1996-A-Vendredi 6e semaine ordinaire Mc 8,34-9,1: la vrai pauvreté: s'abandonner soi-même
Année A: Vendredi de la 6e semaine ordinaire (litao06v.96)
Mc 8, 34-9,1: la vrai pauvreté: s'abandonner soi-même
A quelqu'un qui lui exprimait d'avoir abandonné de grandes possessions pour sauver son âme, Maître Eckhart lui répondit: Tu as vraiment abandonné quelque chose si tu t'es toi-même abandonné. Une réponse qui vous rejoint de plein fouet, contemplatives. Il est relativement facile de tout abandonner mais combien plus difficile de s'abandonner soi-même, d'abandonner le petit moi égoïste pour recevoir le grand moi, le moi christique. Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi(Gal2,20).
Nos nuits de la foi sont souvent faîtes d'une trop grand emprise de " ces petites attaches" dont parlent Jean de la Croix et qui peu à peu entravent en nous le goût de Dieu. Il nous faut purifier nos mémoires de nos amour-propre, pour se donner une mémoire "nue et vide" (Montée du Carmel 111,2,4), une mémoire qui s'ouvre à l'Aujourd'hui de Dieu, une mémoire qui ouvre sur une terre de lait et de miel, la terre promise de l'union à Dieu.
Julien Green dans son Journal disait: " ce qu'il nous faut bien garder, protéger, c'est ce lieu en ton coeur où Dieu puisse t'atteindre". N'ayons pas peur de se quitter soi-même - je dirais presque qu'il s'agit là de l'épreuve la plus terrible de la foi - car Dieu nous veut sans réserve, sans condition. Il me semble que le privilège de la pauvreté tant souhaité par madame Claire passe aussi par l'abandon de soi-même à Dieu. Il nous faut apprendre à se laisser porter par Dieu, apprendre à se laisser accompagner par Dieu, à se laisser nourrir comme il a nourri son peuple de la manne, cette nourriture donnée que pour un jour à la fois.
Tu n'as rien abandonné si tu ne t'es pas abandonné. Et vous le savez bien, sur ce terrain là, nous sommes toujours en route. En nous, que de soupirs pour des biens périssables.!
Substituer son " moi" propre pour un autre "moi", c'est sortir de soi "l'hommerie" " la femmerie" pour y laisser entrer la nouvelle Eve, la femme nouvelle. Dans les mots de Jean de la Croix, il s'agit d'une heureuse aventure. N'est-ce pas celle à laquelle nous convie le Carême qui vient, ce temps de désert, d'Exode qui conduit sur l'Autre Rive(Mc4,34)
A votre contemplation : Le détachement de soi force Dieu à nous aimer (Eckhart). La vie chrétienne, contemplative n'est pas acquisition, conquête. Elle est dépouillement. Dieu n'habite que dans les coeurs dépouillés, pauvres, sans attachement. Oui le goût de Dieu passe par le dégoût de soi-même. Il faut s'aimer assez pour laisser à Dieu toute la place, pour recevoir tout de Dieu en devenant mendiant de son amour. Devant nous seulement 40 jours pour comme Moïse, Madame Claire se vider de soi-même et laisser Dieu remplir toute notre espace vitale. 40 jours pour se préparer à l'aurore qui vient, cette Terre Promise où Dieu nous attend avec impatience. AMEN
ACCUEIL: Les oeuvres dont parle l'Apôtre passe par le dépouillement de soi-même pour laisser à Dieu toute la place, le laisser agir en nous. Une eucharistie pour demeurer en Celui qui demeure en nous.
(choisir pour la fin la prière o mon dieu trinité que j'adore aide moi a m'oublier entièrement pour m'établir en toi)