2008-A-Jn 14, 27-31a - Mardi 5e semaine Pâques - Ne soyez pas bouleversé
Année A : Mardi 5e semaine PÂQUES (Litap05m.08)
Jn 14, 27-31a Ne soyez pas bouleversé
« À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père Jésus », il nous a laissé cette parole rassurante : « Ne soyez donc pas bouleversés : je pars, je reviendrais ».Si nous avons bien écouté cet Évangile, nous sommes en présence d’un faux départ. Jésus se fait muet mais ne se fait pas sourd. Il est plus silencieux mais il n’est pas absent. Il se fait moins visible mais Il demeure aussi présent qu’hier. « Je vous dis ces choses pour lorsqu’elles arriveront, vous croirez »
Le bouleversement naît quand un regard extérieur est porté sur Jésus. Les disciplesétaient avec Jésus, ils vivaient avec Lui. Ils ne se sont pas rendus compte qu’ils vivaient tout ce temps là en compagnie du Fils de Dieu lui-même. Quel dommage, sommes-nous tentés de penser d’avoir vécu tant d’années s’en se rendre compte d’une si grande merveille!
Ce qui se passait hier – des disciples non conscients d’être en présence de Dieu lui-même – c’est aussi notre manière de vivre. Nous aussi vivons beaucoup d’heures en sa présence, nous aussi côtoyons tous les jours Jésus d’une présence encore plus merveilleuse lorsqu’il se laisse contempler dans l’eucharistie, mais nous aussi, nous voyons ce Jésus comme quelqu’un d’extérieur à nous. Oui, il est bien là dans l’eucharistie, comme hier il était présent à ses disciples. Oui, nous volons bien croire qu’Il marche avec nous sur nos routes, comme hier il expliquait « qu’il faut que le monde sache que j’aime le Père et que je fais tout ce que mon Père m’a commandé ». Mais Jésus demeure extérieur à nous,
Sainte femme, questions : sommes-nous conscients que ce Jésus que nous contemplons est le Fils du Père, qu’il est le Chemin vers le Père? Sommes-nous conscients que nous avons la grâce à travers la foi de toucher Dieu lui même de nos mains et de se nourrir avec son corps ? Sommes-nous conscients que Jésus nous est réellement Présent et qu’Il nous redit aujourd’hui à nous aussi, « celui qui m’a vu a vu le Père » « croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père et le Père est en moi. »
Le trouble du cœur naît de la tentation de vivre avec un Jésus extérieur à nous. L’antidote à la peur d’entendre Jésus nous annoncer son absence, et dans ces heures de grandes perturbations où nous nous demandons où est Jésus, c’est notre foi qui nous fait résolument reconnaître que Jésus peut bien nous quitter physiquement mais qu’il demeure toujours présent, « plus présent à nous-même que nous-même ». L’antidote à nos inquiétudes qui sont bien réelles – perte d’autonomie, vieillissement, perte d’énergie- se trouve dans notre demeurance en Dieu et Dieu en nous.
C’est ce mystère de la double demeure - demeure en Dieu, demeure en nous - qui a fasciné Elisabeth sur son chemin si court, elle qui disait à Dieu Trinité : « Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos … Ensevelissez-vous en moi, pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs ».
À votre contemplation « si vous m’aimez mon Père et moi viendront demeurer chez vous ». Quelle joie d’être à la fois hôte et demeure de Dieu ! Quelle merveille que de nous savoir habitation de Dieu! « Celui qui mange mon pain demeure en moi et moi en lui » (Jn6,56) Hier dans la lecture Paul était tellement habité par Dieu qu’il a dit à un infirme : « Lève-toi, tiens-toi sur tes pieds » Cette force là est en nous quand nous devenons son corps et son sang parce que l’eucharistie « oblige » le mot de Ruysbroeck, Dieu à habiter en nous. Que pouvons-nous désirer de plus ? « Nous ne recevons pas une partie de Jésus mais Lui-même, non pas un rayon de lumière mais le Soleil au point de ne former qu’un seul corps avec Lui ».(S. Cabasilas 1320, théologien grec et laïc). Devenons son âme, son corps, son sang. Oui « notre être mortel est absorbé par la vie (2cor5,4) ».