimension extérieure.

La question de Jésus - comme la question posée à son partenaire - ouvre sur un autre chose : celle de la profondeur. Elle invite à sortir de la routine. Après la beauté qui attire, vient l ' apprentissage jusque dans sa chair d ' homme et de femme qu ' aimer c ' est tenir à quelqu 'un plus qu 'à sa beauté. Tenir à l ' autre plus qu'a soi. La question de Jésus fait passer de soi-même à l' Autre. Tu sais bien que je t 'aime. Il y a dans cette réponse sacrifice de soi, don de soi. Une réponse mortelle ...de résurrection.

Gilbert de Hoyland, paraphrasant l ' apôtre Paul, a ces mots qui viennent confirmer toute la profondeur de la réponse de Pierre : Quand tu auras revêtu le Christ, quand tu auras revêtu ses entrailles de miséricorde, quand tu auras endossé la foi du Christ, quand tu auras aux entrailles l 'élan d 'amour pour contempler la vérité, tout cela va s 'adapter, se coller à toi comme à ta propre nature,... Alors ne te dis pas que tu le tiens mais bien plutôt qui tu es tenu (Ct9,2-3). Voilà où conduit la question de Jésus à Pierre, celle de l 'époux à son épouse : tenir à l 'autre plus qu 'on tient à soi.

Laissons- nous AFFECTER - le mot ne sera jamais assez fort - par l ' amour de Jésus pour nous. Se laisser affecter, - j ' entends ici ce que le mot signifie pour le couple - veut dire se laisser toucher, blesser parfois. Se laisser affecter par son amour constant, immuable malgré nos reniements. Se laisser affecter pour risquer de se voir transformer par ce vent qui souffle où il veut, quand il veut, de la manière qu ' il veut. Dieu a coutume de commencer d 'appauvrir celui qu 'il veut enrichir. (Guillaume de St Thierry)

Pour éviter de devenir une Eglise stérile, sans énergie pour affronter l 'avenir, il nous faut re-dire tu sais bien que je t 'aime . Tu sais bien que je consens à Te suivre sur le chemin vers Jérusalem, vers l ' échec, vers la Croix. Tu sais bien que je suis volontaire pour aller au large lancer à nouveau les filets de la Parole à la manière d ' Eugène de Mazenod dont nous faisons mémoire.

A votre contemplation : Quelle noblesse, il y a dans cette question-là. Elle ouvre sur une mission : Recevez l 'Esprit saint et nous pourrons aller dire au monde entier les merveilles de Dieu. Amen.

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M ' aimes-tu ? M ' aimes-tu assez pour gaspiller (expression Vita consecrata) ton temps à te laisser séduire par ma Présence ? Que l ' Esprit de Dieu vous aide à recevoir cette question comme un moyen d ' avancer, de progresser dans votre vie de foi.