2005- A : Vendredi 2e semaine Carême -Mtt 21, 33-43,45-46 les vignerons homicides ou la peur de se mouiller à la grâce

Année A : Vendredi de la 2 ième semaine du Carême (Litac02v.05)

Mtt 21, 33-43,45-46 les vignerons homicides ou la peur de se mouiller à la grâce

Nous pouvons longuement contempler cette page. Nous pouvons en faire un chemin d'union à Dieu. D'union totale, transformante dirait Jean de la Croix. Cette page est un appel à dépasser nos blessures profondes qu'aucune parole ne semble apaiser. Blessures qui conduisent à des glissements meurtriers à la manière des frères de Joseph, des vignerons. Apaiser des blessures, les confesser pour éviter des comportements horribles, inexplicables, c'est l'ascèse de notre carême. Apaiser des blessures jusqu'à changer le mal en bien, jusqu'à devenir "pierre rejetée transformée en pierre angulaire" . Voilà le sommet du carême. Le somment de notre union à Dieu.

Ces blessures que nous portons ne se guérissent que dans un dépassement perpétuel. Il nous faut faire l'ascèse, sacrifier nos blessures. Les nier est plus douloureux, dommageable que de les confesser, que de les laisser aller! Parce que les fils de Jacob n'ont pas su apaiser leur douleur face à Joseph, fils aimé de leur père, ils conspirèrent contre lui des "glissements meurtriers ". Parce que les vignerons vivaient de convoitise, de révoltes, ils ont liquidé froidement l'Héritier. Nous sommes des ébauches toujours inachevés d'être en forme de Dieu. En nous, il y a une disproportion déconcertante entre ce que nous sommes, ce que nous voulons –(nous sommes tous pour la vertu) ce que nous faisons. Il y a en nous une tension perpétuelle vers un autre "dieu", un autre héritage que le Dieu de nos origines. Nous éprouvons " la peur de nous mouiller à la grâce de Dieu" (Péguy)

Contemplatives, nous sommes faits pour nous dépasser. Nous sommes faits pour nous "accomplir". Nous sommes faits pour " confesser" nos blessures. Mission périlleuse. Notre grandeur, notre "patrie", notre "destinée" se laisse apercevoir dans notre désir d'être accomplissement en guérissant tous ces glissements meurtriers en nous. Nos vies, notre avenir repose sur une vigne plantureuse aux fruits juteux. Coule en nos veines, depuis les origines, un sang divin. Mais nous accomplir est un "humanisme difficile". Il nous faut activer constamment le devoir d'être Dieu (Maurice Blondel). Il est plus facile de tendre vers le bas que vers le haut. Plus facile ce "glissement meurtrier" que de "ne pas toucher à sa vie, que de ne pas répandre son sang " (1 ière lecture) que "d'être "le gardien de mon frère ? " " quel profit aurions-nous à tuer notre frère ? .Question toujours d'actualité.

En nous, le désir d'être non-accomplissement, de mener une vie stérile, de ne livrer aucun fruit semble tellement spontanée qu'il nous conduit à des comportements d'une bassesse insupportable. Sachons que ce meurtre du Fils envoyé à sa vigne, ne pourra " jamais déchoir ce Fils de son élévation". (Grégoire de Nysse) Sachons que les comportements horribles des fils de Jacob n'ont jamais alimenté la haine dans le cœur de Joseph. Dieu a utilisé ces attitudes perverses comme chemin pour éviter la famine à tout un peuple. "Dieu a changé ce mal en bien, afin de faire advenir ce qui se réalise aujourd'hui, qu'un peuple nombreux soit nourri" . Sachons que les comportements de non-accomplissement autour de nous, entre nous, devraient ne jamais engendrer la haine, la vengeance dans nos cœurs. Ils ne réussiront pas à nous déchoir de la beauté de nos origines. Notre société se spécialise à liquider ce qui est beau, bon et non le contraire. Sachons que " le terrain où nous décidons de planter, de cultiver la vigne de Dieu est très ingrat, plein de mauvaise herbe… .mais "sa majesté les arrache" ajoute Thérèse d'Avila. Nous devons tâcher de prendre soin du terrain pour qu'il donne un jour des fleurs dont se réjouira notre Seigneur (Vie 11,6)

A votre contemplation : Le Maître a tout fait pour que nous devenions accomplissement. Sa vigilance est inébranlable. Elle ne nous a pas fait défaut. "Il planta une vigne, l'entoura d'une haie" . Il en pris soin jusqu'à nous envoyer son Fils. Ce mouvement de Dieu n'est pas inachevé. C'est le mouvement de l'histoire de Joseph, de celui de la parabole des vignerons. Mouvement de cette eucharistie aussi. En retour d'une trahison, du pain en abondance. " Souviens-toi des merveilles de Dieu " (Accl) " Puisse Dieu maintenant nous accorder de tendre vers lui de manière à le posséder " . AMEN

Accueil : j'ai le pouvoir de me dessaisir de ma vie comme de la reprendre en main. Ces mots de Jésus sont aussi vrai pour nous. A l'instar des frères de Joseph et des vignerons, nous avons le pouvoir de tout détruire comme de tout construire . L'ascèse des ascèses c'est de nous souvenir de nos blessures pour en guérir plutôt que d'en crier leur profondeur par des comportements meurtriers.

 

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Vendredi, 1 avril, 2005

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