1998-C- Vendredi 3e semaine ordinaire Mc 4, 26-34 grain qui pousse tout seul
Année C : Vendredi de la 3è semaine ordinaire (litco03v.98)
Mc 4 : 26-34 le grain qui pousse tout seul
Une image vaut mille mots. Un homme qui plantait des arbres. Image pour souligner l’importance de la protection de l’environnement. Un homme qui jetait le grain dans son champ. Image pour dire la croissance du Royaume. Deux images qui évoquent à la fois un dur labeur de préparation du sol et, durant tout ce long temps de croissance, la disparition du planteur d’arbre, du semeur de grain.
A notre réflexion ce matin, un Dieu champêtre, un Dieu homme qui plantait des arbres...qui jette le grain dans son champ. En bon paysan, laboureur qu’il est, ce Dieu sait la nécessité, voire l’incontournable travail de préparation de la terre - un dur labeur- s’il veut récolter du travail de ses mains. Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme....
Ce que nous dit cet homme qui plantait des arbres ou qui semait dans son champ c’est que le processus de croissance n’est pas entre les mains du planteur d’arbre, comme du semeur de grain. D’elle-même la terre produit l’herbe, puis l’épi, puis le blé (V.28). Dans la semence jetée en terre, dans la petite graine de moutarde, il y a en gestation une moisson abondante. Il suffit de planter, d’ensemencer. Tout le travail est là. Une fois qu’il a semé, le résultat n’est plus en son pouvoir. Tirer sur un brin d’herbe pour en hâter sa croissance, risque de l’arracher, de le briser.
Le planteur d’arbre, le semeur peut par la suite se retirer et attendre la récolte. Qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit. Belle image pour dire Dieu et son absence apparente. Belle image pour dire où va le Règne de Dieu. A travers l’opacité du temps de croissance, mettant à l’épreuve notre “savoir”, se profile la certitude confiante d’une ample moisson messianique. Ça vaut mille mots qui ensemence le prochain millénaire d’une puissance cachée d’une incontournable espérance.
Une image-parabole qui nous dit que le temps n’est plus à l’émerveillement mais à l’abandon, non à l’inactivité ou la passivité mais à l’action, à la vigilance à bien préparer la terre pourque les oiseaux du ciel y fassent leur nids. Le Règne de Dieu est en marche. Il y pousse peu à peu. A travers les siècles, il grandit. Confiant en l’Esprit qui renouvelle de l’intérieure nos Eglises, nous réaffirmons que son Règne vienne.
Nous serons toujours tentés d’aligner des chiffres, des statistiques. Nous cumulons des recherches d’enquêtes sur la croissance de la foi, l’impact de nos projets. Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme. Tel est le secret du Royaume. Invitation à s’appuyer non sur son savoir-faire mais sur un savoir-faire-confiance.
En cette fin de millénaire, ne nous laissons pas aveugler par les apparences d’une moisson qui semble avoir été frappé lourdement par la tempête de l’efficacité, de la productivité sous toutes ses formes. Restons attentifs aux humbles gestes, aux petits pas bien ordinaire qui nous apparaissent souvent inadéquats devant l’ampleur de mouvement de “perte de la récolte”. Dieu travaille en passant inapercu. Comme nous le dit Saint Paul, nous cheminons sans voir dans la foi. Le grain est planté. La moisson viendra et elle sera sans mesure si nous savons la laisser donner du fruit.
A votre contemplation : Soyez donc patients juqu’à l’Avènement du Seigneur.Il attend patiemment le précieux fruit de la terre. Soyez patients vous aussi et affermissez vos coeurs (Jc5,7) L’essentiel est invisible pour les yeux. L’histoire de notre Eglise nous l’enseigne : épreuves, contretemps, nuit de foi, échecs, tout contribue à l’avancée du Règne de Dieu. Non, il ne dort pas ni ne sommeille le gardien d’Israël (Ps121,4) C’est lui et lui seul qui bâtit la maison (Ps127.1). AMEN.