2012- B: Kateri Tekakwitha- Mtt 12, 46-50 : le lys des Mohawks
Année B: Mardi 2e semaine de Pâques (litbp02m.12)
Matthieu 12, 46-50 : le lys des Mohawks
Devant cette vie d'une jeune fille de chez nous (Canada), il faut «sortir» la merveille de nos yeux. Surnommée le lys des Mohawks parce qu'elle était douce comme une fleur, Kateri Tekakwitha,née sur la terre des premiers martyrs nord-américains qui deviendra l'État de New York, a été, dès son adhésion à la foi chrétienne à l'âge de 18 ans et jusqu'à sa mort à 24 ans en 1680, victime de ce que nous appelons aujourd'hui l'intimidation. Sa foi lui valut de multiples persécutions. Les gens se moquaient d'elle en raison de son handicap visuel suite à une épidémie de petite vérole qui lui enlève son père, sa mère et son frère et parce qu'elle était chrétienne. On l'appelait, comme pour rire d'elle, la chrétienne, et on la privait de nourriture parce qu'elle refusait de travailler le dimanche.
Aujourd'hui, comme au temps de Jésus, comme en tout temps, des «étrangers» à la culture chrétienne, fascinés par la personne de Jésus, sa Bonne Nouvelle, veulent l'épouser, y donner leur vie, le faire connaître. Cette jeune fille Mohawk, poussée par un impératif intérieur demeuré indéracinable malgré la persécution qu'elle a subie par les siens, depuis le jour de son baptême dans la nuit de Pâques 1676, a comprise pour prendre les mots de Guerric dans une homélie sur l'annonciation, que celui qui t'a créé est maintenant créé par toi et comme si c’était trop peu que tu l’aies pour Père, il veut encore que tu lui sois une mère.
Sa foi et sa relation d'intimité avec Jésus ont fait d'elle une mère de Dieu. Elle fut pour son peuple un petit verbe, comme une pensée de Dieu, pour citer Thomas Merton. Sa vie toute imprégnée de Dieu, de sa présence, nous rappelle que Jésus n'est pas «objet» de connaissance mais Quelqu'un qui s'est fait l'un de nous, qui s'est courbé très bas (François d'Assise)pour nous habiller de la plénitude de la vie. Elle a fait du livre de vie qu'est Jésus son livre qu'elle lisait à travers son humble quotidien. Tellement épouse de Jésus, notre évangile disait mère, tellement toute donnée à Jésus, foudroyée par la Bonne Nouvelle qu'elle a repoussé toutes les demandes en mariage, ce qui n'était pas habituel chez son peuple.
Comme l'histoire le rapporte, un jour, un homme furieux d’avoir ainsi été repoussé, entre dans sa cabane et la menace violemment avec son tomahawk. Devant son attaquant, elle s'est courbée très bas, se met calmement à genoux, prête à mourir pour son Dieu. Décontenancé et déconcerté devant une telle force d’âme, le jeune homme se retire sans lui faire de mal.
Saintetés, à l'aurore d'une année de la foi, au cœur de ce grand dimanche où nous contemplons l'humilité de Dieu qui, pour nous éviter de nous effaroucher et respecter notre liberté, s'est élevé sans bruit, sans témoins du tombeau, une femme d'ici nous ouvre les yeux sur la beauté d'une vie donnée à Jésus. La beauté d'une vie de foi qui «ressuscite» même au milieu des pires souffrances. Oui, heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent.
Sa vie fut maison de prière, maison de paix, offrande de sa personne pour les siens. Tout en ne rejetant pas la culture de son peuple, elle prit pour modèle non le monde de son temps mais a contribué, par sa manière de vivre les outrages et tous les écueils dus à sa santé fragile, à aider son peuple à renouveler sa façon penser pour mieux savoir reconnaître la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire (Rm 12, 1-2).
À votre contemplation : quelle bénédiction nous devenons pour notre entourage, quel chemin d'évangélisation nous lui offrons quand nous choisissons sans bruit, ni fanfare, de laisser, comme cette jeune amérindienne d'ici, transparaître la beauté d'une vie spirituelle transfigurée par l'Esprit saint (Livre de vie # 60 des moines dans la ville). Que cette eucharistie nous détourne de toute chose périssable pour progresser sur terre et connaître la joie de te contempler sans fin (Oraison finale). AMEN.