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2010-C-Jn 10, 31-42 -Vendredi 5e semaine Carême - Dieu a goûté la mort

Année C : Vendredi 5e semaine Carême (litcc04v.10)
Jn 10, 31-42  Un Dieu qui a goûté la mort 

Tout au long de cette semaine, Jésus nous a montré sa foi (Jc 2, 18). À quoi aurait pu servir à Jésus de révéler son identité de Fils du Père s’il n’accomplit pas les œuvres du Père? En réponse à leur demande de dire une fois pour toute qui il est, Jésus leur a montré son enracinement dans le Père. À ses détracteurs, Jésus n’a pas craint d’affirmer son identité divine. Réponse : tu mérites la mort. Tu n’es qu’un homme et tu prétends être Dieu (Jn 10, 33). 

Pour montrer qu’il dit la vérité (je suis), Jésus ajoute que ses œuvres lui rendent témoignage.Si vous ne voulez pas croire en moi, croyez les œuvres. Jésus choquait par ces paroles : le Père est en moi, et moi dans le Père. Il provoque aussi la colère en montrant ses œuvres, en guérissant le lépreux, donnant la vue à l’aveugle-né, en purifiant le lépreux.  Les œuvres, les actions de Jésus étaient aussi puissantes, parlantes que sa parole.

Cette semaine, devant nos yeux, voilà un Dieu qui souffre pour nous avoir dit son enracinement dans le Père, pour nous l’avoir montré dans son agir, dans ses œuvres. Un Dieu qui souffre d’un amour d’identification. Voilà, dit Paul, la folie des folies : Où est le sage capable de comprendre cela? Un Dieu qui souffre, c’est le thermomètre qui mesure le mieux son amour pour nous (St Faustine). Jean de la Croix disait la même chose : j’ai regardé la Croix et j’y ai vu le chant d’amour de Dieu. Si les gens savaient cela, ajoutait le philosophe Maritain, bien des âmes seraient libérées.

Cette page de Jean nous présente un Dieu à visage découvert, à l’amour découvert. À ceux qui lui demandaient : qui es-tu donc? Jésus répondit : je n’ai pas cessé de vous le dire (Jn 8 25). Et Jean ajoute, ce soir : j’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes de la part du Père (Jn 10, 32).Ce que nous contemplons, c’est un Dieu qui a besoin d’aide, a besoin d’être protégé. S’il n’a rien de plus fort que l’amour, il n’y a rien de plus fragile aussi.

Le récit de la Passion, que nous entendrons dimanche et qui se profile en filagramme dans les textes de ce soir, est l’itinéraire d’un Dieu qui nous tend la main, celui du père prodigue, d’un Dieu sans parole qui s’est abaissé pour écrire sur le sol, d’un Dieu qui ne fait pas ce qu’il veut parce que désarmé devant tant d’incompréhensions humaines, d’un Dieu qui a goûté la mort(He 2, 9). Il faut écouter ces mots, même si nous ne pouvons pas concevoir un seul instant que quelqu’un puisse goûter la mort  pour que nous menions une vie nouvelle, pour que nous ressuscitions d’entre les morts, pour que nous rebondissions  vivants du fond de nos tombeaux.Ne nous habituons pas à ces mots : mis à mort parce que, selon la belle expression de Catherine de Sienne, il ne m’a pas aimé pour rire.

Ce chemin d’un Dieu fragile, qui a goûté la mort, nous le vivons aujourd’hui dans nos personnes. Ce chemin débute quand nous souhaiterions une Église aux premières loges, applaudie, appréciée. Ce chemin prend racine en nous quand nous entendons décrier les faiblesses d’hommes d’Église, pédophiles. Ça nous fait mal. Ça nous fait goûter la mort.

Ce qui nous est demandé de comprendre cette semaine, ce que nous ne finirons jamais de comprendre, c’est que nous sommes aux antipodes de ce que notre société nous propose : puissance, honneur et gloire. Depuis deux mille ans, des empires, des puissances économiques se sont effondrés, mais demeure l’invincible fragilité qui est en régime chrétien, un privilège, une grâce de Dieu. Nous ne prêchons pas un homme devenu Dieu. Nous proclamons un Dieu fait chair, qui s’est abaissé, vidé de lui-même, de son «je pense», comme voie royale pour nous métamorphoser en lui.

Je termine par cette vision de saint Léon le Grand : ne te laisse pas déconcerter par la faiblesse que j’ai prise [pour toi]. Si moi, j’ai tremblé, c’est en raison de ce que j’ai pris de toi, mais toi, sois sans crainte en raison de ce que tu tiens de moi. Admirable échange. Jésus n’est pas venu nous maudire en raison de notre refus de le reconnaître mais nous sauver en raison de son grand respect pour nous. AMEN. 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 1 avril, 2010

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