2008-A : Vendredi 2e semaine Pâques -Jn 6, 1,15 Vivre en forme d'eucharistie.
Année A : Vendredi 2ième semaine PASCAL (litap02v.08)
Jn 6, 1,15 Vivre en forme d'eucharistie.
Avons-nous remarqué la finale de cet Évangile ? Jésus semble appréhender une réaction tellement vive de la foule qu’il préfère se retirer – le mot sonne comme s’enfuir – dans la montagne comme si une catastrophe était appréhendée. Dès le début de son chapitre 6, l’évangéliste Jean annonce que ce geste de compassion de Jésus dans le désert allait tourner contre lui. Jésus ne se contente pas de nourrir une foule. Il se donne en nourriture. « Il a donné sa vie pour ta vie » dit S. Bernard. Il s’est fait nourriture. « Quel admirable et ineffable amour il a fallu pour inventer cette merveille »(Tauler).
Durant ce grand dimanche, durant ces prochains jours où nous lirons tout le chapitre 6 de s. Jean, entendons autrement la question que Jésus posait à ses disciples : pour vous, mon eucharistie, qu’est-ce qu’elle est ? Qu’est-ce qu’en dit notre intelligence ? Notre cœur ? La vie de Jésus est eucharistie et l’eucharistie est indissociable de son mystère pascal. L’un et l’autre sont « dons de Dieu par excellence »
Dieu a crée le monde d’une manière admirable. Il l’a recrée d’une manière plus admirable encore disait l’oraison de vigile pascale. Ce « plus admirable encore » se concrétise dans l’eucharistie, ce don de Dieu. Le Dieu créateur se communique dans le Dieu-eucharistie. Le Dieu-ressuscité, aujourd’hui comme hier, se laisse voir dans la fraction du pain.
Chaque jour, chaque matin, nous pouvons partager la nouveauté radicale de Pâques en «faisant mémoire » de ce geste de Jésus nous offrant son pain. Pâques, mystère de lumière. Eucharistie, mystère lumineux. L’eucharistie n’est pas un moyen que Dieu a inventé pour que le Ressuscité nous rejoigne, nous habite, nous nourrisse. C’est l’expression même de ce que Jésus ressuscité est en sa personne. C’est l’expression parfaite, concrète de sa Présence réelle. « Je m’en vais mais je reviendrai ». Devant ce pain, nous sommes devant le Christ ressuscité.
Questions : en sommes-nous conscient jusqu’à nous laisser transformer en ressuscité ? Sommes-nous conscient que nous vivons ce matin, une apparition pascale de Jésus ? Il ne s’agit pas de « voir un esprit », il ne s’agit pas de la magie - « avant y était pas dans le pain puis après la consécration il y est ». « Le Christ n’est pas dans le pain comme une montre dans un écrin » (Maurice Zundel).Il s’agit d’une présence réelle réciproque. Réelle non pas parce que le Christ n’était pas là avant. Réelle parce que cet admirable sacrement nous transforme en Lui et que le recevoir nous « ordonne à communier avec le monde» (Zundel). Réelle parce qu’en mangeant ce pain, nous sommes divinisés. Nous sommes appelés à être ce soleil radieux qui illumine le monde. Jean disait hier que « celui qui est de la terre est terrestre ». En mangeant ce pain, nous devenons d’en haut. Nous renaissons d’en-haut. « Mange-moi » dit le Christ à Saint Augustin « et tu ne me changeras pas en toi, mais c’est toi qui seras totalement changé en moi ». «Jésus nous avale pour que nos « moi » deviennent le Sien » (Tauler). C’est le seul chemin pour dire Pâques.
À votre contemplation : ces mots de François dans son Testament : « je ne vois rien du Fils de Dieu avec mes yeux de chair si ce n’est son Corps très saint et son sang ». Notre eucharistie nous plonge dans ce mystère d’un ordre nouveau, d’un nouveau mode de présence. « Touche-moi des mains de la foi, du doigt du désir, de l’étreinte de l’amour » (S. Bernard). Que ce pain nous transforme en « alléluia » des pieds à la tête et, comme l’exprime Augustin, en « alléluia » «par notre conduite et nos paroles, par nos sentiments et nos discours, par notre langage et notre vie ». AMEN.