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Année A : Vendredi de la 20e semaine ordinaire (litao20v.99)
Mtt 22: 34-40 St Bernard : le grand commandement

Je serais malhonnête si je n’osais avouer ce matin que la raison d’être des monastères comme le vôtre, c’est l’amour. Vous n’êtes rien d’autre à la face du monde qu’une école où l’on apprend l’art le plus passionnant et le plus difficile, l’amour comme art des arts, l’amour comme art de vivre. Ce matin une page qui nous rappelle votre option de vie: aimer. Page aussi exigeante que celle dont je commentais la semaine dernière

Le maître de votre école, c’est un homme, Jésus-Christ, que nous croyons Fils de Dieu et qui est venu allumer en vos coeurs le désir de devenir son image, mieux de lui ressembler. Ma question pour vous est celle que Bernard, docteur de l’Eglise, posait à ses frères: Cherchez-vous l’amour du Seigneur ou possédez-vous cet Amour en aimant vos frères ? Cherchez-vous à aimer ou possédez-vous l’amour en plaçant, comme Jésus, l’autre au centre de votre vie, de vos coeurs ? A le chercher dans les autres on se rend compte qu’on l’a déjà trouvé. Je ne te chercherais pas si je ne t’avais pas trouvé. (Augustin)

Ici, dans cette école, vous apprenez au quotidien, en travaillant cote à cote, deux à deux à la manière des disciples envoyés par Jésus sur les routes, que Dieu n’est, selon la belle expression du Père François Varillon, qu’amour. Il n’est pas tout-puissant. Il n’est qu’amour, tout-puissant d’amour. Dans son être même, Dieu n’est qu’une symphonie communautaire, un espace d’accueil mutuel. Ici pour devenir ce qu’est Dieu, une symphonie communautaire...inachevée, un espace d’accueil mutuel. Ici pour n’être qu’amour en refusant d’entrer dans la tornade d’un moi omniprésent. S’il y a urgence, c’est de faire de votre monastère un paradis où règne l’amour entre vous parce que le centre de vos vies est l’A(a)utre. Vous avez été ordonné, consacré pour vous aimer mutuellement comme Jésus vous aime. Voilà la seule urgence qui est la vôtre. Quelle évangélisation il y a la dedans ! .

Cette page de Matthieu nous dit que cet appel, ce commandement n’est pas une petite affaire. Elle conduit à l’effacement de soi pour que l’autre soi. Je veux que tu sois est l‘un de ces mots clés de la réussite de ce commandement nouveau, de la vie en communauté. Bernard a bien compris cela quand il écrit que la plénitude de la joie se trouve précisément dans cet amour mutuel. Quelle grande chose que d’aimer ! Quel difficile chemin que de placer l’autre au centre de ma vie ! Il faut de l’étoffe pour atteindre une telle manière de vivre. C’est la manière du Père tout centré sur le Fils ; la manière du Fils tout centré sur le Père alors que l’Esprit est ce mouvement qui centre l’un sur l’autre.

Vous êtes (ps23,6)de la génération de ceux qui cherchent le Seigneur. De cette génération qui expérimente - c’est plus que savoir - que l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit saint qui nous a été donné (Rm5.5).

A votre contemplation ces mots de Bernard : j’aime parce que j’aime. J’aime pour aimer. Ce grand théologien et mystique savait que le terrain de la rencontre de Dieu et de l’homme se nomme l’affection qui nous unit à Dieu et entre nous. Une eucharistie, pour comme Bernard, devenir expert en communion avec Dieu et entre nous. AMEN

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Personne dit Bernard, ne peut prétendre parvenir à la perfection évangélique par la seule connaissance des Ecritures ; c’est dans la communauté des frères que tu peux les vivre et les mettre en pratique. Une eucharistie - je dis le mot étonnant - pour ressembler à Dieu.

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