2013-A-Lc 1, 67-79 Mardi 4e semaine avent- Béni soit celui qui vient
Année A: Mardi 4e semaine Avent (litaao4m.13)
Luc 1, 67-79 : Béni soit celui qui vient (veille de Noël)
Il faut que le Messie vienne. Jésus est nécessaire à l’humanité. Mais avons-nous besoin de lui ? Quand Jésus prend notre humanité, il ne se déguise pas en homme. Jésus n'est pas venu chez nous en touriste pour retourner chez lui quelques années plus tard. Ce fut une vie à plein temps à nos cotés, une vie «engagée» à bâtir un milieu de vie épanouissant. Il est venu marcher à nos cotés, vivre notre quotidien, travailler de ses mains. Il a passé la très grande majorité de sa vie dans l'anonymat d'une vie de famille ordinaire.
Sa naissance, que chante Zacharie, est l'annonce d'une fête-commencement. Celle du calcul du temps. Celle aussi d'une sortie, d'un déracinement d'une manière de vivre toute recroquevillée sur elle-même. Isaïe avait d'autres mots pour dire cela: le loup habitera avec l'agneau […], le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra (Is 11, 6-8). Il y aura la paix sur la terre quand il viendra (Mi 5, 5). Le pape François, sous la signature de son prédécesseur, écrivait dans l'encyclique Lumière de la foi, # 20-21 : le moi du croyant [a] grandi pour être habité par un Autre, pour vivre dans un Autre, et ainsi sa vie s'élargit dans l'Amour.
Celui qui a marché devant le Seigneur appelle à un nouveau baptême, celui de sortir de ce réseau d'autocentrement qui encadre nos vies, pour revêtir le Christ. Se convertir ou si vous n'aimez pas ce mot «vétuste», se réapproprier ce que nous sommes, des êtres capables de vivre entre nous dans un état de grande paix et de fraternité au-delà de toute barrière. Ce n'est pas là une utopie mais la suite logique pour celui qui s'habille des vêtements de Dieu.
Béni soit celui qui vient nous montrer comment bien vivre. Béni soit celui qui est pour nous astre d'en haut pour illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres. Ce n'est pas un conte sucré pour grands enfants en manque de rêveries venant d'un Dieu un peu mou, mièvre, ne cherchant qu'à plaire. Ce sont-là des mots désinstallant. Déstabilisant. Ce sont des mots qui annoncent l'invraisemblable : Dieu s'est courbé vers nous, par amour.
Ce benedictus, qui conclue la prière de l'Église chaque matin, appelle un grand bouleversement de nos regards pétrifiés par des scènes d'horreur au quotidien. À force de voir les mêmes paysages arides, une forme de lassitude peut s'installer en nous qui ne nous permet pas de remonter à la lumière. Montons à la lumière. Nous avons renoncé, dit le pape dans Lumière de la foi, #3, à cette grande lumière pour privilégier des petites lumières qui éclairent notre immédiat mais incapables de nous montrer la route. Le texte ajoute: quand manque [cette] lumière tout devient confus. Nous avons peine, nous n'arrivons pas à saisir l'immense beauté de Noël.
Ce soir, cette grande lumière dont chante le benedictus propulse nos vies dans un monde où il fait bon vivre, dans un environnement pacifiant, épanouissant où toute méfiance s'évanouit, toute vengeance est abolie. Noël, c’est l’anniversaire de la naissance du seul homme qui n’a pas été chrétien sur les bords. Jésus n'est pas resté aux abords de l'humanité. Il ne s'est pas contenté d'être de passage, de faire du tourisme religieux.
Béni soit celui qui nous ouvre un chemin d'humanité. Nous sommes tous des chrétiens sur les bords, parce que nous avons tous des moments de défaillances. François rappelle souvent qu'il fait des erreurs, qu'il doit demander pardon. Il se dit non parfait. Nous avons du mal à nous entendre, entre chrétiens, ou dans une famille chrétienne, dans une communauté chrétienne. Nous avons nos moments de lâcheté. Qui de nous ne rend pas quelquefois le mal pour le mal ? Qui de nous n’a pas des moments de vengeance ?
À votre contemplation : béni soit celui qui dont la vie est à découvert et qui nous montre ainsi le projet initial de Dieu sur nous. Noël n'est pas une option chrétienne. C'est un projet merveilleux d'un vivre ensemble. Un projet d'humanité pour tous les humains. Un Dieu veut nous sauver de mener une vie non-humaine. Il est passé en faisant le bien. Celui qui vit bien est né de Dieu. C'est notre projet commun à tous. AMEN.