2008-A-Jn 15, 9-11- Jeudi 5e semaine Pâques - demeurez dans mon amour
Année A : Jeudi 5e semaine PÂQUES (Litap05j.08)
Jn 15 9-11 : demeurez dans mon amour
Hier Jésus exprimait qu’il nous fallait être greffé sur lui pour porter fruit. Aujourd’hui, Jésus nous dévoile en quoi consiste cette sève que nous recevons de lui. Si nous restons greffés sur la vigne, nous recevons sa vie, nous sommes revêtus d’une force de vie qu’est son amour. Jésus nous invite à trouver notre demeure dans son amour. À élire domicile dans ce qui fait l’intimité de vie et de relation entre lui et son Père. Dit autrement, nous sommes invités à demeurer dans la Trinité. « La Trinité, voilà notre demeure, notre chez nous, la maison paternelle d’où nous ne devons jamais sortir (Élisabeth de la Trinité). »
Jésus ne demande pas que nous lui apportions notre amour. Que pouvons-nous apporter à Dieu, nous qui sommes tellement dépourvus dans le domaine de l’amour? Quand Jean nous dit dans sa 1ière lettre que « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimé le premier », il ne fait que redire ce qu’il avait entendu de Jésus lui-même « ce n’est pas vous qui m’avait choisi, c’est moi qui vous ai choisis… Comme le père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé. Demeurez dans mon amour. »
Cette page nous dit la grande aventure de Dieu qui en Jésus a pris les devants pour venir à notre rencontre. Il a quitté une demeure de gloire pour habiter à nos cotés, partager nos peines, partager notre mort, Tout cela pour nous offrir l’incomparable grâce de « demeurer dans son amour ». Ce qui fait dire à St Jean dans son épître : « voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde ».
Un jour du temps, Dieu est venu à notre rencontre presque malgré nous. Il est venu nous offrir, nous envelopper, nous « border » comme la mère borde le lit de son enfant le soir, de son amour mais sans jamais nous forcer à demeurer chez lui. Ce qui est en notre pouvoir pour accéder à cette joie de demeurer en Dieu, c’est notre fidélité à ses commandements. Ce qui est en notre pouvoir, c’est de découvrir qu’au fond de nos cœurs il y a une sève d’amour- Jésus- qui demande à prendre possession de nos vies. Il s’agit de laisser cette sève couler en nous. Pascal dans une de ses Pensées disait avoir découvert que tout notre malheur vient d’une seule chose : ne pas savoir demeurer en Dieu.
Demeurer dans cet amour ne peut réaliser que dans une sortie douloureuse de nous-même. Que dans une désappropriation de nous-mêmes. Pour demeurer en Dieu, il faut cesser de se gargariser de nous-mêmes, nous déposséder. Pour réussir cela, nous avons qu’a admirer, contempler l’amour désintéressé du Père qui se vide de lui-même pour tout remettre à son Fils et ce dernier qui ne s’appartient plus parce qu’il ne cherche que de faire la volonté de son Père. C’est cet amour qui est à l’origine du monde et qui aujourd’hui encore continue de nous saisir.
Saintes femmes, vous voulez savoir si vous demeurez en Dieu ? S. Augustin répond : « tu demeures en Dieu quand tu vois la charité briller dans ta vie ». C’est en sachant vivre ensemble tous en frères, c’est en sachant dans cette vie communautaire n’avoir qu’un seul cœur et qu’une seule âme, que vous vous confirmerez mutuellement que vous demeurez chez Dieu. Plus grande sera notre joie de vivre ensemble, de bien vivre ensemble, plus nous éprouverons la joie d’être chez Dieu. Etre entre vous une communauté « trinitaire » dont chacune ne se possède plus, dont chacune se vide d’elle-même pour tout offrir à l’autre, c’est demeurer fidèles aux commandements dont parlait Jean. Cette fidélité là est la porte qui nous rend semblable au Fils, la clé de cette porte, c’est l’Esprit qui ouvre sur la maison du Père. « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que cette joie soit à son comble. » AMEN