2008- A-Mtt 13, 44-52 Dimanche 17e semaine ordinaire - trésor d'évangile
Année A : Dimanche 17e semaine ordinaire (Litao17d.08)
Matthieu 13, 44-52 TRESOR D’ÉVANGILE
« Si tu as trouvé quelque part, le trésor d’Évangile, ne passe pas ton chemin, retiens-le. S’y attachera ton cœur (Lc12, 34). Si tu as trouvé quelque part, une perle précieuse, ne passe pas ton chemin, saisis-le. Tu seras ravi de joie » (Mtt13, 45). Ces mots extraits du CD « au secret du jardin » (Raymonde Pelletier et Yolaine Pépin) sont un appel à fixer nos yeux sur cet essentiel invisible, à veiller sur ce trésor d’Évangile afin d’être riche intérieurement. « Là où est ton trésor là aussi est ton cœur ».
Habituellement, quand nous voulons quelque chose de précieux, la question surgit : c’est combien ? Quand nous voulons ce trésor dont parle l’Évangile, il n’est plus question de demander, c’est combien, mais combien profond faut-il creuser pour le découvrir. Que nous faut-il délester, que nous faut-il quitter pour posséder ce trésor qui requiert de « passer par le trou d’une aiguille »? Pour posséder toujours plus, nous dépensons. Pour nous enrichir de ce trésor, il faut non plus dépenser, non plus acheter mais nous détacher de toutes ces futilités qui nous séduisent tant, nous sécurise aussi. Nous défaire de tout, nous déposséder de tout. L’évangile disait tantôt « tout vendre ce que nous possédons ».
Saint Augustin exprimait jadis – et quelle sagesse il y a là-dedans- « s’il savait comment il est pauvre, celui qui est riche ».Ce trésor se trouve non dans la possession, mais la dépossession, non dans l’avoir plus, mais du coté du manque, dans l’avoir moins. Un moins pour être plus. Un manque pour une plénitude. Au V1e siècle, Grégoire le Grand affirmait avec beaucoup de sagesse que « nous attacher au transitoire, c’est nous détacher du permanent » nous accrocher à des biens transitoires, c’est vivre sur des fondations bâties sur du sable mouvant.
Ce trésor d’Évangile, l’immense majorité des chrétiens n’ont pas encore compris qu’il n’est pas quelque chose à acquérir. C’est une personne, Jésus. La révolution extraordinaire, copernicienne, la nouveauté inouïe qu’a apportée Jésus, fut de nous faire découvrir, de nous faire comprendre qu’Il n’est pas venu nous imposer des choses à faire, des lois à respecter, une pratique dominicale à pratiquer. Jésus – ce trésor d’Évangile - est venu nous ouvrir à une sagesse de vivre, celle du désencombrement de nos « moi » dont la devise est «tout pour moi et moi au-dessus de tout ».
Le trésor d’Évangile, c’est une manière de vivre, c’est une sagesse, celle qu’a demandé le roi Salomon : « donne à ton serviteur un cœur attentif (capable) de discerner le bien et le mal ». Et la réponse de Dieu : « puisque tu n’as demandé ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais l’art d‘être attentif… je te donne un cœur sage tel que personne n’en a eu avant toi et n’en aura après toi ». Voilà le trésor d’Évangile. Une sagesse de vivre. Ce trésor est inestimable. Ce trésor est béatitude parce qu’il n’est pas quelque chose à posséder mais quelqu’un à devenir. Sur la route de son martyr, Saint Ignace d’Antioche, enchaîné, écrivait « Ne vous contentez pas d’être chrétien, devenez-le ». Cet appel est une urgence à entendre aujourd’hui. Ne nous contentons pas d’être attiré par ce trésor d’Évangile, devenons Trésor d’Évangile. Il nous est impossible de désirer ce trésor Jésus si nous désirons tout posséder.
La romancière Marie-Claire Blais qui n=a pas la réputation d=être une recluse disait : « d=un coté nous avons tout - téléphone portable, ordinateur le plus performant, internet - de l=autre nous sommes privés de l=essentiel. Tôt ou tard on va se rendre compte que ces gadgets n=étanchent pas nos soifs de profondeurs » (Couelle Roy, Ales rebelles@ in Madame au Foyer, janv-fev.97 pp.13-24).
Le vrai trésor est au-dedans de nous. Si nous sommes saisis, « affectés » par ce trésor d’évangile qu’est cette présence réelle du Christ en dedans de nous, nous serons riches, délivrés, dégonflés de tout ce que l’idéologie du rêve peut nous vendre et qui nous attire tellement. Il n’y a qu’une assurance de bonheur total, c’est de creuser jusqu’au fond de nous-mêmes, d’aller jusqu’au bout de nous-mêmes, car au bout de nous-mêmes, au fond de nous-mêmes, il y a tout. « Si tu as trouvé quelque part, le trésor d’Évangile, ne passe pas ton chemin, retiens-le. S’y attachera ton cœur (Lc12, 34). Si tu as trouvé quelque part, une perle précieuse, ne passe pas ton chemin, saisis-le. Tu seras ravi de joie » (Mtt13, 45).